Sport

Mondial basket : Boniface Ndong, un grand monsieur !


Mercredi 3 Septembre 2014

Respecté, adulé, il ne fait pas un pas dans l’hôtel des Lions, Barcelo Sevilla Renacimiento, sans être interpellé aussi bien par les joueurs des autres équipes nationales formant le Groupe B et résidant dans le même hôtel que par les touristes. Toujours disponible, jamais un ton élevé, sinon la seule fois où les Lions sont invités à manger ce mardi par la communauté sénégalaise de Séville – un retard de quelques minutes -, Boniface Ndong, le nouveau manager de l’équipe nationale de basket impressionne par sa taille, son humilité, son sens aigu de la responsabilité et de l’organisation et sa simplicité.

« C’est lui qui fait tout. Il s’occupe des accréditations des joueurs, des officiels, il fait le secrétaire, il est au petit soin des joueurs. Est-ce que les gens de la fédération (Comité de normalisation du basket-ball, ndlr) savent que ce n’est pas son boulot, est-ce qu’ils savent qui est ce monsieur. C’est un grand monsieur », se révolte avant le premier match des Lions, samedi, contre les Grecs, un journaliste sénégalais connu des sphères de la FIBA-Afrique et qui demande tout de suite à ne pas être cité. « Je ne veux aucun problème. Mais cela me révolte de voir ça… Regardez, tout le monde le salue, s’arrête sur lui ».

Oui, effectivement, à Séville, on s’arrête quand Boniface Ndong passe. C’est un grand monsieur. « Ah bon ! Je n’ai pas fait attention », nous dit l’intéressé qui avoue « prendre très au sérieux son travail ». « Mon rôle est plus précis et cela l’a été davantage depuis le début de la préparation de la campagne, cela veut dire de Malaga, jusqu’à cette phase finale. J’ai proposé un plan au coach, lui demandant ce qu’il voulait comme préparation et lui proposant une offre en retour et ensemble nous avons dressé une feuille de route »; explique Boniface.

Voilà comment les Lions vont se retrouver à Malaga, dans quasiment les « mêmes conditions climatiques » que Séville pour préparer la Coupe du monde. « Ayant joué en Espagne, il est facile pour moi de renouer contact avec mes connaissance de proposer un cadre. Cela a été accepté par le coach, le Comité de normalisation et le ministère des Sports ».

C’était cela ou rien. « J’ai voulu avoir une démarche pro en posant mes conditions. J’ai dit à tout le monde que si c’est pour faire des choses nulles, alors ce n’est pas la peine que je vienne ».

Son plan et feuille de route validés, Boniface Ndong parle et fait dans le professionnalisme. Un kinésithérapeute pro de haut niveau rejoint le groupe, Rayco Garcia Perez que l’ancien international connaît bien pour avoir « travaillé avec lui à Ténérife quand il était en 1ère division de la Liga et à la Coupe du monde en 2006. Le 1er août 2014, ce kiné rejoint l’équipe et est de l’expédition de Malaga.

La « deuxième chose importante » que demande Boniface est la venue d’un préparateur physique Carlos Martinez. Arrivé de Madrid, il devait travailler « seulement » à Dakar, mais le « coach a souhaité qu’il continue de travailler avec l’équipe à Malaga, ce que la fédération a accepté. L’étape de Malaga finie, Martinez est retourné chez lui après avoir dit au revoir à tous à Guadalajara. Il reviendra voir les matches du Sénégal. Il me l’a promis ». Igfm constatera l’arrivée de Martinez, la veille du match contre la Grèce.

Une précision que tient à faire Boniface Ndong, à la suite de « rumeurs » selon lesquelles Martinez « aurait boudé et plié bagages » et que lui-même ne ferait plus partie de la délégation. « Je suis surpris d’entendre dire de telles choses. Je suis toujours ici et toujours le manager général, maintenant il est bon de dire les choses clairement. Cela permet de régler des problèmes et d’avancer à autre chose ».

« Heureux de savoir » que les joueurs « sentent un environnement plus adéquat à la haute compétition », Boniface Ndong qui reconnaît que « tout n’est pas parfait et que l’on peut faire mieux », se dit satisfait à partir du moment où les « joueurs sont contents de ce qui est fait parce que c’est exactement ce qui se fait ailleurs. Il n’y a rien d’extraordinaire. La seule différence, c’est qu’ils retrouvent le même cadre pro que dans le club, quand j’ai cela, alors je peux dire que je suis satisfait. »

L’on comprend alors pourquoi il s’occupe de tout. Un tel niveau d’exigence n’est pas partagé dans le CNBS. C’est visible, évident, patent. « Je veux donner à cette équipe, ce que n’ai pas pu avoir avec elle. J’ai tout gagné en club, sauf avec le Sénégal. J’ai une dette envers mon pays ». Des mots terribles qui sortent de la bouche d’un champion qui souffre d’un goût d’inachevé. Pourtant Boniface Ndong en a vu et a gagné des titres. Quatorze années dans le haut niveau. D’abord en Allemagne à Bamberg, puis à Dijon en France, Los Angeles Clippers, à Saint Petersburg en Russie, à Malaga, Barcelone en Espagne, à Galasataray Istanbul en Turquie.

Amadou Gallo Fall qui voue un grand respect au bonhomme n’est pas avare en éloges. « Je suis très fier de voir Boniface Ndong porter la casquette de manager général. Il va faire un travail extraordinaire. On connaît son sérieux. C’est un champion d’Europe, il a joué en NBA, il a été MVP en championnat d’Afrique. Il n’y a pas mieux que lui. Il nous faut ce genre d’expertise au niveau de notre sport et de notre basket en particulier ». La reconnaissance du pair. Ousmane Pouye, président de la commission technique du CNBS en est fier.

La preuve, pour la première fois de son histoire, le Sénégal a remporté deux matches de poule en Coupe du monde. Comme quoi le professionnalisme est le prix à payer. Boniface Ndong, Amadou Gallo Fall, Cheikh Sarr ne cessent de le dire dans cette Coupe du monde.

GFM



Abdoul Aziz Diop