C’est habillée d’une robe traditionnelle très relaxe de couleur orange que la chanteuse et griotte Mamy Kanouté nous a chaleureusement accueillis, chez elle aux Parcelles assainies de Dakar. Après les salutations, elle nous invite à nous asseoir confortablement au salon. Ainsi, s’ouvre les échanges sur sa carrière musicale ponctuée de riches expériences et rencontres avec de grands artistes et son adhésion au « Women Groove Project » qui, dit-elle, lui tient beaucoup à cœur. Pour Mamy Kanouté, la participation à ce projet du manager Ousmane Faye ne fait que concrétiser le travail professionnel et sans relâche de plusieurs années dans la scène musicale sénégalaise et étrangère.
« Si Ousmane a fait son choix sur ma modeste personne, c’est parce que, quelque part, il m’a connu pour mon talent, mon abnégation et mon respect dans le travail », informe-t-elle. A l’en croire, elle a connu Ousmane Faye par l’entremise de son oncle koriste Baboulaye Cissokho, en 2001. M. Faye pilotait, à l’époque, le Festival banlieue rythme. « J’ai participé à ce projet pendant 3 ans et j’ai partagé le plateau avec plusieurs artistes sénégalais et étrangers d’horizons divers. C’est d’ailleurs pour cette raison que dès qu’Ousmane m’a parlé de « Women Groove Project », je n’ai pas hésité, après l’aval de mon mari, à y adhérer », dit-elle.
Toutefois reconnaît Mamy Kanouté, l’aventure dans ce projet n’a pas été chose facile. Elle confie avoir même pleuré au studio lors de l’enregistrement des sons. « Dans cet album «Women Groove Project», ils ont introduit des nouveaux genres musicaux qui, jusque-là, m’étaient étrangers. Et ils m’imposaient de chanter dans ces genres. J’avoue que c’était très difficile et compliqué. Mais j’ai pu finalement, avec Gnima Sarr, faire des mélanges inédits entre ces sonorités, m’approprier les titres, bien les chanter pour servir au mieux le projet. Je peux m’estimer heureuse car je n’ai pas déçu par ma production », s’est réjouie la chanteuse.
Tournées de promotion
En effet, l’album « Women Groove Project » porté aujourd’hui par la combinaison des voix de Mamy Kanouté et Gnima Sarr, deux artistes sénégalaises venus d’horizons divers, rayonne et fait l’objet de plusieurs tournées internationales et nationales pour sa promotion. D’après Mamy Kanouté, après la sortie de l’album en mars 2016, elles ont été invitées par France Inter et la Radio Nova. Des spectacles et prestations ont été également organisés à Paris pour sa promotion.
« Pour ce projet, j’ai fait de nombreux spectacles en Europe sans compter celui que nous avons joué le 4 mars dernier à l’Institut français de Dakar. Pour l’année 2017, d’autres tournées sont également prévues à Genève et dans d’autres pays étrangers », fait savoir Mamy Kanouté. Non sans préciser qu’avec le « Women Groove Project », elle commence à avoir plus de visibilité et de rencontres au plan international.
« J’espère que ce succès et cette visibilité vont davantage se poursuivre avec le maximum de tournées. L’autre intérêt de cet album, ce sont les thèmes et messages qui y sont véhiculés et que l’on espère transmettre au large public », souligne Mamy. Elle dit avoir rendu hommage aux femmes à travers les morceaux « Bimbaliya », « Kiraï ». Aussi, chante-t-elle dans l’album, tout comme la Sérère Gnima Sarr, ses aïeuls, les guerriers et griots mandingues et leurs origines traditionnelles.
Pour tous ces atouts qu’elle a eus à engranger avec ce projet, Mamy Kanouté dit devoir une fière chandelle à Ousmane Faye. « Il a respecté tous ses engagements avec nous dans ce projet et nous a facilité son bon déroulement. J’invite d’autres Sénégalais à faire comme lui pour soutenir la création d’artistes musiciens talentueux », suggère-t-elle. Se prononçant sur sa carrière et trajectoire musicale, Mamy Kanouté indique avec un brin de fierté qu’elle a hérité la musique de ses grands-parents maternels, tantes et oncles qui l’on vu naître et avec qui elle a grandi aux Hlm Patte d’Oie. « Je suis une petite-fille d’un griot, Bana Cissokho de l’Ensemble lyrique traditionnel du Théâtre national Danniel Sorano dont le nom continue de faire référence. Ce dernier était le père à ma maman », confie-t-elle. A en croire Mamy, dans sa maison, nombreux étaient les chanteurs griots venus du Mali, ses origines ancestrales et d’autres grands artistes à y séjourner et à la fréquenter.
Carrière musicale
« J’ai grandi dans cette sphère de griots et griottes mandingues. Ce qui d’ailleurs m’a poussée à quitter les bancs de l’école très tôt en classe de Cm2 pour m’adonner à cette belle musique traditionnelle mandingue, sous la houlette de mon grand-père qui était très catégorique dans ce qu’il nous transmettait comme connaissances dans la musique et sa pratique. Nous avions même un ballet de danse et un ensemble lyrique traditionnel mandingue, dénommé « Banaya » dont je faisais partie », se rappelle-t-elle avec fierté.
Ses premiers pas dans la musique ont commencé dans cette maison familiale. Et à l’âge de 10 ans déjà, « elle participait à l’émission «Télé Variété» de Maguette Wade à la Rts, avec comme invités ces deux autres grands-parents, Boly et Koura Mbissane », nous informe-t-elle.
Par la suite, à 14 ans, elle sera découverte par le patron du «Daandé Lénol», Baaba Maal, par l’entremise de son oncle paternel qui jouait de la kora pour ce dernier. Convaincu par son talent, Baaba Maal l’embauchera définitivement dans son groupe en 2000 pour qu’elle y assure les chœurs.
« J’ai intégré le groupe Daandé Lénol en tant que choriste et jusqu’à présent, j’y suis et je resterai dans ce groupe », laisse-t-elle entendre. Selon Mamy Kanouté, c’est dans le groupe de Baaba Maal qu’elle s’est davantage professionnaliser dans ce métier de la musique. « Dans ce groupe, j’ai été davantage connue dans ma carrière musicale, aussi bien aux niveaux national et international. J’y ai beaucoup appris grâce à Baaba. Il m’a emmenée partout à travers le monde. Il a été une grande référence pour moi. A lui aussi, je lui dois beaucoup de reconnaissance », témoigne-t-elle. Non sans préciser que malgré les sorties de son album en 2003 et celui de « Moussolou » en 2015, qui ont connu des succès, elle est toujours retournée à la maison-mère, celle du «Daandé Lénol». Car elle se considère comme membre intégrante de ce groupe. « Aucun projet ne me fera quitter ce groupe. Je vais continuer à y assurer les chœurs. Car j’en fais partie », dit-elle.
LESOLEIL