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Wal Fadjri : Vous venez de tenir le congrès d’investiture de votre parti en grandes pompes sur l’esplanade de Diamalaye où se tient chaque année la prière des deux Rakaa. Est-ce par superstition ou quelque chose d’autre à guider le choix de cet endroit ? Macky SALL: certainement pas par superstition, au contraire nous avions voulu innover, oser également relever un défi par nous-mêmes. Diamalaye comme vous l’avez dit a été la place où Mame Limamou Laye a fait reculer la mer. C’est donc une place très importante pour la communauté religieuse sénégalaise, c’est également la place où Serigne Touba au départ de l’exil a fait ses deux prières: donc tous ces symboles étant importants. En plus nous voulions trouver une place assez ouverte qui ne soit pas un stade compte tenu des risques. Nous ne voulions pas prendre de risques. Nous voulions aussi un événement populaire en même temps, donc cette place s’est offerte à nous. Mais il faut dire que c’était un pari fou au départ, je dois dire d’ailleurs que beaucoup n’étaient pas d’accord, mais finalement je crois que le jeu en valait la chandelle.
Alors, vous avez mis les petits plats dans les grands. Vous aurez casqué des centaines de millions. D’où Macky Sall tire-t-il toutes ses ressources ?
D’abord il faut rétablir les choses. On n’a pas casqué des centaines de millions. Nous avons casqué une centaine de millions : cent vingt (120) millions plus précisément. Cela a été le coût de ce congrès. Cent vingt millions c’est beaucoup, mais c’est en même temps à la dimension de notre coalition et aujourd’hui de notre parti. Nous avions voulu convier simplement au congrès les quatre mille représentants des comités de l’Apr. Pour rappel un comité c’est cent personnes, donc cela nous fait quatre cent (400) mille personnes qu’on ne peut pas tous amener à Diamalaye. Nous avons choisi deux par comité, c’était un choix difficile. Finalement, le choix qui s’est imposé à nous était de transporter le peu qu’on pouvait à raison de cinq cent (500) mille francs par département, ce qui fait que les départements périphériques n’ont pu avoir qu’un car que le parti leur a offert, mais on s’est rendu compte que les militants eux-mêmes ont donné trois fois, voire cinq fois plus que ce que le parti a donné. Donc, il faut bien comprendre une chose pour ce budget. A 80 % il a été mobilisé par les militants et sympathisants du parti. Il a également été donné par beaucoup de Sénégalais qui ont voulu soutenir nos efforts, donc, nous n’avons pas eu de difficultés majeures. Et pour l’anecdote, nous avions au départ commandé quinze (15) mille boubous pour les femmes mais c’était devenu une goutte d’eau. Et elles-mêmes du fait qu’elles achetaient le boubou, elles ont mobilisé 22,5 millions de francs le mercredi. Donc, ce sont les efforts de militants. Comme aussi pour la caution, ils se sont mobilisés et ont décaissé. C’est une approche nouvelle de la politique que je voudrais saluer.
Quel bilan tirez-vous de ce congrès d’investiture ?
C’est un bilan extrêmement positif et il a été l’aboutissement de tout un processus d’efforts depuis la création de notre parti le 1e décembre 2008. Nous avons pris le temps d’aller à la rencontre de nos compatriotes. Nous avons visité les villages, les hameaux et la diaspora pour être à l’écoute, regarder et appendre de nos compatriotes l’état des difficultés du pays, la nature de la demande sociale, ce que l’Etat a fait et ce qu’il n’a pas fait. C’est cette affection, cette fusion qui a permis la réussite du congrès, car tout le monde voulait venir. Et ils sont venus de partout, tout le Sénégal pour marquer une volonté en direction de février 2012. Quelque chose de nouveau est né samedi dernier, c’est la première fois dans l’histoire politique qu’un parti d’opposition, à travers un congrès d’investiture, puisse mobiliser et sa coalition une foule aussi nombreuse et aussi déterminée.
‘Je n’ai pas donné d’argent, d’ailleurs je n’ai pas d’argent à donner à un quelconque leader, donc ce ne sont pas des rapports d’intérêt qui me lient à ces leaders’.
Vous êtes le candidat de la coalition ‘Macky 2012’, qu’est-ce qu’elle représente, autrement dit quels sont ses atouts ?
C’est une coalition originale. D’abord je suis à la tête d’une coalition de vingt-neuf partis politiques et quatre mouvements citoyens compte non tenu des mouvements de soutien. Nous en avons déjà plus d’une trentaine. Notre coalition est une fédération de leaders de partis politiques issus d’une part de Bennoo, de la Cap 21, des partis non alignés mais aussi des partis indépendants. Notre règle c’est de nous élargir, d’accepter de mettre de côté notre côté partisan. Ces leaders ont compris que la patrie était plus importante que le parti et qu’ensemble nous pouvions agir et transformer positivement notre Sénégal. C’est à la portée des Sénégalais et notre coalition et la qualité des hommes et des femmes qui la constituent me réconforte sur les efforts que je dois mener pour accompagner ce mouvement.
Que pèsent-ils au plan électoral, ces partis et ces mouvements qui vous soutiennent ?
Je voudrais vous retourner la question. Que pèsent les autres pour qu’on se demande ce que mes partisans pèsent. Attendons les élections pour voir ce que les autres pèsent. Le poids des partis est très relatif puisque les partis naissent, grandissent et meurent : C’est le cycle de vie. Aujourd’hui, il y a des partis qui sont sur la pente décadente et qui vont sombrer au soir du 26 février et d’autres vont naîtrent. Donc attendons et ne faisons pas de caractérisation. Les partis politiques sont d’égale dignité, les leaders sont d’égale dignité. Je me réjouis de cheminer avec des hommes et des femmes de qualité. Je n’ai pas donné d’argent, d’ailleurs je n’ai pas d’argent à donner à un quelconque leader, donc ce ne sont pas des rapports d’intérêt qui me lient à ces leaders. Ce sont des rapports de respect et de confiance et je sais que parmi eux il y a des députés que je n’ai pas amenés à l’Assemblée nationale, c’est par leur travail qu’ils sont au Parlement. Il y a des professeurs d’université, des médecins. Il y a toutes sortes de leaders qui se retrouvent dans cette coalition. Des candidats déclarés ont renoncé et ont rejoint la coalition ‘Macky 2012’, qui, en réalité, devait porter un autre nom. Mais je suis convaincu qu’il y a la jeunesse, la compétence, le patriotisme et l’engagement des leaders et de leurs militants. C’est cette union qui pourra créer une dynamique de victoire en 2012.
