Marie Thérèse Ndiaye, miss Sénégal 201: «Si c’était à refaire, je ne me serais jamais présentée à Miss Sénégal»

Au bout du fil, elle bouillonne de rage. Sous ses airs angéliques et ses traits avenants, se cache en réalité un tempérament de feu. Marie Thérèse Ndiaye, Miss Sénégal 2013, qui s’y frotte s’y pique. Face à L’Obs, la belle Mbouroise dresse le bilan de son sacre empreint de regrets et de mélancolie. À cœur ouvert…

Depuis près d’un an, vous portez la couronne de Miss Sénégal. Qu’est-ce qui a changé dans votre vie après ce sacre ?

Je suis toujours la même. Je poursuis tranquillement mes études en Management et Gestion des entreprises. Mis à part le fait d’avoir enrichi mon portefeuille relationnel, rien n’a changé. Mon quotidien est toujours le même. En revanche, je peux dire que ce sacre ne m’aura apporté que des soucis et des ennuis à n’en plus finir. Cela a été un lourd fardeau pour moi, je m’en suis rendu compte au fil du temps.

En parlant d’ennuis, vous faites peut-être allusion aux polémiques qui ont accompagné votre sacre. Beaucoup ont dit que vous ne méritiez pas d’être couronnée ?

Non, cette histoire est loin derrière moi, comme j’ai l’habitude de le dire, la beauté est subjective. Certains étaient avec moi, d’autres non. Donc, je ne peux pas faire l’unanimité. C’était un jeu, j’y ai participé et le jury a tranché en ma faveur.

Comment avez-vous vécu ces critiques ?

Je dois avouer qu’au début, j’ai beaucoup été affectée par ces critiques gratuites. Toutefois, avec le recul, je me suis vite rendu à l’évidence, mon élection était légitime, il n’y a eu aucune manipulation. Je ne suis pas la première Miss à être critiquée et je ne serai certainement pas la dernière.

Pensez-vous réellement avoir mérité ce titre ?

Bien entendu, sinon, je ne me serais pas présentée à l’élection. Je remplissais les critères d’éligibilité. Il fallait être élancée, avoir une jolie silhouette, avoir un certain bagage intellectuel, savoir s’exprimer en public et être belle.

Est-ce que vous vous trouvez assez belle pour représenter la beauté sénégalaise ?

Ce n’est pas à moi de juger si je suis belle ou pas. Je laisse le public apprécier.

Contrairement aux autres Miss, on a remarqué que vous n’étiez pas assez présente dans les mondanités et autres. Qu’est-ce qui l’explique ?

Ce n’est pas compliqué à comprendre, c’est parce que je n’étais pas impliquée ou invitée. Je ne vais pas m’incruster dans une soirée où je ne suis pas la bienvenue. J’ai comme l’impression qu’on ne me considère pas comme une Miss, que mon sacre n’est toujours pas reconnu. Les rares fois où j’ai été invitée à des cérémonies, la presse m’a même zappée. C’était le cas lors de la manifestation de Médisol international du Docteur Rose Wardini au Grand Théâtre. J’ai fait un discours sur le cancer du sein et du col de l’utérus, mais cette partie n’est pas passée à la télévision. Adja Ombélico m’a également conviée à sa soirée «Mode et musique», mais comme j’étais en période d’examen, je n’ai pas pu y aller. Avant cela, j’avais reçu une invitation de la part des autorités gambiennes, mais je trouvais mal d’y répondre favorablement sans pour autant avoir l’aval des miens qui n’ont même pas daigné m’accorder une audience depuis mon couronnement. J’ai comme l’impression que même les autorités sénégalaises sont contre Miss Sénégal 2013. Je ne peux même pas avoir un tête-à-tête avec un Ministre encore moins le Président de mon pays, c’est honteux

C’est facile de dire que tout le monde est contre Miss Sénégal 2013, ne pensez-vous pas que le problème vient de vous ?

Qu’ai-je fait pour mériter un tel traitement ? J’ai toujours fait de mon mieux pour représenter dignement mon pays, alors que je n’ai bénéficié du soutien d’aucune autorité.

Quelles sont les actions que vous avez menées depuis votre couronnement ?

