Malang Diédhiou, arbitre international: "La finale des JO est une consécration a qui permis d'oublier les sacrifices"

Pour une première participation aux Jo, vous avez eu l’honneur d’être parmi les arbitres de la finale Brésil-Allemagne à Rio 2016. Comment avez vécu ces moments forts ?

Après avoir rendu grâce à Allah Le Tout Puissant, prié pour le repos de l’âme de mon papa et remercié vivement ma maman et tout le peuple sénégalais, je voudrais dire que c’est tout un plaisir, une joie de prendre part à la finale de ces Jeux olympiques, auxquels nous participions pour la première fois. C’était des moments  forts.
Avant les Jeux olympiques, la préparation était difficile. Mais au finish, cette finale a été une consécration qui nous a permis quand même d’oublier tous les sacrifices qu’on avait consentis avant cet événement.

Cet honneur d’être parmi les arbitres de la finale ne constitue-t-il pas, autrement, une pression pour les futurs rendez-vous mondiaux ?

Non ! Nous, nous prenons les événements un par un. Rio était, certes, une étape importante par rapport au chemin que nous avons à parcourir dans notre carrière, mais ça ne peut pas être une pression pour les échéances futures. Ce, d’autant plus que pour chaque échéance, nous avons une préparation spécifique.
Je crois que depuis quelques années, avec les assistants, Djibril Camara et El Hadji Malick Samba, nous avons, la plupart du temps, des matches internationaux, il y a une organisation interne qui fait que, même au Sénégal, nous sommes mis ensemble dans nos matches. Je veux dire qu’il y a une complicité telle que, aujourd’hui, nous sommes devenus une famille.
Je vous fais la confidence, à chaque fois qu’on voyage, on est toujours dans la chambre de Djibril. Si on n’est pas au restaurant, au stade ou à l’entraînement, on est toujours dans sa chambre. Ce qui fait qu’en réalité, il n’y a pas de pression. Nous nous parlons constamment avant et pendant le match, avec des prières à n’en pas finir, mais aussi des conseils. Disons la pression qui pouvait s’exercer sur nous, c’est que nous représentons un pays, parfois un continent, un village, une région, une corporation. Et c’est ça qui est difficile.
Parce que tant que tout va dans le bon sens, il n’y a pas de problème. Mais s’il y a une erreur qui est commise, c’est l’image de tous ceux-là qui est un peu ternie. C’est ça qui nous pousse vraiment à donner le maximum de nous-mêmes pour avoir toutes les satisfactions jusque-là réalisées.

Cette désignation pour faire partie des arbitres de la finale à Rio a quand même son importance ?

Evidemment, quand vous êtes dans un tournoi comme les Jeux olympiques, chaque prestation est appréciée positivement ou négativement. Nous avons eu la chance de diriger deux matches pour lesquels après les séances de débriefing, il nous a été dit que les performances étaient excellentes. C’est pourquoi, nous n’étions pas étonnés de nous voir présents à cette finale des Jo.
Pour la finale des Jo, tout se jouait entre deux trios, le trio iranien et celui du Sénégal. En fin de compte, ce sont les Iraniens qui ont dirigé le match. Et nous étions à côté. C’est encore, une fois, une satisfaction. Je voudrais en profiter pour remercier tous ceux qui ont prié pour nous, ceux qui ont eu confiance en nous en nous proposant sur cette liste d’arbitres internationaux, d’arbitres retenus pour officier aux Jeux olympiques, ceux-là qui nous ont mis sur les matches qu’on a eu à diriger.

Après une belle prestation à la Can 2016 et aux Jo de Rio, vous vous tracez un chemin vers le Mondial 2018 ?

Oui, la Coupe du monde c’est le rêve de tout un arbitre. Vous savez, il y a ces différentes étapes. Quand vous êtes un arbitre, vous songez à … être un arbitre fédéral pour pouvoir faire les matches du Championnat national. C’était ça le premier objectif. Avant même d’être arbitre fédéral, j’étais le premier Sénégalais à être arbitre international, au niveau des hommes, sans être fédéral. C’est un mérite. Parce qu’avant moi, il fallait être nécessairement  fédéral. Parce que j’avais les prédispositions pour accéder à ce niveau international. Donc en tant qu’arbitre de Ligue, j’ai été promu arbitre international.
Alors, quand on arrive au niveau international, toute suite, son premier rêve c’est pouvoir faire des matches, de participer, éventuellement, à une Coupe d'Afrique. Quand on est dans le groupe restreint de l’élite des arbitres de la Caf, on songe à être membres de l’élite de la Fifa. Aujourd’hui, on est dans ce cas, des arbitres internationaux, membres de l’élite de la Caf et de la Fifa. Pour participer à tous les tournois continentaux et mondiaux, il faut être membre de l’élite.

Donc la Coupe du monde fait partie de ces compétitions. Nous avons la chance de participer à la dernière Coupe du monde U17, où nous avons fait de bonnes choses. Et au retour, la Fifa a sorti une liste d’arbitres potentiels candidats pour le Mondial 2018, en Russie. Elle a aussi organisé à cet effet un séminaire à Doha, en avril dernier. Nous avons participé à ce séminaire, à l’issue duquel nous avons été sélectionnés pour les Jo, qui ont été une occasion pour nous de montrer encore notre talent et de pouvoir espérer, un jour, participer à un Mondial.
Mais le chemin est encore long. Parce qu’avant le Mondial russe, il y a d’autres compétitions de la Fifa, les Coupes du monde des clubs, U17 U20 er celle des Confédérations. Ce sont des compétitions qui seront l’occasion pour la Fifa de mettre tous les arbitres potentiels candidats à ses tournois. Peut-être, qu’après réussite, la Fifa choisira, en début d’année 2018, ceux qui vont aller à la Coupe du monde en Russie.
Nous, on a espoir de pouvoir participer. En tout cas, c’est notre souhait de partciper avant de raccrocher. Mais, une fois encore, je dis que le chemin est très très long. Nous sollicitions toijours les prières des Sénégalais.

Comment avez-vous vécu de loin, les mauvais résultats des athlètes sénégalais ?

Le souhait de tout un Sénégalais, c’est que partout où la nation est engagée dans une compétition, que les acteurs se retrouvent premiers ou deuxième ou, au moins, sur le podium. Les Jeux olympiques sont une compétition très rude. Nous l’avons remarqué, nos acteurs n’ont pas démérité.
Il y a des gens mieux placés que moi pour donner une appréciation plus objective ou positive par rapport aux moyens, à la préparation, etc. Il y en a qui sont mieux indiqués pour évaluer les efforts fournis par ces athlètes.
Moi je crois qu’une chose est de participer aux Jo et une autre est de pouvoir faire des résultats. Et tout dépend sérieusement les moyens mis en œuvre pour cela.

Votre dernier mot ?

Je voudrais personnellement rendre un hommage particulier à mes deux assistants, Djibril Camara et El Hadji Malick Samba, qui ont été braves et, durant tout le tournoi, ils sont restés concentrés et ont pris de très  bonnes décisions sur les hors jeux. Aucun hors jeu ne leur a échapé et ils n’ont signalé aucun hors jeu inexistant. Et dans notre collaboration, ils m’ont soufflé des choses avec la communication. ça m’a permis toujours de prendre la bonne décision. Aujourd’hui, ce résultat est celui du trio et non un résultat de Malang Diédhiou. Les diigeants qui étaient présents ont été satisfaits du résultat de notre trio.

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