A part ces atouts de la coalition, quels sont ceux de Macky Sall pris individuellement et qui pourraient amener les Sénégalais à voter pour vous plutôt que pour un autre ? Et quelles sont aussi vos faiblesses selon vous ?
Le moi est haïssable. Je n’aime pas parler de moi, ce n’est pas ma nature ni mon style, c’est donc aux gens de me juger. C’est aux gens de dire si je suis digne de confiance ou si je suis capable de diriger ce pays. Par contre, je sais que mes paroles sont conformes à mes actes. Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. Quand je ne suis pas d’accord je ne m’engage pas. Même si la terre devait se retourner je ne m’engage pas. On ne peut pas m’imposer des points de vue. Cependant, quand je m’engage, je le fais à fond, je ne me renie pas et je l’ai dit d’ailleurs, lorsque je devais quitter l’Assemblée nationale. Mon parti d’origine, le Pds à l’époque, j’avais dit qu’il faille me renier pour survivre politiquement je dis non. Alors les Sénégalais sont à la croisée des chemins, ils ont besoin de choisir un leader qui doit conduire avec toutes les forces vives de la Nation notre pays vers des cimes et des lendemains meilleurs. Pour ça, on juge d’abord sur les qualités et qu’on confonde nos engagements par rapport à nos parcours, parce qu’un candidat à l’élection présidentielle ne doit pas tomber du ciel : il a un parcours, un vécu, qu’on juge les engagements d’aujourd’hui par rapport aux vécus de chacun.
Pensez-vous avoir un pedigree qui plaide en votre faveur ?
Je pense que je suis un Sénégalais engagé dans la bataille de la construction de mon pays. Je fais de mon mieux. J’ai servi loyalement le pays, j’ai été suffisamment honnête dans mon engagement pour le Sénégal et je pense que sur cette base je suis fondé à pouvoir poursuivre cet objectif de servir davantage au niveau le plus élevé.
Pour en finir avec le congrès, on aura noté la présence d’Idrissa Seck. Comment avez-vous apprécié sa présence ?
D’abord, il faut dire qu’il y a eu la présence de tous les leaders qui étaient au Sénégal.
Mais c’est celle d’Idrissa Seck qui a attiré l’attention.
Idrissa Seck était là et je m’en réjouis. Je l’ai invité comme j’ai invité les autres leaders, il a tenu à venir et je le remercie pour cela comme j’ai remercié le doyen Amath Dansokho et tous ceux qui ont tenu à honorer de leur présence.
Vous avez signé la paix des braves ?
Quelle paix des braves ?
Il y a eu des échanges entre vous. Il vous a attaqué.
Je ne réponds pas aux attaques, c’est ma philosophie, il n’y a pas eu donc de hache de guerre parce qu’il faut être deux pour faire un conflit.
Il vous demande des comptes…
(Rires). Ca me fait rire vraiment, parce que cette histoire de Taïwan est drôle. Par la magie de la communication, on veut inventer un scandale qui n’existe pas. Aujourd’hui j’aurais détourné sur les sept milliards que le président a bien voulu à un moment mettre à la disposition du gouvernement qu’on m’aurait imputé cela. C’est cela ma responsabilité, ce n’est pas à moi d’ouvrir l’argent, ce n’est pas mon problème. Ce n’est pas moi qui suis allé chercher de l’argent j’ai seulement géré, donc on ne peut m’interpeller que sur la gestion. Y a-t-il eu sept milliards dépensés ? Oui ils ont été dépensés et je mets quiconque au défi de prouver le contraires. Mieux, je dis que si lui (Idrissa Seck : Ndlr) a des éléments compromettants, la justice sénégalaise est là je lui demande de les déposer et je répondrai allégrement à la justice. Je n’ai rien à me reprocher. Mais, on brandit une affaire dans la presse, on manipule des organes, on mobilise les réseaux Internet et en fait une bulle alors que les vrais problèmes ne sont pas posés, ce qui est dommage.
Cela veut dire que vous n’êtes pas inquiété par les députés qui menacent de mettre en place une commission d’enquête ?
Si l’Assemblée nationale le souhaitait, parce que c’est le contrôle parlementaire, elle peut faire une commission et si elle me convoque je viens. Je suis un républicain mais je ne leur dirai pas plus que ce que je vous ai déjà dit, parce qu’il y a rien d’autre. Sinon, c’est celui qui a donné qui doit répondre.
‘Je suis moi-même une victime réelle de ce manque d’Etat de droit. Il faudrait que le pouvoir judicaire exerce la souveraineté de son pouvoir’.
Idrissa Seck a promis de vous soutenir en cas de second tour. Prenez-vous l’engagement de le soutenir si vous n’êtes pas au second tour ?
Je l’ai dit au moins deux ans avant lui. C’est au Cdeps de Kaolack en avril 2009 parlant de la problématique de la candidature plurielle au sein de Bennoo, j’avais dit qu’il faut que Bennoo s’accorde pour soutenir le candidat le mieux placé au deuxième tour. Je m’engageais, si jamais je n’étais pas à ce niveau, à soutenir le candidat le mieux placé y compris lui, pourquoi pas ?
S’il s’appelait Idrissa Seck ?
Si le choix des Sénégalais c’est Idrissa Seck, je le respecterai. Mais je ne le pense pas.
Quels sont les axes majeurs concernant l’éradication de la pauvreté ?
