Lutte – Pape Abdou Fall, promoteur : «A un moment donné, je ne voulais plus du combat Modou Lô-Gris»
Après une saison époustouflante et très aboutie, le promoteur Pape Abdou Fall surfe encore sur le bonheur d’avoir réussi son pari de «sauver la lutte de la crise», comme il l’avait promis un 6 janvier 2016. Le patron de «Paf Production» s’est fixé un autre objectif pour 2017 : maintenir le flambeau, même s’il reconnaît que les difficultés d’organiser de grands événements de lutte avec frappe ont, par moments, fait leurs effets.
Félicitations pour la pleine saison, avec au sommet le combat Modou Lô-Gris Bordeaux que vous avez offert aux amateurs de la lutte. Alors que l’on craignait une saison difficile, vous avez pu organiser de belles affiches. Quel a été votre secret ?
Merci et félicitations à vous et au Groupe Futurs Médias qui avez contribué à la réussite de la saison 2015-2016. Pour le secret, je remercie le Bon Dieu, mes parents qui sont enterrés à Tivaouane. Je remercie tous les collaborateurs de «Paf Production», en l’occurrence Abdou Lakhat Ndiaye, Henry Ndiaye, Saba Fall, Khady, Maguette. Je remercie aussi mes pairs promoteurs, dont Aziz Ndiaye qui a contribué au succès du combat Gris Bordeaux-Modou Lô. C’est lui qui a pris sur lui les charges de trouver du sable pour remblayer l’enceinte qui était mouillée par la pluie. Mention spéciale au ministre de l’Economie et des finances, Amadou Bâ, parrain du combat Modou Lô-Gris Bordeaux. Je remercie aussi le Cng, les lutteurs, les amateurs et surtout le ministre des Sports qui n’a ménagé aucun effort pour le développement de la lutte, car c’est durant cette saison qu’on a eu la pose de la première pierre de l’arène nationale. Je n’oublie pas dans mes remerciements toute la presse et les communicateurs traditionnels, car sans vous, rien n’est visible. C’est vrai que cette année les gens s’alarmaient, mais j’avais l’intime conviction que la saison allait être parmi les meilleures. Dieu fait bien les choses. Nous avons pris notre courage en mains avec le concours des lutteurs qui ont été grands dans les démarches et dans le fait de trouver des solutions pour sauver la saison. Il n’y a pas de secret, c’est la main de Dieu parce que la lutte nourrit beaucoup de personnes au Sénégal. Si la lutte chute, ce sera fatal pour le Sénégal.
En ces moments de crise où les sponsors se font rares, comment avez-vous fait pour vous en sortir ?
Nous sommes dans l’arène depuis des années et on n’est pas seulement spécialisés dans l’organisation des combats de lutte. Nous sommes dans d’autres sphères. Dieu merci, nous avons pu décrocher des affiches de qualité. On a trouvé des structures qui ont confiance à «Paf Production» pour nous accompagner.
La saison vous a coûté combien de millions ?
Franchement, nous avons déboursé beaucoup d’argent. Des centaines de millions. Je n’aime pas parler de chiffres, mais on a mis beaucoup d’argent pour organiser les combats Bathie Séras-Zarko, Tonnerre-Moussa Ndoye, Garga-Boy Niang et Gris Bordeaux-Modou Lô.
Vous avez atteint le milliard Cfa ?
Non, non. Je pèse bien mes mots, on a dépensé des centaines de millions. Dieu merci, tous les galas se sont très bien passés et nous ne devons aucun franc à personne. J’ai tenu à remercier les lutteurs que nous avons engagés la saison écoulée. Les lutteurs m’ont compris et m’ont soutenu dans ce défi. Il fallait que tout le monde s’y mette pour prouver aux Sénégalais que la lutte n’est pas morte. Au soir du 31 juillet dernier (Jour du combat Modou Lô-Gris Bordeaux), les gens m’ont appelé à travers le monde pour me féliciter.
Est-ce que Modou Lô et Gris Bordeaux ont touché plus de 50 millions Cfa ? La question se pose parce que les promoteurs ont dénoncé les cachets exorbitants et avaient même parlé de plafond ?
Ils ont touché plus de 50 millions chacun. Permettez-moi de vous rappeler que l’idée de mettre la barre entre 50 et 75 millions date de deux à trois ans. C’était lors de la première assemblée générale des promoteurs. Mais depuis l’année passée, lors de notre dernière réunion, on a dit que chacun pouvait aller avec ses capacités financières. On n’oblige personne à faire quoi que ce soit. C’est clair qu’organiser un gala de lutte est très difficile. Engager des ténors qui réclament certains cachets, c’est très difficile. Ce qu’on doit faire, c’est une synergie. Que les lutteurs soient raisonnables avec les promoteurs et les sponsors, parce qu’aujourd’hui, on n’a pas un support beaucoup plus médiatique que la lutte. C’est pourquoi nous demandons la conjugaison des efforts pour trouver des solutions à cette crise. Il ne sert à rien que le Président Macky Sall nous construise une arène nationale et qu’après, la lutte tombe dans une crise. Je ne le permettrai pas. En tant que président de l’Association des promoteurs, je ferai tout pour que les promoteurs développent leur synergie. Nous devons rendre la monnaie au président de la République en tenant le flambeau de la lutte très haut. Comment nous promoteurs pouvons aider l’Etat ? C’est en créant de l’emploi pour la jeunesse. On doit nous aider à aider cette jeunesse. On doit demander aux structures étatiques, parapubliques et privées d’aider ce sport de chez nous qu’est la lutte.
