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Migane Diouf du forum social sénégalais sur la situation des migrants:
«L’Afrique doit adopter, à la fois, une démarche militaire et diplomatique pour libérer les jeunes bloqués en Libye»
A l’instar de la communauté internationale, le Sénégal a célébré, hier lundi, la Journée mondiale des migrants. Le thème retenu cette année est «Mobilités intra-africaines: quelles réponses aux politiques isolationnistes ou de repli ?» Occasion pour de nombreux défenseurs des droit de l’homme de se pencher sur la question des migrants africains capturés comme esclaves en Libye et d’inviter les autorités africaines à dresser des politiques migratoires sérieuses pour régulariser cette situation.
«L’Afrique doit tout faire pour aller vider le stock de jeunes africains bloqués en Libye. Il faut un commando militaire fort pour aller débloquer la situation parce que ceux qui les détiennent sont armés et on n’a pas encore vu une stratégie arrêtée correctement, d’un commun accord, avec les forces africaines entre elles, pour nous dire comment ils vont aller libérer ces jeunes. Il faut à la fois, à mon avis, une démarche militaire et diplomatique». Ces propos sont de Migane Diouf, membre du Réseau Migratoire et de Développement (REMIDEV). Il s’exprimait hier, lundi 18 décembre, à l’occasion de la célébration de la Journée internationale des migrants regroupant de nombreuses associations de la société civile. Le thème retenu cette année est «Mobilités intra-africaines: quelles réponses aux politiques isolationnistes ou de repli ?».
Sur une initiative de l’Union pour la Solidarité et l’Entraide (USE) qui a célébré cette journée en partenariat avec la CIMADE de 2003 à 2006, cet important évènement a depuis mobilisé la société civile sénégalaise notamment le REMIDEV du CONGAD et le Forum Social Sénégalais (FSS). Cette année, cette célébration intervient sur la situation des jeunes migrants (entre 400 mille et 700 mille) retenus comme esclaves en Libye dans des centres de détentions. Selon Migane Diouf, les autorités africaines doivent adopter des politiques migratoires solides pour faire libérer ces jeunes. «On n’a pas encore entendu une démarche adéquate posée par les États africains, capable de nous dire comment ils vont libérer ces jeunes. Et, la France a dit qu’elle ne va pas participer à l’opération alors qu’elle est complice de ce qui se passe et elle sait où et comment les choses se passe en Libye.»
Par ailleurs, le représentant du REMIDEV a estimé, tout de même, que la migration est un droit, un comportent humain, un facteur de rapprochement et de création de revenus et de richesse, de symbiose et de métissage. «La migration est considérée comme un acte de violation de frontière, comme une sorte de crime. Il faut donc rappeler à tout le monde que les migrants ont des droits, qu’ils soient dans leur pays d’installation, d’accueil ou d’origine, ils ont des droits. Et, ces droits doivent être respectés», a-t-il plaidé. D’ailleurs dit-il, il n’y a pas de crise migratoire, mais plutôt une crise de la diplomatie mondiale, des relations internationales, avec comme épicentre les questions migratoires. Et que c’est la presse occidentale qui fait croire que l’Europe est envahie. «C’est une infime minorité des peuples du Sud qui se déplace vers le Nord, même pas 2%. L’essentiel des mouvements migratoires se passent entre les pays du Sud».
Pour le chercheur Cheikh Oumar Ba, l’Europe doit reconsidérer sa façon d’apercevoir les migrants africains. «Comme les asiatiques et les européens viennent chez nous, les africains aussi ont le droit de partir là où ils veulent». Nando Seck, quand à lui, en tant que député de la diaspora, (Europe du Sud) a plaidé en faveur des migrants. Selon lui, les autorités africaines sont les seuls responsables des maux de la jeunesse africaine. «La responsabilité, la première, je vais la coller à nos dirigeants africains. Ils ne font rien pour régler ce problème. On a les moyens de mettre nos jeunes désespérés dans des conditions de trouver du travail, mais on ne le fait pas. On est intéressé à autre chose. Et les jeunes sont obligés de prendre la voie et par tous les moyens ils vont chercher à sortir de nos pays. En Afrique, il n’y a pas une politique migratoire sérieuse».
A noter que la journée a été riche en témoignages venant des familles des migrants qui désespèrent de la situation de ces derniers.
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