Mon ambition, c’est de construire et d’indiquer le chemin du véritable développement. Cela suppose cinq axes majeurs sur lesquels je vais passer rapidement. Mais le premier aspect le plus important, c’est de mettre un terme à l’injustice sociale. Notre pays connaît une injustice criarde que ce soit dans le domaine de la couverture maladie qui est le domaine le plus sensible. Imaginez un Sénégalais qui tombe malade et qui n’a pas de couverture maladie ni d’assurance maladie. En milieu rural, il faut faire des kilomètres pour arriver au poste de santé qui ne dispose pas très souvent de médicaments. En plus, avant toute chose, on vous dira d’aller faire une radiographie ou un scanneur. Croyez-vous qu’un Sénégalais qui a moins de cinq (500) francs par jour et parfois qui ne l’a pas peut faire face à une telle situation ? Et il n’y a rien qui est prévu pour apporter une solution à ce type de problème social. Je ne parle pas des hémodialysés. Le Sénégal a très peu de capacités. Les gens quittent des zones lointaines pour se faire dialyser avec le coût auquel ils doivent faire face. Malgré les efforts du gouvernement la dialyse reste hors de portée de la majorité des Sénégalais. Il en est de même pour d’autres maladies comme le diabète. Il nous faut donc trouver une solution sur la prise en charge des malades afin d’arriver à une couverture maladie universelle.
Nous avons environ 80 mille agents de la fonction publique, 230 mille salariés du secteur privé, c’est à peine 300 mille personnes qui ont un revenu net maîtrisé sur une population de 13 millions, voilà le défi. Comment couvrir les besoins en assurance-maladie des paysans. Comment couvrir tous ces chauffeurs qui sont au quotidien sur les routes avec le taux d’accident. Donc l’enjeu est de construire, une caisse nationale de solidarité-maladie qui soit transparente. Cette construction devrait permettre de prendre en charge ces catégories qui sont pour l’instant laissées en rade.
‘Si je suis élu président de la République, un enfant ne restera plus à la maison, parce que sa maman ne peut pas lui assurer le minimum pour qu’il aille à l’école’
Je parle également des mères de famille qui n’ont pas de revenu nécessaire pour accompagner leurs enfants à l’école. Par rapport à cette catégorie, si je suis élu président de la République, un enfant ne restera plus à la maison, parce que sa maman ne peut pas lui assurer le minimum pour qu’il aille à l’école. On donnera une bourse de sécurité familiale, une somme de 100 mille francs par an pourrait concerner au minimum 250 mille familles pour les accompagner. Je me rappelle de nos temps les fils de paysans avaient des bourses à partir de la sixième. Ils allaient au collège et au lycée avec un internat pour manger et dormir et ils faisaient leurs études. Avec les politiques d’ajustement tout cela a été remis en cause. Aujourd’hui les mêmes bailleurs savent d’ailleurs qu’il faut revenir à la cantine scolaire et grâce à certains programmes on y revient progressivement. Mais il faudra le faire de façon systématique pour les catégories vulnérables. Le deuxième axe c’est de construire les bases du développement parce qu’un développement suppose des infrastructures. Vous avez d’abord les routes, mais les routes ce n’est pas seulement l’autoroute et la corniche la plus belle.
Mettre une centaine de milliards sur moins de 20 km ce n’est pas ça le développement. Et c’est pourquoi malgré les milliards injectés dans le secteur des infrastructures, elles n’impactent pas sur la croissance, parce que les investissements n’ont pas été judicieux et ils ont été très chers. La compétition n’a pas été suffisamment optimale pour impacter sur la croissance. Donc nous disons qu’il faut des infrastructures d’abord vers les zones de productions agricoles. Il s’agit ici des fameuses pistes de production. Il nous faut développer dans la zone sylvo-pastorale, un réseau densifié de forages puisque les pasteurs sont fatigués, ils sont stressés, il faut des forages des pistes de production, de l’énergie. Si ces questions ne sont pas réglées, si on parle de développement, on va juste causer, mais on n’avancera pas.
Les bases du développement c’est aussi la formation professionnelle. Nous avons trop négligé la formation professionnelle puisqu’au lendemain des indépendances du fait que le colon voulait avoir des interprètes dans les tribunaux, des commis d’administration, on a pensé que tout ce qui est manuel est avilissant. Et personne ne voulait mettre ses enfants dans le secteur de la formation professionnelle, l’Etat lui-même n’a pas voulu injecter de l’argent dans la formation professionnelle. Or si vous prenez des économies comme l’Allemagne, elles se sont appuyées sur le volet de la formation professionnelle pour avoir un tissu industriel aussi développé et aussi compétitif.
Le troisième acte, c’est d’assurer une productivité développante. Le développement, c’est la production, mais si on passe son temps à consommer, je pense qu’on ne se développera jamais. C’est ça la différence pays industrialisés et nous-mêmes qui sommes des consommateurs de tout qui ne produisons rien du tout. Il nous faut produire de la valeur ajoutée, il nous faut transformer nos productions agricoles, céréalières. Nous avons énormément de fruits mais nos jus nous viennent d’Indonésie, d’Egypte et d’ailleurs. Ce n’est pas normal. Il faut que l’on puisse transformer l’arachide, nous avons d’ailleurs dans notre coalition, un industriel qui a eu une expérience intéressante à fatigue dans la transformation de l’arachide en chocolat.
Quatrième axe, c’est de développer un modèle démocratique respectable. Parce que tant que nous n’avons pas un Etat de droit, tant que la démocratie n’est pas viable, tant que l’Etat ne fonctionne pas selon des principes républicains, tout ce que nous voulons construire, nous ne pourrons pas le faire. Puisque ceux qui vont diriger ne se sentiront pas responsables devant les populations. Ils ne rendront pas compte. Ils feront des options hasardeuses qui nous coûteront les yeux de la tête sans conséquences. Donc le budget lui-même ne sera pas optimisé dans son utilisation et dans sa répartition. Donc la démocratie, elle est fondamentale. Il faut l’équilibre entre les Institutions. Je suis moi-même une victime réelle de ce manque d’Etat de droit. Il faudrait que le pouvoir judicaire exerce la souveraineté de son pouvoir. Au moment où d’ailleurs on est en train de faire des malheurs à la cour des comptes, je dis ici que si je suis élu, la cour des comptes accédera aux comptes de la présidence de la République, elle accédera aux comptes de l’Assemblée nationale. Donc elle sera renforcée et nous aurons une chambre régionale des comptes puisque je compte développer une politique de déconcentration et de décentralisation accrue et les budgets transférés seront exécutés dans les régions, les marchés se feront dans les régions. La Cour des comptes, l’Ige et tous les corps de contrôle suivront le mouvement, ce qui donc va désengorger Dakar et les environs. Le cinquième et dernier axe, c’est de nous occuper de la paix, de la sécurité, de l’intégration économique africaine.
