Londres-2012 : les athlètes musulmans à l'épreuve du ramadan
Les deux semaines de compétition des Jeux olympiques à Londres coïncident cette année avec le mois de jeûne du ramadan. Un casse-tête pour les athlètes musulmans qui veulent être au meilleur de leur forme.
La 30e édition des Jeux olympiques de l'ère moderne se déroule du 27 juillet au 12 août à Londres. Cette période correspond cette année au mois du ramadan chez les musulmans. Un quart des sportifs présents aux JO, soit environ 3 000 participants, sont susceptibles de respecter le jeûne sacré, c'est-à-dire de ne pas boire ni manger du lever au coucher du soleil.
Dès 2006, la Commission islamique des droits de l’Homme avait protesté contre le choix des dates de l'édition 2012. Plusieurs pays dont la Turquie, l’Égypte et le Maroc avaient demandé que l’on décale les JO pour ne pas désavantager les musulmans.
Sollicité par FRANCE 24, le Comité international olympique (CIO) a répondu à ces critiques via un communiqué en rappelant le caractère laïc de cet événement planétaire. "Les Jeux olympiques rassemblent pratiquement toutes les religions et croyances. Il va de soi que certains jours (vendredis, samedis et dimanches) présentent des difficultés pour les pratiquants de religions diverses. La pratique religieuse relève de chaque athlète et de ses convictions personnelles", se défend le CIO.
Un choix cornélien
Se nourrir ou jeûner, telle est la question. Musulman pratiquant, Mohamed-Khaled Belabbas qui participe à l’épreuve du 3 000 mètres steeple à Londres sous les couleurs algériennes, a choisi de faire le ramadan. Pour lui, le respect de sa religion est bien plus important que le sport. "Je ferai comme j’ai l’habitude de faire. Ce n’est pas une nouveauté pour moi", affirme le coureur. L’athlète estime ne pas être amoindri durant une épreuve par rapport à ses adversaires. Il avoue simplement ressentir une plus grande fatigue une fois franchie la ligne d'arrivée.
Qualifiée pour les JO, la nageuse marocaine Sara El Bekri a, quant à elle, décidé de ne pas jeûner. "Incontestablement, nos capacités physiques sont diminuées. On est partagé par la volonté de respecter l’un des cinq piliers de notre religion et celle d’arriver en meilleur état de forme possible aux JO", explique la championne d’Afrique sur 50 et 100 mètres brasse. "Il se trouve que les sportifs disposent d’une dérogation qui les autorise à manger pendant la compétition et de rattraper les jours non jeûnés dans l’année", précise-t-elle.
Le rameur britannique d’origine marocaine Mohamed Sbihi interrompra lui aussi le jeûne pendant l’olympiade pour ne pas pénaliser son équipe. "J’ai confiance en ma capacité à être en forme même si je jeûne, mais je ne veux pas insinuer le doute parmi mes coéquipiers. La moindre faiblesse pourrait influencer nos performances", estime ce spécialiste de l’aviron. Pour compenser son choix, il va offrir des repas à quelque 1 800 démunis au Maroc, le pays de son père : "J’ai donné de l’argent à une association appelée Walou4us qui travaille avec des enfants marocains qui n’ont rien et qui survivent dans des conditions terribles".
Des fatwas pour les athlètes
Face à ce dilemne, certains pays ont décidé d’épauler leurs athlètes. Aux Émirats arabes unis, les instances religieuses ont émis une fatwa qui exempte de jeûne les participants aux JO. "Il n’y aura pas de pression sur les joueurs pour jeûner étant donné que le grand mufti de Dubaï, cheikh Ahmed al-Haddad, a déclaré que les joueurs qui ne jeûnent pas pourront se rattraper après la compétition", a expliqué Mahdi Ali, l’entraîneur émirati de l’équipe de football olympique, au site sportif Al Bawaba.
Le ministère marocain de la Jeunesse et des Sports a également sollicité les oulémas du pays pour qu’ils émettent une fatwa du même type. Une décision est attendue dans les prochains jours. Les participants venus de pays où le conservatisme religieux domine comme en Iran, en Arabie saoudite et dans d'autres pays du Golfe seront en revanche tenus de respecter à la lettre le mois sacré.
Une logistique spéciale ramadan
Pour les athlètes qui choisissent d'observer strictement le ramadan, le Comité d’organisation des Jeux a toutefois prévu une logistique particulière. Sur chaque lieu de compétition, de la nourriture sera apportée pour que les sportifs puissent rompre le jeûne au coucher du soleil. Les restaurants du village olympique seront également ouverts toute la nuit.
Des organisations musulmanes britanniques ont également imaginé une opération spécial ramadan appelée Iftar 2012. À Londres, les mosquées participantes serviront des repas de rupture du jeûne aux sportifs et aux touristes musulmans, mais également à tout hôte qui se présentera. Une manière de faire découvrir l'islam, durant ce mois sacré, à ceux qui le souhaitent.
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