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Dans le village de Ngaye Mékhé, dans le nord du Sénégal, les cordonniers se transmettent depuis des générations l'art de confectionner des Dallu Ngaay, ces chaussures typiques en cuir et caractérisées par leur bout pointu. L'histoire du lieu est imbriquée dans celle de ce savoir-faire artisanal.
Il n'aura cependant fallu que quelques mois pour que le design de ces souliers traditionnels soit copié et massivement produits en Chine. Plus inquiétant pour les villageois, les contrefaçons utilisent du plastique au lieu du cuir et s'échangent à un cinquième du prix de vente des paires confectionnées à Ngaye Mékhé.
Le gouvernement sénégalais n'a pas légiféré sur l'import des reproductions chinoises, les habitants de la localité ont organisé leur défense : ils refusent de vendre leurs créations aux clients chinois. "Ce n'est pas que j'ai peur d'eux, se défend un commerçant de Ngaye Mékhé. Je ne leur vends rien, c'est tout."
Les frères Mactar et Moussa Gueye, dont le grand-père chaussait les monarques du royaume du Cayor se souviennent de leur première rencontre avec un représentant chinois, lors d'une foire à Dakar en 1998. Ce dernier s'est présenté à plusieurs reprises devant leur stand sans jamais rien acheter. Quelque temps plus tard, un groupe s'est présenté au village, reproduisant le même scénario. "A la fin de l'année, le marché était inondé de copies de mes chaussures ", raconte Mactar Gueye. "Ce qui me dérange dans cette affaire, c'est uniquement que ces personnes n'achètent rien chez nous qui ne soit pas 'sous le sol', ils ne viennent que pour vendre leurs produits."
Un Gout amer
Un cas parmi tant d'autres du phénomène de la Chine-Afrique. Le pays s'est imposé ces dernières années comme le partenaire économique principal du continent, des relations qui se traduisent par la création d'infrastructures financées par l'empire du Milieu en contrepartie d'un accès aux richesses naturelles réparties sur le territoire. Cette entente laisse parfois un goût amer aux artisans locaux dont le nombre ne cesse de diminuer.
Les cordonniers sénégalais n'ont pas été les seules victimes de la contrefaçon, les tisserands ghanéens mais aussi les teinturiers traditionnels d'Afrique de l'Ouest en font partie. Avec des ressources industrielles plus développées, la Chine peut produire rapidement et à bas coût une quantité importante de produits là où il faut, par exemple, une journée à un cordonnier sénégalais pour confectionner à la main une seule de ses créations.
Selon Peter Pham, directeur du centre Afrique au sein de l'organisme Atlantic Council, près de 250 000 emplois dans l'industrie textile ont été supprimés dans le nord du Nigeria. Une tendance qui a de fortes chances de s'accentuer. Car même si les créations traditionnelles de Ngaye Mékhé sont associées dans l'imaginaire des Sénégalais à la qualité, de plus en plus de cordonniers ont du mal à transmettre leur savoir-faire aux plus jeunes, qui ne perçoivent plus l'artisanat comme une activité d'avenir.
source:lemonde.fr
Il n'aura cependant fallu que quelques mois pour que le design de ces souliers traditionnels soit copié et massivement produits en Chine. Plus inquiétant pour les villageois, les contrefaçons utilisent du plastique au lieu du cuir et s'échangent à un cinquième du prix de vente des paires confectionnées à Ngaye Mékhé.
Le gouvernement sénégalais n'a pas légiféré sur l'import des reproductions chinoises, les habitants de la localité ont organisé leur défense : ils refusent de vendre leurs créations aux clients chinois. "Ce n'est pas que j'ai peur d'eux, se défend un commerçant de Ngaye Mékhé. Je ne leur vends rien, c'est tout."
Les frères Mactar et Moussa Gueye, dont le grand-père chaussait les monarques du royaume du Cayor se souviennent de leur première rencontre avec un représentant chinois, lors d'une foire à Dakar en 1998. Ce dernier s'est présenté à plusieurs reprises devant leur stand sans jamais rien acheter. Quelque temps plus tard, un groupe s'est présenté au village, reproduisant le même scénario. "A la fin de l'année, le marché était inondé de copies de mes chaussures ", raconte Mactar Gueye. "Ce qui me dérange dans cette affaire, c'est uniquement que ces personnes n'achètent rien chez nous qui ne soit pas 'sous le sol', ils ne viennent que pour vendre leurs produits."
Un Gout amer
Un cas parmi tant d'autres du phénomène de la Chine-Afrique. Le pays s'est imposé ces dernières années comme le partenaire économique principal du continent, des relations qui se traduisent par la création d'infrastructures financées par l'empire du Milieu en contrepartie d'un accès aux richesses naturelles réparties sur le territoire. Cette entente laisse parfois un goût amer aux artisans locaux dont le nombre ne cesse de diminuer.
Les cordonniers sénégalais n'ont pas été les seules victimes de la contrefaçon, les tisserands ghanéens mais aussi les teinturiers traditionnels d'Afrique de l'Ouest en font partie. Avec des ressources industrielles plus développées, la Chine peut produire rapidement et à bas coût une quantité importante de produits là où il faut, par exemple, une journée à un cordonnier sénégalais pour confectionner à la main une seule de ses créations.
Selon Peter Pham, directeur du centre Afrique au sein de l'organisme Atlantic Council, près de 250 000 emplois dans l'industrie textile ont été supprimés dans le nord du Nigeria. Une tendance qui a de fortes chances de s'accentuer. Car même si les créations traditionnelles de Ngaye Mékhé sont associées dans l'imaginaire des Sénégalais à la qualité, de plus en plus de cordonniers ont du mal à transmettre leur savoir-faire aux plus jeunes, qui ne perçoivent plus l'artisanat comme une activité d'avenir.
source:lemonde.fr