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Libre propos: Khalifa, un ouragan en cage-Par Abdoulaye THIAM
Tête de liste de la coalition Mankoo Takhawu Senegaal, Khalifa Ababacar Sall est en passe d’être le fer de lance de l’opposition sénégalaise. Depuis les Législatives de mars 2014 où sa coalition Takhawu Ndakaru a tout balayé sur son passage, le secrétaire général chargé de la vie politique du Parti socialiste (PS) poursuit sa montée vers les sommets. D’une ambition pour Dakar, il vise désormais le pays dans sa globalité. Mais depuis le 7 mars dernier, il a été freiné dans son envol. Suite à un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) sur la Caisse d’avance de la mairie de Dakar, il séjourne en prison pour détournement présumé de deniers publics portant sur plus de 1,8 milliard de F CFA, association de malfaiteurs, escroquerie portant sur les deniers publics et blanchiment de capitaux.
En attendant son jugement prochain par les tribunaux sénégalais, l’édile de la ville de Dakar est porté à la tête de la coalition Mankoo Takhawu Senegaal par ses pairs notamment Idrissa Seck, Malick Gakou, Cheikh Bamba Dièye, Mansour Sy Jamil, Hélène Tine entre autres.
Sur le plan juridique, ses conseillers tentent d’obtenir une liberté provisoire pour leur client afin qu’il batte campagne d’autant plus que même le Garde des Sceaux, ministre de la Justice Me Sidiki Kaba avait déclaré «tant que Khalifa Sall n’est pas condamné, il bénéfice de tous ses droits». Mais la balle est déjà dans le camp de la cour suprême qui a mis en délibéré son verdict pour les recours introduits par les avocats du maire de Dakar jusqu’à… demain jeudi 20 juillet prochain.
Toutefois, il ne faut pas rêver. Même s’il faut croire à l’indépendance de notre justice, il sera plus qu’étonnant que Khalifa Sall puisse humer l’air de la liberté demain jeudi 20 juillet, à quelques neuf jours seulement de la fin de la campagne électorale où les coalitions Benno Bokk Yaakar, Mankoo Takhawu Senegaal et Gagnante Wattu Senegaal seraient au coude à coude pour la conquête des sept sièges de la capitale sénégalaise.
Ce serait même suicidaire, politiquement, pour la coalition présidentielle de laisser un tel verdict prospérer. Le scénario le plus probable, à l’état actuel des choses, est que Khalifa Sall reste maintenu à la Maison d’arrêt de correction de Rebeuss où il séjourne depuis sept mois maintenant.
Macky Sall n’aurait d’ailleurs pas déclaré ««qu’il était hors de question de perdre face à une liste menée par quelqu’un (Khalifa Sall, Ndlr) qui n’a pas sa liberté de mouvement». Ce n’est pas donc ce dernier qui va scier la branche sur laquelle est assise sa coalition départementale avec à sa tête son ministre de l’Economie, des Finances et du Plan (MEF), Amadou Bâ.
Levée de boucliers
La condamnation de Khalifa Sall a créé une sorte de levée de boucliers qui a fini par offrir au maire de Dakar, un costume de présidentiable. L’indignation a vite franchi les frontières sénégalaises. Avec notamment, l’association des maires francophones dont le bureau qui est monté au créneau lors de la 85ème session de cette organisation présidée par le Premier ministre congolais Clément Mouamba, Hugues Ngouélondélé, maire de Brazzaville et Anne Hidalgo, maire de Paris pour se montrer «solidaire à l’endroit du maire de Dakar».
Les édiles ont même appelé la justice sénégalaise à lui garantir un «procès équitable». «Par unanimité, le bureau de l’AIMF a refusé sa démission [du poste de secrétaire général, ndlr] et lui a exprimé sa solidarité. Le bureau a également pris d’autres initiatives. Il a mandaté le secrétariat permanent à prendre langue avec les autorités sénégalaises », avait affirmé le maire de Casablanca, Abdelaziz El-Omari.
Au Sénégal, les dirigeants des organisations des droits de l’homme, notamment Sadikh Niass (Raddho), Assane Dioma Ndiaye (Lsdh) et Seydi Gassama (Amnesty International) ont exprimé dans une tribune, leur regret suite au placement sous Mandat de dépôt de Khalifa Sall.
Face à une telle pression, le Procureur de la République renverse la caisse d’avance. «Je ne vais plus permettre à qui que ce soit, de quel que bord qu’il puisse se situer, de continuer à invectiver les magistrats, de continuer à atteindre l’honorabilité des magistrats et de continuer à jeter le discrédit sur la justice. C’est terminé ! Il faut que cela cesse !», martèle-t-il en conférence de presse. Une sortie jugée maladroite par certains de la part de quelqu’un qui avait qualifié la décision de relaxe de l’ex-sénatrice libérale Aïda Ndiongue «d’illégale et même troublante» et ayant déclenché l’ire de l’UMS. Pendant ce temps, Khalifa Ababacar Sall et …peaufinent leur stratégie de défense.
Les lieutenants du Khalife
Dans cette bataille juridico-politique, Khalifa Sall s’appuie sur quelques lieutenants. Surtout pour la bataille médiatique. D’abord, c’est le bouillant Barthélemy Dias. Grand orateur, il multiplie les menaces et crée une certaine panique dans le Macky. Pendant ce temps, Bamba Fall tente de démonter les arguments politiques des adversaires du Khalife. Du côté de la banlieue, Moussa Sy fait preuve de résistance. A ses côtés, Idrissa Diallo. Toutefois, il faut reconnaître que Takhawu Ndakaru a perdu des membres et pas des moindres notamment Jean Baptiste Diouf, Alioune Ndoye entre autres, qui avaient tous, plus ou moins, bénéficié de l’aura de l’édile de Dakar pour se maintenir dans leur commune respective.
L’acte IV d’une guerre fratricide
Le 30 juillet, Khalifa Ababacar Sall va tenter de remporter la quatrième victoire contre Benno Bokk Yaakar qui l’avait porté à la tête de la mairie de Dakar en 2009 contre le régime de Wade. Sa propre victoire date des Locales 2014. Il administre une autre à BBY une deuxième victoire lors de l’élection du Haut Conseil des Collectivités Locales (HCCT). Auparavant, il avait perdu le pari du NON au référendum. Cette fois, il va tenter de démontrer qu’il est et reste le maitre de Dakar. Ce, même s’il est maintenu dans les liens de la détention. Kwame Nkrumah l’avait réussi au Ghana. Pourquoi pas Khaf.
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