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Il a maigri, cela saute aux yeux, et il en impose moins maintenant qu’il ne porte plus ses habits d’officier. Mais quand il s’approche de la barre, vêtu d’un costume sombre, d’une chemise blanche et d’une cravate bordeaux, et qu’il déclame, de sa voix grave, son nom, son prénom, sa date de naissance, sa filiation et son titre − « général de corps des armées, ancien chef d’Etat » −, Amadou Haya Sanogo suscite encore l’enthousiasme de ses fans.
Le brouhaha provoqué dans la salle par sa première prise de parole, deux heures après le début de l’audience, fait sortir de leurs gonds le président de la cour et le procureur.
« Ici, nous ne sommes pas dans une salle de théâtre. Ni acte d’approbation, ni acte de désapprobation. La prochaine fois, je ferai vider la salle », tonne le président. Il n’y a pas de général qui vaille, encore moins d’ancien chef d’État, enchaîne le représentant du parquet, « ici, c’est le citoyen qui comparaît ».
Les partisans de Sanogo sont venus en masse et chauffés à blanc, ce mercredi 30 novembre à Sikasso, pour assister au premier jour du procès de l’ancien capitaine putschiste et de seize autres hommes (le dix-septième, Amassongo Dolo, est récemment décédé), accusés d’avoir joué un rôle plus ou moins direct dans l’enlèvement et l’assassinat de 21 bérets rouges en mai 2012.
Sanogo soutenu
Dès 7 heures du matin, ils faisaient la queue devant la grande salle de spectacle Lamissa Bengaly, théâtre habituel des manifestations culturelles capable d’accueillir plus de mille personnes, et transformée en tribunal pour l’occasion. Certains étaient venus la veille de Bamako, d’autres de Segou, d’autres encore de Koulikoro. Ils portaient des tee-shirts à l’effigie de Sanogo et déroulaient fièrement des posters montrant sa photo et s’interrogeant : « A quand le procès des agresseurs des bérets verts et autres ? »
« Je suis là pour manifester mon soutien à notre chef bien aimé. Je suis venu de Mopti pour ça », affirme l’un d’eux. Un autre assure faire confiance à la justice malienne pour laver l’honneur de son « guide », qui ne peut être, à ses yeux, qu’innocent, et même victime d’un complot politique.
À Sikasso, ville de province habituellement calme, cette armée de « Sanogophiles » aussi exubérants que vindicatifs ne passe pas inaperçue. Des maisons ont été louées pour les héberger tout au long du procès. Des dizaines de chambres d’hôtels, depuis longtemps vides de clients, ont été réservées par les plus fortunées.
Dans les rues, des affiches à l’image de leur « héros » ornent les murs. Une agitation qui contraste avec la discrétion des familles des victimes, qui logent dans un hôtel éloigné du centre-ville, et dont la seule mesure ostentatoire fut d’arriver tout de blanc vêtues à l’audience.
Procès reporté
L’enthousiasme que les partisans de Sanogo manifestent sera-t-il toujours aussi vivace dans deux semaines ? Pas évident. Les arguties juridiques et les questions de procédure pourraient bien avoir raison de leur passion.
Le procès, en effet, pourrait s’éterniser, à l’image de cette première journée marquée par des discours d’ouverture sans relief (ce procès revêt un « enjeu national et international », a affirmé le procureur général), une fastidieuse présentation des assesseurs tirés au sort (tous des notables à la retraite), puis des témoins et des avocats, la longue lecture de l’acte d’accusation et, pour finir, la suspension de l’audience pour une durée d’un jour et demi.
La défense, qui avait annoncé dans les médias qu’elle demanderait un renvoi du procès, a surpris l’auditoire en réclamant cette suspension en fin de matinée, quand les ventres commençaient à gronder.
Raison invoquée : « Nos clients étaient éparpillés aux quatre coins du pays durant l’instruction. Ils ne sont arrivés qu’hier soir à Sikasso, certains alors qu’il faisait déjà nuit. C’est la première fois que nous les voyons tous ensemble. Dans ce désordre organisé, nous avons besoin de savoir ce qu’ils désirent faire ». « Dilatoire ! » a rétorqué la partie civile, déjà excédée par la stratégie de rupture prônée par certains avocats de la défense.
Quelle stratégie commune ?
Mais il s’agissait surtout, pour l’armada d’avocats qui représentent les accusés, d’accorder leurs violons sur une stratégie commune – autant dire une mission impossible, de l’aveu de certains d’entre eux, tant les intérêts de leurs clients divergent.
L’audience reprendra ce vendredi 2 décembre à 9 heures. D’ici là, les avocats devraient enchaîner les réunions avec leurs clients, mais aussi entre eux. Les familles des victimes, guidées par leur soif de vérité, prendront leur mal en patience dans la cour du bâtiment décrépie qui leur sert de gîte.