‘Si je suis élu, la première chose que je vais faire, c’est l’audit des comptes de la Nation’.
Quelles solutions préconisez-vous pour la résolution définitive de la crise casamançaise ?
La paix en Casamance va être un volet extrêmement important de notre action parce que le Sénégal a payé un tribut très lourd. Beaucoup de sang a été versé en Casamance et les Casamançais ont longtemps souffert par ce conflit. Il s’agira donc d’instaurer un dialogue national ouvert inclusif en y incluant toutes les parties intéressées par ce conflit y compris nos partenaires de la Gambie et de la Guinée-Bissau.
C’est cela la solution selon vous ?
C’est la recherche de solutions. Je ne serais pas péremptoire pour dire que j’ai la solution. Cela n’aurait pas de sens parce que cela fait trente ans que le conflit est là. Mais je peux m’engager et je mettrai tous les efforts nécessaires pour arriver à une solution rapide et durable.
Wade avait promis de régler le conflit en Cent jours, vous vous donnez combien de temps pour y arriver ?
Je ne m’engage pas des délais irréalistes. La preuve, ça a fait long feu. Je crois que vous pouvez d’ailleurs l’inviter et lui poser la question. Je pense que si on se donne les moyens d’engager sincèrement le dialogue entre les franges restantes du Mfdc, l’Etat du Sénégal, de toute la société civile casamançaise mais aussi de toutes les bonnes volontés sénégalaises, gambiennes et Bissau-Guinéennes, avec un nouveau pouvoir nous pouvons arriver à la paix.
Il vous sera quand même très difficile de critiquer le bilan du régime libéral puisque vous êtes en partie comptable d’une bonne partie de ce que les libéraux ont fait dans ce pays.
Oui je suis comptable de ce que j’ai fait. Mais je ne suis pas comptable de ce que je n’ai pas fait. J’assume ma part de responsabilité dans ce que j’ai fait. L’alternance a été le choix des Sénégalais. Ca été un combat de plusieurs années. Un combat de démocrates qui a permis en 2000 de changer le parti socialiste et mettre Abdoulaye Wade à la tête du pays. Et nous l’avions accompagné bien des années avant l’alternance. Nous sommes venus avec lui, nous avons exercé avec lui jusqu’à notre rupture. On a été ensemble quand ça a été possible, quand il n’était plus possible de cohabiter avec lui nous avons assumé. J’ai démissionné du Pds, on ne m’a pas exclu. Quand je ne peux plus m’épanouir dans mon groupe, quand mon propre parti ne me donne plus l’espace vital pour exercer, je pense que je ne peux plus rester là-bas. Ce n’est pas parce que j’étais président de l’Assemblée nationale ou que je pouvais occuper une autre sinécure que je devais rester. C’est moi qui ai pris la décision de démissionner.
Dites plutôt qu’on vous a obligé à démissionner ?
Non, on a poussé des gens à pire que ça et ils sont restés. Mais moi, il y a des principes sur lesquels je ne peux pas bouger. On m’a poussé à démissionner ? oui. On m’a demandé de démissionner, j’ai refusé parce que je n’avais pas à démissionner simplement pour avoir envoyé un courrier. Une demande de l’Assemblée nationale qui n’était d’ailleurs pas mon courrier. Ce sont les députés qui ont demandé à auditionner l’Anoci, la moindre des choses pour le président de l’Assemblée nationale c’était de convoquer. C’est que j’ai fait. Et voilà la source du conflit. Ensuite on m’a demandé de partir, j’ai dit ‘non, vous confondez serviettes et torchons, ce n’est pas parce qu’on est dans le même parti que pour l’Institution quand je prends mes responsabilités je dois vous rendre des comptes’.
Ensuite ils ont brandi des menaces et tout, mais en vain. Finalement la Constitution a été changée pour me destituer. C’est ça qui est d’ailleurs drôle. Je les entends maintenant défendre la candidature de Wade en criant que la loi ne peut pas être retro-active. Mais je leur dis qu’ils ont la mémoire courte car la loi qui a destitué Macky Sall a été d’application immédiate. Donc c’est une loi constitutionnelle. Donc mon mandat qui était de cinq ans a été ramené à un an. Ils ne se sont pas arrêtés-là. Ils ont pris une autre loi du règlement intérieur qui dit que les députés peuvent virer le président de l’Assemblée nationale quand ils le veulent donc ils votent et il est destitué. En conséquence, aujourd’hui, je dis que les deux mandats on ne peut pas y revenir. C’est clair comme l’eau de roche, Wade n’a pas le droit de se présenter en 2012.
Vous avez cité tout à l’heure l’Anoci piloté par Karim Wade qui est cité dans beaucoup de scandales financiers. Est-ce qu’en cas d’élection de Macky Sall, le fils du président de la République va rendre des comptes ?
