Lupita Nyong’o, actrice Kenyane : Le diamant noir qui a conquis le cœur de Brad Pitt

Mardi 28 Janvier 2014

Déjà distinguée à plusieurs reprises pour son rôle d’esclave abusée dans le film de Steeve McQueen, sérieuse concurrente de Jennifer Lawrence aux prochains Oscars, la jeune femme de trente ans monte quatre à quatre les marches de la gloire. L’aboutissement d’un itinéraire peu ordinaire.


«Je me sens vraiment comme Cendrillon. J’ai la chance de voir mon rêve se réaliser et je suis excitée que cela arrive avec un film que j’ai aimé tourner et qui, à son échelle, va changer la face du monde.» C’est par ces quelques mots que Lupita Nyong’O résume sans doute le mieux son parcours. Il y aura désormais un avant et un après 12 Years a Slave pour elle. L’après brille déjà du lustre de prestigieuses récompenses. Récemment célébrée en tant que meilleur second rôle féminin aux Critics Choice Awards et aux Screen Actor Guild Awards, la belle Lupita peut aligner ces deux trophées, à la suite de seize autres prix. Et la récolte n’est pas terminée: à seulement trente ans, avec le seul film de Steve McQueen pour illustration de son talent, elle pourrait rafler l’Oscar de la «best supporting actress» à Jennifer Lawrence et Julia Roberts, ses deux plus sérieuses concurrentes, le 2 mars prochain.
Pour Brad Pitt, qui tient un petit rôle dans 12 Years a Slave, mais qui a surtout participé à la production de ce bouleversant long-métrage dans la lignée de La Couleur Pourpre, Lupita a nul doute l’étoffe d’une star : «C’est une jeune femme très spéciale. Elle n’a pas fini de nous épater.» C’est déjà le cas sur les tapis rouges qu’elle arpente avec une décontraction et une joie enfantine, drapée ici de rouge par Ralph Lauren (aux Golden Globes Awards), là de bleu turquoise par Gucci (aux Screen Actors Guild Awards). Preuve que son visage ne pourra davantage vous échapper: la maison Miu Miu, bien inspirée, l’a déjà shootée campagne pour sa campagne printemps-été 2014.
A l’inverse, d’autres talents bruts qui se sont laissé décolorer, sculpter et ripoliner, la belle Lupita a su, il est vrai, imposer sa différence et sa modernité. Si elle doit sa peau d’ébène et son nom de famille à ses racines kenyanes, son prénom s’explique par sa naissance au Mexique, où ses parents, exilés politiques, trouvèrent refuge au début des années quatre-vingt. C’est néanmoins sur la terre de ses ancêtres que cette benjamine d’une fratrie de six enfants fera ses premiers pas et qu’elle a choisi de vivre (jusqu’à présent…), après quelques mois au Mexique (à l’âge de seize ans, pour apprendre l’espagnol) et un cursus universitaire aux Etats-Unis (elle a étudié le cinéma et le théâtre au Hampshire Collège, puis à Yale).
Alors que son père, Peter Anyang Nyong’O, s’illustre en politique (élu membre du parlement kenyan en 1993, il sera ministre du Développe­ment national, puis ministre de la Santé de son pays, entre 2005 et 2013, et siège actuellement en tant que sénateur), Lupita, même loin d’Hollywood, rêve de grand écran. Comme une prémonition, un film l’obsède… La Couleur pourpre. La chance se présente finalement à elle, en 2005. Fernando Meirelles, réalisateur The Constant Gardener, film sur les dérives de l’industrie cinématographique réunissant Ralph Fiennes et Rachel Weisz, décide de planter ses caméras au Kenya. Lupita parvient à se faire embaucher comme assistante de production. Elle a mis un pied dans l’industrie du spectacle et Fiennes lui a soufflé le meilleur des conseils: «Si jouer est ce que tu désires le plus au monde, fais-le. Mais ne joue que si cela t’es vital». Reste à imposer son visage et son nom, ce à quoi elle s’attelle en devenant, en 2008, l’héroïne de la série Shuga, très populaire en Afrique, puis en réalisant, un an plus tard, le documentaire In my Genes sur huit albinos kenyans. Hollywood n’est plus si loin et la chance s’apprête à lui sourire une seconde fois…

Du rêve de botaniste au cinéma
Toujours en 2009, Lupita termine son cursus à Yale et se met en tête de passer quelques castings. Le scénario de 12 Years a Slave est le premier qu’elle décroche. Pos­tulant parmi un millier de jeunes femmes pour le rôle de Patsey, esclave, maîtresse et martyr d’un despotique propriétaire terrien, interprété par Michael Fass­ben­der, elle est, au terme de trois auditions, une évidence pour le réalisateur Steve McQueen. Celui-ci déclarera: «Elle dégage une vulnérabilité, mais aussi une force extrême. En sa présence, je me sens tout petit.»
Maman d’une petite fille de trois ans, née de ses amours avec un Dj branché de Nairobi, Lupita sera le 26 février prochain au générique de Non-Stop, aux côtés de Liam Neeson et Julianne Moore. Quatre jours plus tard, celle qui serait devenue botaniste si ses rêves de cinéma avaient échoué pourrait bien éclore aux yeux du monde entier, sur la scène du Dolby Théâtre

SENEWEB
Abdoul Aziz Diop