Et Sanogo, qui est incarcéré loin de ses co-accusés, dans l’enceinte du gouvernorat, aura l’occasion de se remémorer ces instants où, une fois la séance levée, des dizaines d’hommes et de femmes sont venus lui serrer la main et lui témoigner leur soutien, sous l’œil désabusé des hommes surarmés chargés de l’escorter, et même de quelques-uns de ses co-accusés.
Le brouhaha provoqué dans la salle par sa première prise de parole, deux heures après le début de l’audience, fait sortir de leurs gonds le président de la cour et le procureur.
« Ici, nous ne sommes pas dans une salle de théâtre. Ni acte d’approbation, ni acte de désapprobation. La prochaine fois, je ferai vider la salle », tonne le président. Il n’y a pas de général qui vaille, encore moins d’ancien chef d’État, enchaîne le représentant du parquet, « ici, c’est le citoyen qui comparaît ».
Les partisans de Sanogo sont venus en masse et chauffés à blanc, ce mercredi 30 novembre à Sikasso, pour assister au premier jour du procès de l’ancien capitaine putschiste et de seize autres hommes (le dix-septième, Amassongo Dolo, est récemment décédé), accusés d’avoir joué un rôle plus ou moins direct dans l’enlèvement et l’assassinat de 21 bérets rouges en mai 2012.
Sanogo soutenu
Dès 7 heures du matin, ils faisaient la queue devant la grande salle de spectacle Lamissa Bengaly, théâtre habituel des manifestations culturelles capable d’accueillir plus de mille personnes, et transformée en tribunal pour l’occasion. Certains étaient venus la veille de Bamako, d’autres de Segou, d’autres encore de Koulikoro. Ils portaient des tee-shirts à l’effigie de Sanogo et déroulaient fièrement des posters montrant sa photo et s’interrogeant : « A quand le procès des agresseurs des bérets verts et autres ? »
« Je suis là pour manifester mon soutien à notre chef bien aimé. Je suis venu de Mopti pour ça », affirme l’un d’eux. Un autre assure faire confiance à la justice malienne pour laver l’honneur de son « guide », qui ne peut être, à ses yeux, qu’innocent, et même victime d’un complot politique.
À Sikasso, ville de province habituellement calme, cette armée de « Sanogophiles » aussi exubérants que vindicatifs ne passe pas inaperçue. Des maisons ont été louées pour les héberger tout au long du procès. Des dizaines de chambres d’hôtels, depuis longtemps vides de clients, ont été réservées par les plus fortunées.
Dans les rues, des affiches à l’image de leur « héros » ornent les murs. Une agitation qui contraste avec la discrétion des familles des victimes, qui logent dans un hôtel éloigné du centre-ville, et dont la seule mesure ostentatoire fut d’arriver tout de blanc vêtues à l’audience.
Procès reporté
L’enthousiasme que les partisans de Sanogo manifestent sera-t-il toujours aussi vivace dans deux semaines ? Pas évident. Les arguties juridiques et les questions de procédure pourraient bien avoir raison de leur passion.
Le procès, en effet, pourrait s’éterniser, à l’image de cette première journée marquée par des discours d’ouverture sans relief (ce procès revêt un « enjeu national et international », a affirmé le procureur général), une fastidieuse présentation des assesseurs tirés au sort (tous des notables à la retraite), puis des témoins et des avocats, la longue lecture de l’acte d’accusation et, pour finir, la suspension de l’audience pour une durée d’un jour et demi.
La défense, qui avait annoncé dans les médias qu’elle demanderait un renvoi du procès, a surpris l’auditoire en réclamant cette suspension en fin de matinée, quand les ventres commençaient à gronder.
Raison invoquée : « Nos clients étaient éparpillés aux quatre coins du pays durant l’instruction. Ils ne sont arrivés qu’hier soir à Sikasso, certains alors qu’il faisait déjà nuit. C’est la première fois que nous les voyons tous ensemble. Dans ce désordre organisé, nous avons besoin de savoir ce qu’ils désirent faire ». « Dilatoire ! » a rétorqué la partie civile, déjà excédée par la stratégie de rupture prônée par certains avocats de la défense.
Quelle stratégie commune ?
Mais il s’agissait surtout, pour l’armada d’avocats qui représentent les accusés, d’accorder leurs violons sur une stratégie commune – autant dire une mission impossible, de l’aveu de certains d’entre eux, tant les intérêts de leurs clients divergent.
L’audience reprendra ce vendredi 2 décembre à 9 heures. D’ici là, les avocats devraient enchaîner les réunions avec leurs clients, mais aussi entre eux. Les familles des victimes, guidées par leur soif de vérité, prendront leur mal en patience dans la cour du bâtiment décrépie qui leur sert de gîte.
Et Sanogo, qui est incarcéré loin de ses co-accusés, dans l’enceinte du gouvernorat, aura l’occasion de se remémorer ces instants où, une fois la séance levée, des dizaines d’hommes et de femmes sont venus lui serrer la main et lui témoigner leur soutien, sous l’œil désabusé des hommes surarmés chargés de l’escorter, et même de quelques-uns de ses co-accusés.