Ah oui, si je suis élu, la première chose que je vais faire, c’est l’audit des comptes de la Nation. Il faut que je sache dans quel état j’ai trouvé le Sénégal. Du point de vue des engagements financiers et extérieurs. Quel est le niveau de la dette, on passera aux grands projets pour faire l’audit. On fera l’audit du foncier également. Mais je ne ferai pas ici de procès d’intention. Ce n’est pas ça mon objectif. Par contre si quelqu’un est fautif sur cette question on lui appliquera la loi comme tout le monde. Mais je ne m’acharnerais pas sur quelqu’un parce qu’il est le fils du chef de l’Etat. Si ces audits objectifs qui ne seront pas une chasse aux sorcières révèlent des manquements graves, la suite qui devra être donnée sera donnée conformément aux lois et règlements du pays. Rien de nouveau ne sera créée. Comme dit Lavoisier rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme. A suivre
Réalisé par Georges Nesta DIOP, Pierre Edouard FAYE (Walf Tv) et Charles. Gaïky DIENE
walfadjiri
Alors, vous avez mis les petits plats dans les grands. Vous aurez casqué des centaines de millions. D’où Macky Sall tire-t-il toutes ses ressources ?
D’abord il faut rétablir les choses. On n’a pas casqué des centaines de millions. Nous avons casqué une centaine de millions : cent vingt (120) millions plus précisément. Cela a été le coût de ce congrès. Cent vingt millions c’est beaucoup, mais c’est en même temps à la dimension de notre coalition et aujourd’hui de notre parti. Nous avions voulu convier simplement au congrès les quatre mille représentants des comités de l’Apr. Pour rappel un comité c’est cent personnes, donc cela nous fait quatre cent (400) mille personnes qu’on ne peut pas tous amener à Diamalaye. Nous avons choisi deux par comité, c’était un choix difficile. Finalement, le choix qui s’est imposé à nous était de transporter le peu qu’on pouvait à raison de cinq cent (500) mille francs par département, ce qui fait que les départements périphériques n’ont pu avoir qu’un car que le parti leur a offert, mais on s’est rendu compte que les militants eux-mêmes ont donné trois fois, voire cinq fois plus que ce que le parti a donné. Donc, il faut bien comprendre une chose pour ce budget. A 80 % il a été mobilisé par les militants et sympathisants du parti. Il a également été donné par beaucoup de Sénégalais qui ont voulu soutenir nos efforts, donc, nous n’avons pas eu de difficultés majeures. Et pour l’anecdote, nous avions au départ commandé quinze (15) mille boubous pour les femmes mais c’était devenu une goutte d’eau. Et elles-mêmes du fait qu’elles achetaient le boubou, elles ont mobilisé 22,5 millions de francs le mercredi. Donc, ce sont les efforts de militants. Comme aussi pour la caution, ils se sont mobilisés et ont décaissé. C’est une approche nouvelle de la politique que je voudrais saluer.
Quel bilan tirez-vous de ce congrès d’investiture ?
C’est un bilan extrêmement positif et il a été l’aboutissement de tout un processus d’efforts depuis la création de notre parti le 1e décembre 2008. Nous avons pris le temps d’aller à la rencontre de nos compatriotes. Nous avons visité les villages, les hameaux et la diaspora pour être à l’écoute, regarder et appendre de nos compatriotes l’état des difficultés du pays, la nature de la demande sociale, ce que l’Etat a fait et ce qu’il n’a pas fait. C’est cette affection, cette fusion qui a permis la réussite du congrès, car tout le monde voulait venir. Et ils sont venus de partout, tout le Sénégal pour marquer une volonté en direction de février 2012. Quelque chose de nouveau est né samedi dernier, c’est la première fois dans l’histoire politique qu’un parti d’opposition, à travers un congrès d’investiture, puisse mobiliser et sa coalition une foule aussi nombreuse et aussi déterminée.
‘Je n’ai pas donné d’argent, d’ailleurs je n’ai pas d’argent à donner à un quelconque leader, donc ce ne sont pas des rapports d’intérêt qui me lient à ces leaders’.
Vous êtes le candidat de la coalition ‘Macky 2012’, qu’est-ce qu’elle représente, autrement dit quels sont ses atouts ?
C’est une coalition originale. D’abord je suis à la tête d’une coalition de vingt-neuf partis politiques et quatre mouvements citoyens compte non tenu des mouvements de soutien. Nous en avons déjà plus d’une trentaine. Notre coalition est une fédération de leaders de partis politiques issus d’une part de Bennoo, de la Cap 21, des partis non alignés mais aussi des partis indépendants. Notre règle c’est de nous élargir, d’accepter de mettre de côté notre côté partisan. Ces leaders ont compris que la patrie était plus importante que le parti et qu’ensemble nous pouvions agir et transformer positivement notre Sénégal. C’est à la portée des Sénégalais et notre coalition et la qualité des hommes et des femmes qui la constituent me réconforte sur les efforts que je dois mener pour accompagner ce mouvement.
Que pèsent-ils au plan électoral, ces partis et ces mouvements qui vous soutiennent ?
Je voudrais vous retourner la question. Que pèsent les autres pour qu’on se demande ce que mes partisans pèsent. Attendons les élections pour voir ce que les autres pèsent. Le poids des partis est très relatif puisque les partis naissent, grandissent et meurent : C’est le cycle de vie. Aujourd’hui, il y a des partis qui sont sur la pente décadente et qui vont sombrer au soir du 26 février et d’autres vont naîtrent. Donc attendons et ne faisons pas de caractérisation. Les partis politiques sont d’égale dignité, les leaders sont d’égale dignité. Je me réjouis de cheminer avec des hommes et des femmes de qualité. Je n’ai pas donné d’argent, d’ailleurs je n’ai pas d’argent à donner à un quelconque leader, donc ce ne sont pas des rapports d’intérêt qui me lient à ces leaders. Ce sont des rapports de respect et de confiance et je sais que parmi eux il y a des députés que je n’ai pas amenés à l’Assemblée nationale, c’est par leur travail qu’ils sont au Parlement. Il y a des professeurs d’université, des médecins. Il y a toutes sortes de leaders qui se retrouvent dans cette coalition. Des candidats déclarés ont renoncé et ont rejoint la coalition ‘Macky 2012’, qui, en réalité, devait porter un autre nom. Mais je suis convaincu qu’il y a la jeunesse, la compétence, le patriotisme et l’engagement des leaders et de leurs militants. C’est cette union qui pourra créer une dynamique de victoire en 2012.
