Le fait est loin d'être anodin, car pour certaines personnes interrogées, jeunes comme vieux, cette tendance qu'ont certaines jeunes filles à s’habiller sans slip en dessous, quel soit l'endroit, est tout simplement inconvenant. Pour cette jeune fille, teint clair, taille moyenne, drapée d'une robe longue aux couleurs chatoyantes, lunettes noires cachant ses yeux et que nous avons rencontrée aux alentours du marché de Médina Baye, cela est d’une banalité… Car, nous dira-t-elle : «Cela fait longtemps que certaines jeunes filles se sont, comme qui dirait, passées le mot en adoptant la mode "rien dessous".» «Et il y a même de grandes dames qui le font», ajoute-t-elle. Et notre interlocutrice d’indiquer que «la pratique est loin d'être l'affaire exclusive de jeunes écolières et autres minettes, c'est juste une habitude que l'on a acquise au fil des années et que l'on peine finalement à délaisser».
Gérante d'une superette au centre-ville, M. Th., elle, trouve que le fait est loin d'être une mince affaire car, confie-t-elle, «moi, je connais beaucoup de jeunes filles qui, aujourd’hui, ont pris l'habitude de s'habiller et de sortir de chez elles en affrontant le monde extérieur et le regard des autres sans prendre le soin de porter de dessous. Et elles s'habillent souvent en mode occidental, jupe courte ou pantalon et, parfois, en pagne, mais jamais avec de petites culottes». Et M. Th. de renchérir : «C'est comme si cela ne fait plus partie de leur garde-robe et c'est bien regrettable, car une femme doit être toujours un modèle.»
Aïcha, élève, la vingtaine, est en classe de terminale dans un lycée et pour elle, tout cela n'est pas digne de la femme sénégalaise. «Le fait de s'habiller sans petites culottes pour certaines jeunes filles est juste, selon moi, une question de mode qu'elles recopient des Occidentales et ce n'est pas bien. Nous voulons coûte que coûte changer notre culture par de la désinvolture, et cela ne sied pas avec le rôle que doit jouer la femme au sein de la société. Nous sommes toutes appelées à être des mamans demain, à gérer des foyers. Aussi devons-nous suivre certes la marche du temps, mais consciencieusement et aussi en phase avec les réalités de notre pays. Loolu ñun amuñuko, te bokul ci suñu aada», commente-t-elle.
Chaque société ayant ses acquis et ses travers, mère Katy, elle, la cinquantaine, trouve que le phénomène ne date pas d'aujourd'hui. «Avant, la société était bien plus exigeante qu'elle ne l'est aujourd'hui. Les mamans n'hésitaient pas à soulever la jupe ou le pagne de leurs filles pour vérifier si leur mise est bien en phase avec les règles de conduite comme le fait de porter de petites culottes.
Aujourd'hui, ce contrôle et tant d'autres vigilances n'existent plus.» Mais, ajoutera-t-elle : «Des brebis galeuses existent partout. De notre temps, le fait existait, mais il était si marginal que la personne qui le faisait pouvait se rassurer que son secret serait bien gardé. Aujourd’hui, il faut juste que les mamans soient davantage aux côtés de leurs filles dès le bas âge, car, souvent, loin d'une certaine mode, le non port de dessous est juste une question d'habitude.»
Mounass, elle, la trentaine, commerçante, trouve que c'est le monde à l'envers. «Dëk bi moo tass ! Même dans les séances de tannbeer et autres sabar ou même lors des cérémonies familiales, vous voyez des filles danser, soulever leurs pagnes et tout leur habillement devant les batteurs et autres. Et cela ne semble choquer personne», fulmine-t-elle. On parle de crises des valeur, mais personne ne fait rien pour rétablir les choses, se désole-t-elle.
WEUKHEUL GEUNA GAW BOUKO YEKHAL...
Des mots pour dire une mode perverse
Pour justifier le non port de petites culottes, des filles évoquent des raisons médicales, d'autres parlent des causes difficiles à avouer, par exemple des parties intimes très développées, bien au-dessus de la moyenne. Certains hommes interrogés n'ont pas mis de gants pour dire ce qu'ils pensent de ce choix : «C’est de la provocation et rien d’autre», s’indigne le jeune Modou, conducteur de moto-taxi Jakarta. En effet, pour lui, si la valeur de la femme souffre aujourd'hui dans le pays, c'est, en partie, à cause de ce genre de pratique qui n'honore personne. Car, dira-t-il : «Ce sont nos sœurs, nos copines, etc. qui font cela. Souvent, il y a des disputes en ville qui découlent de ce genre de remarques. Car, certaines filles s'habillent comme elles veulent et en retour veulent exiger des gens toute désapprobation. Lii, Etat bi moo ci wara jok», peste-t-il Omzo. Lui aussi trouve que les filles sont tout simplement perverses et que par ce procédé, elles provoquent les hommes jusque dans les rues et autres lieux publics, car pour le bonhomme, c'est juste des messages codés qu'elles envoient sans grands efforts. «Et personne ne dit rien dans ces cas et tout le monde attendant qu'il y ait viol pour s’indigner». «Pendant ce temps, où sont les organisations féminines et autres défenseurs des droits de l'homme ?», s'interroge-t-il, avant d'indiquer que pour lui, c'est toute la société qui a sa part de responsabilité dans ce phénomène et dans biens d'autres que nous remarquons chaque jour.
AVIS D'UN GYNECOLOGUE - Aucun rapport avec la santé
«C'est un effet de mode, une affaire de mœurs légères, cela n'a rien de médical. C'est juste des faits de l'Occident. Revenons à nos valeurs africaines. Pas plus tard que ce dimanche, on fêtait les mères et une femme doit être respectable.»