«Si la lutte chute, ce sera fatal au Sénégal»
Est-ce que l’organisation du combat Modou Lô-Gris Bordeaux a été une satisfaction sur tous les plans ?
Pour être honnête, ça a été très difficile d’organiser ce combat. Ce n’était pas évident, car on nous mettait des bâtons dans les roues. C’était très difficile, mais par la grâce de Dieu, nous nous en sommes sortis.
Les difficultés étaient à quel niveau ?
A tous les niveaux. Le combat Gris Bordeaux-Modou Lô était très difficile à tenir, mais avec mon engagement et l’aide de mes collaborateurs, je n’ai jamais démissionné. C’est dans la douleur que nous avons persévéré. C’est dans la douleur que les idées germent. Ce n’était pas un combat facile. La campagne de communication, trouver des sponsors, entre autres, rien n’a été donné.
Pour la campagne de ce combat, vous aviez promis de communiquer sur terre, en mer et même dans les airs. A l’arrivée, même sur terre, il y a eu des couacs avec notamment le cafouillage sur l’Open press de Gris Bordeaux et d’autres cérémonies de présentation ratées…
Ce qui explique cela, c’est peut-être au niveau de Gris Bordeaux. Du côté de «Paf Production», on a fait ce qu’il fallait faire. On n’a pas à apprendre à Gris Bordeaux ce qu’il doit faire. Gris Bordeaux connaît son devoir envers les amateurs. Oui, on avait promis des campagnes sur terre, en mer et dans les airs. Mais quand on dit dans les airs, cela interpelle la conscience des annonceurs. On pouvait vendre la Destination Sénégal avec l’affiche Modou Lô-Gris. Ça, on pouvait le faire dans les airs et amener les gens à comprendre qu’au Sénégal, il y a un sport, une culture qui draine du monde et qui est à découvrir. Les compagnies aériennes ou le département du Tourisme devaient profiter de cette occasion pour promouvoir ce sport de chez nous. Malheureusement, on n’a pas eu des sponsors à ce niveau. Il y avait beaucoup de charges et on n’a pas voulu s’amuser pour après se mettre dans la merde.
Aujourd’hui, ces difficultés à monter de grands combats de lutte ont amené des promoteurs, pour ne pas citer Gaston et Aziz, à faire dans la coalition. Est-ce que cette expérience vous tente, ou vous pouvez voler de vos propres ailes ?
Je remercie au passage Gaston Mbengue qui est notre grand frère et président d’honneur de l’Association des promoteurs, et Aziz Ndiaye, mon premier vice-président. Je les encourage. On sait qu’ils sont trop pris par leurs activités professionnelles. Ils ont contribué au développement de la lutte en réussissant le retour de Yékini qui affrontait Lac 2 pour le compte du Drapeau de l’Emergence. Si nous autres osons nous investir dans ce secteur, c’est grâce à ces gens-là : Gaston Mbengue, Luc Nicolaï, Aziz Ndiaye, Sérigne Modou Niang, Petit Mbaye… Ils nous ont montré la bonne voie. Si Gaston et Aziz font dans la coalition pour organiser de grands événements, j’applaudis des deux mains. Je les félicite pour cette collaboration. Demain, «Paf Production» peut collaborer avec un autre promoteur pour l’intérêt de notre sport national.
Est-ce que cette forme de collaboration n’est pas une preuve qu’il est difficile pour un seul promoteur d’organiser de grands événements ?
Même le président de la République est arrivé à la magistrature suprême avec une alliance et gère ce pays avec des alliés. Les alliances, on peut les étendre un peu partout. Les difficultés sont là. Mais la logique voudrait qu’on les surmonte. Cette collaboration ne veut pas dire que Gaston et Aziz ont des difficultés. Je ne sais pas pourquoi cette alliance, mais du moment qu’elle permet de résoudre une difficulté, je demande à tout le monde de s’allier.
Vous avez terminé la saison 2016 sur une bonne note. Et là, vous semblez vouloir maintenir le flambeau d’autant que vous avez déjà monté une affiche (Boy Niang-Gouy Gui) pour le 1er janvier ?
On n’a plus le droit de mettre la pédale douce. La preuve, on a lancé Gouy Gui-Boy Niang 2 pour le 1er janvier 2017. Attendez-vous d’ici quelque temps à d’autres grosses affiches. Nous demandons à tous les secteurs de la lutte de nous accompagner pour relever des défis. Mon objectif principal est de ne pas décevoir. Notre mission, c’est de développer la lutte.