A part ces atouts de la coalition, quels sont ceux de Macky Sall pris individuellement et qui pourraient amener les Sénégalais à voter pour vous plutôt que pour un autre ? Et quelles sont aussi vos faiblesses selon vous ?
Le moi est haïssable. Je n’aime pas parler de moi, ce n’est pas ma nature ni mon style, c’est donc aux gens de me juger. C’est aux gens de dire si je suis digne de confiance ou si je suis capable de diriger ce pays. Par contre, je sais que mes paroles sont conformes à mes actes. Je dis ce que je fais et je fais ce que je dis. Quand je ne suis pas d’accord je ne m’engage pas. Même si la terre devait se retourner je ne m’engage pas. On ne peut pas m’imposer des points de vue. Cependant, quand je m’engage, je le fais à fond, je ne me renie pas et je l’ai dit d’ailleurs, lorsque je devais quitter l’Assemblée nationale. Mon parti d’origine, le Pds à l’époque, j’avais dit qu’il faille me renier pour survivre politiquement je dis non. Alors les Sénégalais sont à la croisée des chemins, ils ont besoin de choisir un leader qui doit conduire avec toutes les forces vives de la Nation notre pays vers des cimes et des lendemains meilleurs. Pour ça, on juge d’abord sur les qualités et qu’on confonde nos engagements par rapport à nos parcours, parce qu’un candidat à l’élection présidentielle ne doit pas tomber du ciel : il a un parcours, un vécu, qu’on juge les engagements d’aujourd’hui par rapport aux vécus de chacun.
Pensez-vous avoir un pedigree qui plaide en votre faveur ?
Je pense que je suis un Sénégalais engagé dans la bataille de la construction de mon pays. Je fais de mon mieux. J’ai servi loyalement le pays, j’ai été suffisamment honnête dans mon engagement pour le Sénégal et je pense que sur cette base je suis fondé à pouvoir poursuivre cet objectif de servir davantage au niveau le plus élevé.
Pour en finir avec le congrès, on aura noté la présence d’Idrissa Seck. Comment avez-vous apprécié sa présence ?
D’abord, il faut dire qu’il y a eu la présence de tous les leaders qui étaient au Sénégal.
Mais c’est celle d’Idrissa Seck qui a attiré l’attention.
Idrissa Seck était là et je m’en réjouis. Je l’ai invité comme j’ai invité les autres leaders, il a tenu à venir et je le remercie pour cela comme j’ai remercié le doyen Amath Dansokho et tous ceux qui ont tenu à honorer de leur présence.
Vous avez signé la paix des braves ?
Quelle paix des braves ?
Il y a eu des échanges entre vous. Il vous a attaqué.
Je ne réponds pas aux attaques, c’est ma philosophie, il n’y a pas eu donc de hache de guerre parce qu’il faut être deux pour faire un conflit.
Il vous demande des comptes…
(Rires). Ca me fait rire vraiment, parce que cette histoire de Taïwan est drôle. Par la magie de la communication, on veut inventer un scandale qui n’existe pas. Aujourd’hui j’aurais détourné sur les sept milliards que le président a bien voulu à un moment mettre à la disposition du gouvernement qu’on m’aurait imputé cela. C’est cela ma responsabilité, ce n’est pas à moi d’ouvrir l’argent, ce n’est pas mon problème. Ce n’est pas moi qui suis allé chercher de l’argent j’ai seulement géré, donc on ne peut m’interpeller que sur la gestion. Y a-t-il eu sept milliards dépensés ? Oui ils ont été dépensés et je mets quiconque au défi de prouver le contraires. Mieux, je dis que si lui (Idrissa Seck : Ndlr) a des éléments compromettants, la justice sénégalaise est là je lui demande de les déposer et je répondrai allégrement à la justice. Je n’ai rien à me reprocher. Mais, on brandit une affaire dans la presse, on manipule des organes, on mobilise les réseaux Internet et en fait une bulle alors que les vrais problèmes ne sont pas posés, ce qui est dommage.
Cela veut dire que vous n’êtes pas inquiété par les députés qui menacent de mettre en place une commission d’enquête ?
Si l’Assemblée nationale le souhaitait, parce que c’est le contrôle parlementaire, elle peut faire une commission et si elle me convoque je viens. Je suis un républicain mais je ne leur dirai pas plus que ce que je vous ai déjà dit, parce qu’il y a rien d’autre. Sinon, c’est celui qui a donné qui doit répondre.
‘Je suis moi-même une victime réelle de ce manque d’Etat de droit. Il faudrait que le pouvoir judicaire exerce la souveraineté de son pouvoir’.
Idrissa Seck a promis de vous soutenir en cas de second tour. Prenez-vous l’engagement de le soutenir si vous n’êtes pas au second tour ?
Je l’ai dit au moins deux ans avant lui. C’est au Cdeps de Kaolack en avril 2009 parlant de la problématique de la candidature plurielle au sein de Bennoo, j’avais dit qu’il faut que Bennoo s’accorde pour soutenir le candidat le mieux placé au deuxième tour. Je m’engageais, si jamais je n’étais pas à ce niveau, à soutenir le candidat le mieux placé y compris lui, pourquoi pas ?
S’il s’appelait Idrissa Seck ?
Si le choix des Sénégalais c’est Idrissa Seck, je le respecterai. Mais je ne le pense pas.
Quels sont les axes majeurs concernant l’éradication de la pauvreté ?
