Politique

Montant de la caution pour la présidentielle : Wade fait monter les enchères


Lundi 29 Aout 2011

Les querelles entre la mouvance présidentielle et l’opposition se sont encore manifestées, ce samedi, lors des débats sur le montant de la caution à l’élection présidentielle.Si le camp du pouvoir souhaite une hausse, l’opposition, en revanche, exige le statu quo, voire une baisse de ce montant.


Autres articles
Les partis de la mouvance présidentielle souhaitent la hausse du montant de la caution en direction de la prochaine présidentielle pour décourager les candidatures ‘fantaisistes’.Le ministre Omar Sarr veut que cette caution passe de 25 à 100 millions de francs.‘Nous avons proposé 100 millions. Nous avons écouté les uns et les autres, mais nous pensons qu’il faut aller vers une augmentation de cette caution. Je pense que le ministre doit écouter tout le monde et décider en conséquence’, affirme Omar Sarr. ‘Il y a 174 partis, et si l’on n’y prend garde, on risque d’avoir 174 candidats ou même 100 candidats. Donc, il n’y a que sur la caution que nous pouvons jouer pour limiter le nombre de candidatures’, justifie-t-il. Favorable à la hausse de la caution, Ahmadou Gaye, membre de la mouvance présidentielle, lui, suggère que ce montant soit fixé à 50 millions de francs. Du côté de l’opposition, c’est évidemment un autre son de cloche. Tous les intervenants se sont opposés à une éventuelle hausse de la caution. Si certains suggèrent le statu quo, d’autres demandent au ministre en charge des Elections une baisse du montant. ‘Lors de nos débats sur la question de la caution, le ministre Omar Sarr, représentant le président de la République et secrétaire général du Pds, a annoncé la position du chef de l’Etat sur la question en disant qu’il souhaiterait que la caution passe à 100 millions. C’est scandaleux et inacceptable. Parce que l’argent ne saurait être une condition de participation à une élection. Aujourd’hui, par respect pour la Constitution qui établit la légalité des Sénégalais devant la loi, il est important que l’argent ne constitue pas un facteur bloquant pour des candidatures’, déclare Benoît Sambou.
‘Il faut que les gens sachent raison garder et que l’argent ne pollue pas le climat politique. Il ne faut pas livrer les candidats à des tentations délictuelles en les poussant à utiliser de l’argent provenant de la fraude ou blanchi’, poursuit-il, affirmant que l’Etat à travers son budget prend en compte entièrement l’organisation des élections. ‘Il faut éviter la sélection par l’argent. Si nous ne pouvons pas diminuer la caution, la décence nous impose le statu quo’, soutient Bouna Mohammed Seck de l’Afp. ‘Nous souhaitons garder le statu quo. Que l’on maintienne les 25 millions. Ils disent qu’ils veulent décourager des candidatures fantaisistes, je me demande ce qu’est une candidature fantaisiste ? Je pense qu’il y a d’autres moyens, s’il y a d’aventure à les décourager’, affirme Moustapha Mbaye du Ps. Et d’ajouter : ‘On ne peut pas suivre le Pds dans ses desideratas. Ce n’est pas sérieux. 100 millions, c’est livrer les candidats à des lobbies et à des trafiquants de drogue’.
A moins de six mois de l’élection présidentielle, qui se tiendra le 26 février 2012, plus de douze de candidats se sont déjà déclarés. Abdoulaye Wade, le président de la République, est le premier à avoir déclaré sa candidature. Une candidature aujourd’hui fortement contestée par l’opposition.
MINISTERE EN CHARGE DES ELECTIONS : Cheikh Guèye souhaite un consensus
Les partis ne sont pas tombés d’accord sur le montant de la caution pour l’élection présidentielle, alors le ministère chargé des Elections, en tant qu’arbitre, veut trouver un consensus avec tous les acteurs concernés. Ce, pour avoir une ‘position médiane’. A cet effet, Cheikh Guèye, le ministre chargé des Elections, annonce la création prochainement d’une commission chargée de réfléchir sur le montant de la caution. ‘Après avoir recueilli les avis des uns et des autres, le ministère va créer une commission pour réfléchir et essayer de trouver une position médiane’, promet-il.
D’autre part, Cheikh Guèye a profité de cette rencontre pour répondre à l’opposition qui s’inquiète du fait que l’administration territoriale, qui joue un rôle fondamental dans l’organisation des élections, ne soit pas sous le contrôle du ministère chargé des Elections. ‘C’est tout à fait normal que des gens s’inquiètent sur certains points, par exemple, les gouverneurs et préfets qui ne sont pas rattachés au ministère chargé des Elections. Ce n’est pas gênant que le ministère chargé des Elections n’ait pas avec lui les gouverneurs. Cela ne pose pas de problème. Si cela avait posé un problème, je serais le premier à dire non. Je connais l’administration parce que j’y suis depuis 43 ans’, se défend Cheikh Guèye. Et de poursuivre : ‘Parce que le gouverneur ne fait pas que des élections. Il est donc antinomique de mettre le gouverneur sous la coupole du ministère chargé des Elections ? Et après les élections qu’est-ce qu’ils vont faire ? Ils ont autre chose à faire. Dans le système administratif sénégalais, selon la loi de 72, chaque gouverneur est un répondant du ministre qui dans le cadre des ses activités donne ses instructions et l’oriente dans un sens’.
D’après cette loi, note Cheikh Guèye, le gouverneur, le préfet et le sous-préfet représente, dans sa circonscription, le président de la République, le Premier ministre et tous les membres du gouvernement. Selon lui, c’est ce qui explique que le ministère de la Santé donne des ordres aux gouverneurs dans le cadre de la santé ; que le ministère de l’Agriculture donne des ordres aux gouverneurs, envoie des circulaires à appliquer dans le cadre de l’agriculture. Et c’est toujours dans cette même logique que le ministère chargé des Elections donne des ordres et des instructions aux gouverneurs et préfets dans le cadre des élections, dit-il.
Charles Gaïky DIENE

La Rédaction