Les médecins en grève de 72 heures

En conférence de presse, ce mercredi 7 décembre 2016 à Dakar, le Dr Diop raconte que le Dr Mama Moussa Diaw, spécialiste en santé publique, Médecin-Chef du District (Mcd) Sanitaire de Diofior, avait fait une intervention qui a permis de sauver la vie d’une femme en état de grossesse. Le 21 novembre dernier, raconte-t-on, une dame de 24 ans a été reçue aux urgences du Centre de santé de Diofior (région de Fatick) pour suspicion d’avortement avec un traitement sans succès. Une consultation avait permis de découvrir qu’elle avait été prise illégalement en charge par l’agent sanitaire au Poste de santé de Samba Dia qui lui a fait une échographie et qui avait diagnostiqué un avortement. Une sage-femme du Poste de santé de Fimela, qui avait constaté une absence d’amélioration de la santé de ladite patiente, avait transféré celle-ci au Centre de santé de Diofior. Sur place, la patiente n’avait pas évoqué les prestations reçues, mais une consultation minutieuse a permis de découvrir qu'elle était porteuse d’une grossesse extra-utérine qui n’était pas loin de la rupture. En clair, elle tentait d'avorter.
Informé de cette situation, le Commandant de brigade de gendarmerie de Fimela s’était déplacé pour auditionner la jeune dame. Il s’en est suivi l’arrestation de l’agent sanitaire A. Gakou, le 23 novembre 2016, puis son déferrement à Fatick à la fin de sa garde à vue. Ce, sur instruction du procureur de la République. Dans le cadre de l'enquête, le Dr Diaw et le gynécologue avaient été entendus comme témoins par la gendarmerie de Fimela.
Selon les syndicalistes, des membres du cabinet du ministère de la Santé et de l’Action sociale se sont immiscés dans l’affaire pour tenter de faire libérer Gakou à qui il est reproché une pratique illégale de la médecine. C'est alors que le ministre de la Santé a muté le Dr Diaw, le 25 novembre 2016, alors qu’il n’a fait qu’accomplir son devoir.
Les membres du Sames jugent «arbitraire» cette mutation et ont décrété une grève de 72 heures en guise d'avertissement. Ils comptent aller à une vitesse supérieure si leur revendication n'est pas satisfaite.
En attendant le procès du mis en cause, dans cette histoire d’exercice illégale de la médecine, prévu le 28 décembre, le Dr Boly Diop et ses confrères, ainsi que l’Ordre national des médecins du Sénégal, qui s’est constitué partie civile dans ce dossier, sont en alerte. Le Sames dit exiger le retour à son poste du Dr Diaw qui n’a fait, à leurs yeux, qu’un seul tort : celui d’avoir appliqué les lois et règlements du Sénégal, dans le cadre de la protection des populations surtout les femmes enceintes dans un contexte où la mortalité maternelle et infantile reste élevée.
Youssoupha MINE