NIGERIA : le président Buhari invité à prendre un congé médical «immédiatement»
Au Nigeria, les autorités cherchent à rassurer sur l'état de santé du président qui n’a pas pu présider les deux derniers conseils des ministres. Un porte-parole assure qu'il n'y a «pas de raison de s'inquiéter» pour Muhammadu Buhari, âgé de 74 ans. Mais treize personnalités nigérianes, principalement des juristes et des défenseurs des droits de l’homme, ont rendu publique une lettre dans laquelle elles demandent au chef de l’Etat de prendre un congé médical «immédiatement».
Dans une lettre ouverte signée par treize figures importantes du Nigeria, dont Femi Falana, avocat pour les droits de l'homme et Jibrin Ibrahim, politologue respecté, ils se disent « contraints à lui conseiller de suivre les indications de ses médecins, et de reposer sans plus attendre ».
« On ne prend pas l’état de santé du président assez au sérieux, estime Maître Femi Falana, ancien président du barreau de l’Afrique de l’Ouest et signataire de la lettre. Le président lui-même, à son retour du Royaume-Uni où il s’est fait soigner, a expliqué à la nation qu’il n’avait jamais été aussi malade de toute sa vie. Donc, contrairement à ce que prétendent certains responsables aujourd'hui, le président est malade, très malade même. Ce qui nous inquiète, c’est qu’on ne l’a pas vu en public depuis deux semaines. Il n’a même pas pu assister au conseil des ministres qu’il doit présider chaque semaine en principe. On ne nous dit pas non plus s’il est soigné dans un hôpital, ici au Nigeria. Nous craignons qu’on ne prenne pas l’état de santé du président assez au sérieux. »
Ses absences répétées au sommet de l'Etat « ont nourri les spéculations et les rumeurs » sur son état de santé, ajoute la lettre signée du 1er mai reçue mardi à l'AFP.
« Il y a beaucoup d’incertitudes et de rumeurs. Le fardeau de ses fonctions est tel que le président devrait pouvoir prendre un congé maladie. Il l’a déjà fait. A deux reprises même, et il devrait le faire à nouveau pour se rétablir complètement, soutient Me Falana. Car, soit il va bien et il s’acquitte de ses tâches au sommet de l’Etat en se rendant au bureau. Soit il va mal et il reste à la maison sur les conseils de son médecin. Si quelqu’un est malade, il ne peut pas travailler de la maison. J’espère que le président prendra ces conseils au sérieux parce que le temps joue contre lui. »
Le chef de l'Etat est rentré début mars d'un séjour de huit semaines à Londres, où il a suivi des traitements pour une maladie non précisée. Son vice-président Yemi Osinbajo a assuré l'intérim pendant son absence, conformément à la Constitution.