Quelles sont les grandes affiches qui vous traversent l’esprit par moments ?
Les grandes affiches, tous les amateurs les connaissent. Nous y travaillons. Les belles combinaisons ne finissent pas. J’en profite pour présenter mes excuses au Cng. J’étais malade. J’ai pris l’engagement d’amener Gouy Gui et Boy Niang 2 à Saint-Louis pour un face-à-face, alors que la saison est terminée. Je reconnais mon erreur et demande pardon au Cng. C’est une chose qui ne devait pas se faire.
Donc Gris Bordeaux a eu raison de ne pas faire le déplacement à Saint-Louis ?
Non, il n’avait pas raison. C’est le sponsor qui avait voulu de ce dernier face-à-face, comme ça se fait naturellement. Le combat qui n’était pas dans le sillage de 2015-2016, c’est Gouy Gui-Boy Niang 2. Je ne devais pas organiser ce face-à-face. Mais Gris et Modou devaient y être. Gris devait se comporter en gentleman. Que ce soit une victoire ou une défaite, il faut toujours rester zen. Il y a des choses qu’on ne doit plus voir dans la lutte. Après la défaite, des lutteurs se bunkerisent, tout ça c’est dépassé. On doit donner le bon exemple pour que les sponsors continuent de nous accompagner.
A Saint-Louis, vous avez promis de trouver un adversaire à Modou Lô. Qui sont ses potentiels adversaires ?
Tout ce que je peux vous dire, c’est qu’on trouvera un adversaire à Modou Lô. On pense à tous ses potentiels adversaires. Je suis un peu malade, mais dès que je serai rétabli, je vais m’y mettre.
«J’ai un contrat de confiance avec Modou Lô, je lui cherche un adversaire»
Cela veut dire que vous avez une mainmise sur Modou Lô. Avez-vous signé un contrat avec lui ?
Modou Lô est avec nous. Nous cherchons un adversaire pour lui. On n’a pas signé de contrat, mais nous avons un contrat de confiance.
Les revanches Modou Lô-Balla Gaye 2 et Modou Lô-Lac 2 sont plébiscitées. Etes-vous dans le coup ?
Nous sommes intéressés pas tous les combats susceptibles de plaire aux amateurs. Si Modou Lô veut bien affronter Balla Gaye 2, j’irai voir ce dernier. Idem pour Lac 2.
Il y a également l’affiche Bombardier-Eumeu Sène qui s’impose…
On est intéressés par tous les combats qui plaisent aux amateurs. Ce qui est clair, c’est que Modou Lô aura un combat pour la fin de saison à venir.
Dans votre parcours de promoteur de lutte, quels sont les moments les plus heureux et les plus malheureux ?
Pour vous résumer mon parcours, je suis natif de Tivaouane. Je suis un acteur du développement. Je suis le secrétaire exécutif de la Foire internationale de l’agriculture et des ressources animales du Sénégal (Fiara). Je suis dans l’arène depuis 2006. Avant, j’étais juste un amateur. Avant même que je me lance dans la lutte avec frappe, c’est la Fiara qui m’a poussé à être promoteur. Il était question d’organiser une fête culturelle pour les participants à la Fiara. On a saisi le Cng qui nous avait mis en rapport avec Gaston et Manga 2. C’est comme ça que je suis devenu promoteur. Mais il faut dire que cette année a été très dure. C’est le courage et la foi qui m’ont donné plus de force. J’ai eu beaucoup d’événements malheureux cette année. Le 5 avril, j’ai perdu mon oncle, le seul qui me restait parce que j’ai perdu mes parents très tôt. Trois semaines après, j’ai perdu la seule grand-mère chérie qui me restait. A 10 jours du combat Modou Lô-Gris, j’ai perdu ma petite sœur de même père et même mère. A un moment donné, j’ai pensé tout abandonner parce que je n’avais plus goût à la vie. Mais comme j’ai pris des engagements, il fallait aller jusqu’au bout. C’était très difficile. Quand les gens polémiquaient sur l’Open press manqué de Gris Bordeaux, ça ne me disait pas grand-chose parce que je n’en voulais plus. A ce moment, je ne voulais plus du combat, car la vie ne me disait plus rien. Ces trois décès successifs m’ont carrément terrassé. Maintenant, les moments heureux, c’est après le combat. Les gens m’ont appelé de partout pour me féliciter. J’étais fier d’avoir rendu tous les Sénégalais heureux. C’est ainsi que la déclaration que j’avais faite le 6 janvier, a eu son sens. J’avais dit que l’arène n’est pas en crise. Et par la grâce de Dieu, j’ai relevé le défi.
Quel est le combat qui vous a coûté le plus cher dans votre carrière de promoteur ?
C’est Modou Lô-Gris Bordeaux.
A quoi les amateurs doivent-ils s’attendre pour 2017 ?
On va maintenir le flambeau. On va organiser 4 à 5 grands événements.
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