J’avais mis en place un programme. Toutefois, ne bénéficiant pas de soutiens, j’ai dû faire avec les moyens du bord. J’ai tout de même mené quelques actions sociales dans des villages reculés. J’avais prévu d’organiser un dépistage gratuit du cancer du col de l’utérus, faute de moyens, je n’y suis toujours pas arrivée. Mais je ne désespère pas, tout comme de distribuer des appareils auditifs aux sourds, d’effectuer des visites aux pouponnières. J’ai énormément de projets et de bonnes intentions, cependant sans aide, ils risquent de finir aux oubliettes. Je profite de l’occasion pour lancer un appel à l’ancien ministre de la Culture, du Tourisme et des Loisirs, M. Youssou Ndour afin qu’il me vienne en aide. Je tiens à le rencontrer pour mieux en discuter avec lui. Je le sais très sensible aux causes nobles.

Vous avez récemment participé au concours Miss Cedeao, mais sans succès…

Encore une fois, c’est un manque de considération qui s’est posé. L’élection s’est déroulée en Côte d’ivoire, il y a quelques jours. J’ai eu très mal en voyant combien les autres Miss ont été soutenues par leurs autorités. Moi, je n’ai eu droit à aucun traitement de faveur et j’ai pourtant pris sur moi la responsabilité de venir représenter mon pays à ce concours de grande envergure. Lorsque j’ai su que je devais y participer, j’ai sollicité des audiences, écrit des courriers, passé des coups de fil, en vain. À part M. Malick Gakou qui m’a remis une enveloppe de 200 000 FCfa, les autres m’ont à la limite méprisée. C’est avec cette somme que j’ai réussi à me préparer pour le concours. Le comité a heureusement pris en charge mon billet d’avion, mon hébergement et mes tenues. Ma sœur et son époux m’ont été d’un grand secours. Je n’ai même pas eu droit à un accompagnant en tant que Miss Sénégal. C’est ma propre sœur qui a payé son billet d’avion pour pouvoir m’accompagner et me soutenir moralement. Je n’imaginais pas ne pas aller à ce concours, car j’ai été élue pour représenter mon pays partout où besoin sera. C’était mon rôle d’y aller. J’ai été digne jusqu’au bout, mais, je dois dire qu’au bout du moment, j’ai craqué et versé de chaudes larmes. Au bout du compte, j’ai été éliminée au premier tour et j’ai ramené un bouquet de fleurs.

Ne regrettez-vous pas d’avoir participé ?

Non pas le moins du monde. Cela m’a permis d’acquérir de l’expérience et m’a permis de tisser des liens avec des personnes formidables.

Si c’était à refaire, alliez-vous retenter l’expérience Miss Sénégal ?

Dans mon for intérieur, je regrette d’avoir participé à l’élection Miss Sénégal. Si c’était à refaire, je ne l’aurais jamais fait.

Pourquoi ?

Pour toutes les raisons que j’ai évoquées plus haut. Je ne suis pas à la place que je mérite. Les Sénégalais, d’une manière générale, ne m’ont pas témoigné de leur soutien. J’ai été délaissée et livrée à moi-même. Si je vous dis que jusqu’à présent, je cours derrière les papiers originaux du véhicule que j’ai gagné. Je conduis ma voiture sans papiers, j’ai effectué toutes les démarches, sans résultats. Même les autorités de ma région que je représente en premier lieu m’ont tourné le dos. Elles m’ont tellement déçue que je ne veux même plus entendre parler d’elles. Les seules personnes qui prétendent vouloir t’aider cherchent quelque chose en retour. Une fois, un directeur de société m’a appelée. Je ne sais pas où il a déniché mon numéro, mais il m’a fait miroiter monts et merveilles. À l’arrivée, j’ai compris qu’il ne cherchait qu’à m’avoir. Mais c’était peine perdue, il a misé sur le mauvais cheval, j’ai vite coupé les ponts avec lui.

Quelle est la suite pour vous ?

L’expérience Miss Sénégal est maintenant derrière moi. Je sais que c’est impossible, mais si je pouvais effacer mon nom des archives pour que personne ne retienne mon nom, je le ferais sans hésiter. Cela faisait partie du livre de ma vie et j’ai tourné la page pour passer à autre chose. Je vais persévérer dans mes études. D’ailleurs cette année, je dois écrire mon mémoire.

Côté cœur, il y a bien eu de belles choses pour vous ?

Rien de spécial. Je suis toujours avec le même petit- ami.

Il ne vous a pas demandé en mariage entre temps ?

Si, mais…

Ce sera pour quand ?

Je ne vous en dirai rien. C’est privé. Espérons que c’est pour bientôt.

C’est qui l’heureux élu ?

Vous ne le connaissez pas, c’est un citoyen quelconque…

GFM.SN