Décidément, la grande communication du gouvernement sur l'affaire Pétro Tim, ainsi que les menaces de représailles contre toute diffamation par le Premier ministre, Mahammad Boun Abdallah Dionne, ne feront pas reculer d'un iota le patron du parti Les Patriotes du Sénégal pour le travail, l'éthique et la fraternité (Pastef-les Patriotes). Ousmane Sonko n'en démorde en effet toujours pas, malgré la sortie musclée du Pm.
En conférence de presse samedi dernier, il a soutenu mordicus que le Pm n'a fait que du saupoudrage, en "escamotant" la partie la plus importante, lors de sa communication sur l'affaire du pétrole du Sénégal. Pour lui, toute l'adresse du chef du gouvernement ne visait qu'à blanchir Pétro Tim dont le patron est le frère du chef de l'État, en l'occurrence Aliou Sall.
A l'en croire, ce qui importe sur cette affaire, c'est de faire la lumière sur le contrat de transfert et d'attribution entre Pétro Tim et Timis Corporation. Par conséquent, Sonko a demandé "de publier les vrais documents, notamment les contrats de transfert et d'attribution entre ces 2 entreprises, à savoir Petro Tim à Timis Corporation".
Cela, dans la mesure où il a rejeté le terme de "farm out" utilisé par le régime dans cette transaction. Pour lui, dans les documents de Pétrosen, il s'agit bien de "cession d'actifs". Il a ainsi réaffirmé que l'État est en train de perdre de l'argent car, selon lui, "dans ce domaine, la gratuité n'existe pas". Et Sonko de soutenir mordicus que ces genres d'opérations sont "fiscalisables et fiscalisés".
L'IGE avait décelé une arnaque dans l'accord État-Petro Tim
Toujours d'attaque et prêt à avoir des réponses claires sur ladite affaire, Ousmane Sonko veut que le régime de Macky Sall dise clairement combien Pétro Tim a promis d'investir pour qu'on lui donne les 2 puits. Une exigence de clarté qui s'explique, selon lui, par le fait que l'État a communiqué la somme que Timis Corporation a mise sur la table en venant.
Mieux, le leader de Pastef trouve qu'il urge que les Sénégalais sachent combien la société dirigée par le frère du président a investi, depuis que les 2 puits lui ont été attribués. Poussant plus loin dans ses exigences de lumière, M. Sonko a posé la question de savoir "pourquoi l'État n'a pas exercé son droit de préemption" au moment du transfert entre Pétro Tim et Timis Corporation.
Pis, M. Sonko se demande pourquoi l'actuel chef de l'État, Macky Sall, "s'est empressé de signer" le contrat avec Pétro Tim, "tout en sachant que le rapport de l'Ige dit clairement que les accords entre le gouvernement de Wade et Pétro Tim ne respectaient pas le code pétrolier".
Pour autant de choses restées en suspens, même après la large explication de Mahammad Boun Abdallah Dionne, le "lanceur d'alerte" a réclamé un débat public avec les tenants du pouvoir sur l'affaire Pétro Tim. Parce qu'il a clairement fait savoir qu'il n'accorderait pas de crédit aux rapports qui seront publiés par l'Ite, dans la mesure où "il (Ite) loge à la présidence", a-t-il indiqué.
Des pistes pour une bonne gestion du pétrole
Toutefois, le leader du Pastef n'a pas manqué de faire un certain nombre de propositions, 15 pour être plus précis, afin d'avoir une bonne gestion des ressources pétrolières du pays. Il a ainsi proposé le renforcement de la transparence des mécanismes d'attribution des titres, ainsi que le renforcement de la transparence sur les montants versés à Pétrosen. Dans ses recommandations, Ousmane Sonko a proposé l'utilisation des montants versés à Pétrosen dans l'octroi des titres pour faire des formations sur les métiers du pétrole qui sont, selon lui, plus de 1000.
D'un ton railleur, il a déclaré que l'État manque de vision sur ledit secteur car "le seul programme de formation prévu est celle de pompistes". Ce qui prouve, à son avis, qu'il n'y a pas de politique pour une transformation des produits pétroliers au Sénégal, afin de créer de la valeur ajoutée.
Entre autres propositions, M. Sonko invite l'État à tout faire pour accroitre au fur et à mesure ses parts, actuellement à 10%. Le patron de Pastef a, dans la foulée, démenti l'information selon laquelle il a été recruté par l'Usaid, une info relayée par la presse.