Mon ambition, c’est de construire et d’indiquer le chemin du véritable développement. Cela suppose cinq axes majeurs sur lesquels je vais passer rapidement. Mais le premier aspect le plus important, c’est de mettre un terme à l’injustice sociale. Notre pays connaît une injustice criarde que ce soit dans le domaine de la couverture maladie qui est le domaine le plus sensible. Imaginez un Sénégalais qui tombe malade et qui n’a pas de couverture maladie ni d’assurance maladie. En milieu rural, il faut faire des kilomètres pour arriver au poste de santé qui ne dispose pas très souvent de médicaments. En plus, avant toute chose, on vous dira d’aller faire une radiographie ou un scanneur. Croyez-vous qu’un Sénégalais qui a moins de cinq (500) francs par jour et parfois qui ne l’a pas peut faire face à une telle situation ? Et il n’y a rien qui est prévu pour apporter une solution à ce type de problème social. Je ne parle pas des hémodialysés. Le Sénégal a très peu de capacités. Les gens quittent des zones lointaines pour se faire dialyser avec le coût auquel ils doivent faire face. Malgré les efforts du gouvernement la dialyse reste hors de portée de la majorité des Sénégalais. Il en est de même pour d’autres maladies comme le diabète. Il nous faut donc trouver une solution sur la prise en charge des malades afin d’arriver à une couverture maladie universelle.
Nous avons environ 80 mille agents de la fonction publique, 230 mille salariés du secteur privé, c’est à peine 300 mille personnes qui ont un revenu net maîtrisé sur une population de 13 millions, voilà le défi. Comment couvrir les besoins en assurance-maladie des paysans. Comment couvrir tous ces chauffeurs qui sont au quotidien sur les routes avec le taux d’accident. Donc l’enjeu est de construire, une caisse nationale de solidarité-maladie qui soit transparente. Cette construction devrait permettre de prendre en charge ces catégories qui sont pour l’instant laissées en rade.
‘Si je suis élu président de la République, un enfant ne restera plus à la maison, parce que sa maman ne peut pas lui assurer le minimum pour qu’il aille à l’école’
Je parle également des mères de famille qui n’ont pas de revenu nécessaire pour accompagner leurs enfants à l’école. Par rapport à cette catégorie, si je suis élu président de la République, un enfant ne restera plus à la maison, parce que sa maman ne peut pas lui assurer le minimum pour qu’il aille à l’école. On donnera une bourse de sécurité familiale, une somme de 100 mille francs par an pourrait concerner au minimum 250 mille familles pour les accompagner. Je me rappelle de nos temps les fils de paysans avaient des bourses à partir de la sixième. Ils allaient au collège et au lycée avec un internat pour manger et dormir et ils faisaient leurs études. Avec les politiques d’ajustement tout cela a été remis en cause. Aujourd’hui les mêmes bailleurs savent d’ailleurs qu’il faut revenir à la cantine scolaire et grâce à certains programmes on y revient progressivement. Mais il faudra le faire de façon systématique pour les catégories vulnérables. Le deuxième axe c’est de construire les bases du développement parce qu’un développement suppose des infrastructures. Vous avez d’abord les routes, mais les routes ce n’est pas seulement l’autoroute et la corniche la plus belle.
Mettre une centaine de milliards sur moins de 20 km ce n’est pas ça le développement. Et c’est pourquoi malgré les milliards injectés dans le secteur des infrastructures, elles n’impactent pas sur la croissance, parce que les investissements n’ont pas été judicieux et ils ont été très chers. La compétition n’a pas été suffisamment optimale pour impacter sur la croissance. Donc nous disons qu’il faut des infrastructures d’abord vers les zones de productions agricoles. Il s’agit ici des fameuses pistes de production. Il nous faut développer dans la zone sylvo-pastorale, un réseau densifié de forages puisque les pasteurs sont fatigués, ils sont stressés, il faut des forages des pistes de production, de l’énergie. Si ces questions ne sont pas réglées, si on parle de développement, on va juste causer, mais on n’avancera pas.
Les bases du développement c’est aussi la formation professionnelle. Nous avons trop négligé la formation professionnelle puisqu’au lendemain des indépendances du fait que le colon voulait avoir des interprètes dans les tribunaux, des commis d’administration, on a pensé que tout ce qui est manuel est avilissant. Et personne ne voulait mettre ses enfants dans le secteur de la formation professionnelle, l’Etat lui-même n’a pas voulu injecter de l’argent dans la formation professionnelle. Or si vous prenez des économies comme l’Allemagne, elles se sont appuyées sur le volet de la formation professionnelle pour avoir un tissu industriel aussi développé et aussi compétitif.
Le troisième acte, c’est d’assurer une productivité développante. Le développement, c’est la production, mais si on passe son temps à consommer, je pense qu’on ne se développera jamais. C’est ça la différence pays industrialisés et nous-mêmes qui sommes des consommateurs de tout qui ne produisons rien du tout. Il nous faut produire de la valeur ajoutée, il nous faut transformer nos productions agricoles, céréalières. Nous avons énormément de fruits mais nos jus nous viennent d’Indonésie, d’Egypte et d’ailleurs. Ce n’est pas normal. Il faut que l’on puisse transformer l’arachide, nous avons d’ailleurs dans notre coalition, un industriel qui a eu une expérience intéressante à fatigue dans la transformation de l’arachide en chocolat.
Quatrième axe, c’est de développer un modèle démocratique respectable. Parce que tant que nous n’avons pas un Etat de droit, tant que la démocratie n’est pas viable, tant que l’Etat ne fonctionne pas selon des principes républicains, tout ce que nous voulons construire, nous ne pourrons pas le faire. Puisque ceux qui vont diriger ne se sentiront pas responsables devant les populations. Ils ne rendront pas compte. Ils feront des options hasardeuses qui nous coûteront les yeux de la tête sans conséquences. Donc le budget lui-même ne sera pas optimisé dans son utilisation et dans sa répartition. Donc la démocratie, elle est fondamentale. Il faut l’équilibre entre les Institutions. Je suis moi-même une victime réelle de ce manque d’Etat de droit. Il faudrait que le pouvoir judicaire exerce la souveraineté de son pouvoir. Au moment où d’ailleurs on est en train de faire des malheurs à la cour des comptes, je dis ici que si je suis élu, la cour des comptes accédera aux comptes de la présidence de la République, elle accédera aux comptes de l’Assemblée nationale. Donc elle sera renforcée et nous aurons une chambre régionale des comptes puisque je compte développer une politique de déconcentration et de décentralisation accrue et les budgets transférés seront exécutés dans les régions, les marchés se feront dans les régions. La Cour des comptes, l’Ige et tous les corps de contrôle suivront le mouvement, ce qui donc va désengorger Dakar et les environs. Le cinquième et dernier axe, c’est de nous occuper de la paix, de la sécurité, de l’intégration économique africaine.
‘Si je suis élu, la première chose que je vais faire, c’est l’audit des comptes de la Nation’.
Quelles solutions préconisez-vous pour la résolution définitive de la crise casamançaise ?
La paix en Casamance va être un volet extrêmement important de notre action parce que le Sénégal a payé un tribut très lourd. Beaucoup de sang a été versé en Casamance et les Casamançais ont longtemps souffert par ce conflit. Il s’agira donc d’instaurer un dialogue national ouvert inclusif en y incluant toutes les parties intéressées par ce conflit y compris nos partenaires de la Gambie et de la Guinée-Bissau.
C’est cela la solution selon vous ?
C’est la recherche de solutions. Je ne serais pas péremptoire pour dire que j’ai la solution. Cela n’aurait pas de sens parce que cela fait trente ans que le conflit est là. Mais je peux m’engager et je mettrai tous les efforts nécessaires pour arriver à une solution rapide et durable.
Wade avait promis de régler le conflit en Cent jours, vous vous donnez combien de temps pour y arriver ?
Je ne m’engage pas des délais irréalistes. La preuve, ça a fait long feu. Je crois que vous pouvez d’ailleurs l’inviter et lui poser la question. Je pense que si on se donne les moyens d’engager sincèrement le dialogue entre les franges restantes du Mfdc, l’Etat du Sénégal, de toute la société civile casamançaise mais aussi de toutes les bonnes volontés sénégalaises, gambiennes et Bissau-Guinéennes, avec un nouveau pouvoir nous pouvons arriver à la paix.
Il vous sera quand même très difficile de critiquer le bilan du régime libéral puisque vous êtes en partie comptable d’une bonne partie de ce que les libéraux ont fait dans ce pays.
Oui je suis comptable de ce que j’ai fait. Mais je ne suis pas comptable de ce que je n’ai pas fait. J’assume ma part de responsabilité dans ce que j’ai fait. L’alternance a été le choix des Sénégalais. Ca été un combat de plusieurs années. Un combat de démocrates qui a permis en 2000 de changer le parti socialiste et mettre Abdoulaye Wade à la tête du pays. Et nous l’avions accompagné bien des années avant l’alternance. Nous sommes venus avec lui, nous avons exercé avec lui jusqu’à notre rupture. On a été ensemble quand ça a été possible, quand il n’était plus possible de cohabiter avec lui nous avons assumé. J’ai démissionné du Pds, on ne m’a pas exclu. Quand je ne peux plus m’épanouir dans mon groupe, quand mon propre parti ne me donne plus l’espace vital pour exercer, je pense que je ne peux plus rester là-bas. Ce n’est pas parce que j’étais président de l’Assemblée nationale ou que je pouvais occuper une autre sinécure que je devais rester. C’est moi qui ai pris la décision de démissionner.
Dites plutôt qu’on vous a obligé à démissionner ?
Non, on a poussé des gens à pire que ça et ils sont restés. Mais moi, il y a des principes sur lesquels je ne peux pas bouger. On m’a poussé à démissionner ? oui. On m’a demandé de démissionner, j’ai refusé parce que je n’avais pas à démissionner simplement pour avoir envoyé un courrier. Une demande de l’Assemblée nationale qui n’était d’ailleurs pas mon courrier. Ce sont les députés qui ont demandé à auditionner l’Anoci, la moindre des choses pour le président de l’Assemblée nationale c’était de convoquer. C’est que j’ai fait. Et voilà la source du conflit. Ensuite on m’a demandé de partir, j’ai dit ‘non, vous confondez serviettes et torchons, ce n’est pas parce qu’on est dans le même parti que pour l’Institution quand je prends mes responsabilités je dois vous rendre des comptes’.
Ensuite ils ont brandi des menaces et tout, mais en vain. Finalement la Constitution a été changée pour me destituer. C’est ça qui est d’ailleurs drôle. Je les entends maintenant défendre la candidature de Wade en criant que la loi ne peut pas être retro-active. Mais je leur dis qu’ils ont la mémoire courte car la loi qui a destitué Macky Sall a été d’application immédiate. Donc c’est une loi constitutionnelle. Donc mon mandat qui était de cinq ans a été ramené à un an. Ils ne se sont pas arrêtés-là. Ils ont pris une autre loi du règlement intérieur qui dit que les députés peuvent virer le président de l’Assemblée nationale quand ils le veulent donc ils votent et il est destitué. En conséquence, aujourd’hui, je dis que les deux mandats on ne peut pas y revenir. C’est clair comme l’eau de roche, Wade n’a pas le droit de se présenter en 2012.
Vous avez cité tout à l’heure l’Anoci piloté par Karim Wade qui est cité dans beaucoup de scandales financiers. Est-ce qu’en cas d’élection de Macky Sall, le fils du président de la République va rendre des comptes ?
Ah oui, si je suis élu, la première chose que je vais faire, c’est l’audit des comptes de la Nation. Il faut que je sache dans quel état j’ai trouvé le Sénégal. Du point de vue des engagements financiers et extérieurs. Quel est le niveau de la dette, on passera aux grands projets pour faire l’audit. On fera l’audit du foncier également. Mais je ne ferai pas ici de procès d’intention. Ce n’est pas ça mon objectif. Par contre si quelqu’un est fautif sur cette question on lui appliquera la loi comme tout le monde. Mais je ne m’acharnerais pas sur quelqu’un parce qu’il est le fils du chef de l’Etat. Si ces audits objectifs qui ne seront pas une chasse aux sorcières révèlent des manquements graves, la suite qui devra être donnée sera donnée conformément aux lois et règlements du pays. Rien de nouveau ne sera créée. Comme dit Lavoisier rien ne se perd rien ne se crée, tout se transforme. A suivre
Réalisé par Georges Nesta DIOP, Pierre Edouard FAYE (Walf Tv) et Charles. Gaïky DIENE
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