Les lundis de Madiambal Diagne: «Qui garde sa bouche garde son âme» (La Bible)
Qu’ils sont vraiment drôles nos «amis» de l’Alliance pour la République (Apr) ! Ils ont la manie de susciter à chaque fois des polémiques qui ne leur profitent pas ou qui sont carrément défavorables à leur régime. A la limite, ce sont eux qui instaurent des polémiques inutiles et inopportunes. Les sorties récurrentes de Moustapha Cissé Lô, de Mbaye Ndiaye, de Farba Ngom pour marquer leur opposition à la réduction du mandat du président de la République mettent mal à l’aise le chef de l’Etat (voir P 7).
De telles prises de positions jettent le doute sur sa bonne foi ou sa capacité à instaurer de l’ordre ou de la discipline dans les rangs de ses collaborateurs. Le chef de l’Etat apparaît même aux yeux d’une certaine opinion comme un certain adepte de la duplicité, car on ne saurait comprendre que ses camarades de parti arrivent à s’opposer à ses positions de manière si véhémente. Il n’y a eu, dans cette ambiance, que Abou Abel Thiam, l’ancien porte-parole du Président, qui a eu le courage, lors d’une récente sortie dans la presse, d’affirmer que Macky Sall ne saurait se renier, revenir sur son engagement à réduire son mandat. Mais pour le reste, on a même vu, aussi bizarre que cela puisse paraître, un ministre, revêtu de la mission de porte-parole du gouvernement, s’autoriser une sortie médiatique à l’insu de sa hiérarchie. Tout cela tend à fragiliser la gouvernance du Président Sall et son autorité sur ses troupes. Le chef devient ainsi moins respecté et donc vulnérable. Le culte de la liberté de parole et de ton est à un tel point que chacun peut faire fi de ce qui arrangerait le chef. Le désordre et la cacophonie sont tels qu’un ministre d’Etat à la présidence de la République, Mbaye Ndiaye pour ne pas le nommer, se permet de ramer publiquement à contre-courant des positions du chef de l’Etat. Tout le monde sait que la politique de traque des biens mal acquis constitue un axe majeur de la gouvernance du Président Macky Sall et que cela procède d’un engagement électoral fort. Mais curieusement, ce sont des responsables de l’Apr, et toujours les mêmes, qui montent au créneau pour demander la suspension ou l’abandon d‘une telle politique. Ils ne prennent pas la peine de prendre l’avis de leur chef de parti. C’est comme si ils n’en ont cure. Ce sont toujours les mêmes personnes qui occupent systématiquement les médias pour suggérer à haute et intelligible voix des mesures de grâce pour les personnes reconnues coupables de prévarication de ressources publiques avant même que les procédures judiciaires ne soient épuisées. De telles sorties apparaissent toujours embarrassantes pour le chef de l’Etat.
Les responsables de l’Apr prennent également l’initiative, le verbe haut et la gestuelle hargneuse, de travailler à casser la dynamique d’une alliance politique entre leur parti et les composantes de Benno bokk yaakaar ou de Benno ak Tanor ou de l’alliance électorale Macky2012. Ils y vont dans la provocation pour leur demander de se déterminer avant l’heure pour la prochaine Présidentielle qui se tiendrait au plus tôt en 2017. A défaut, ils les poussent à quitter le gouvernement et installer ainsi une crise politique majeure. Ils ne cherchent même pas à savoir si leur chef est préparé ou est suffisamment outillé à faire face à une telle crise qu’il n’aura pas provoquée. A l’Assemblée nationale, ils engagent une opposition frontale et farouche contre les alliés détenteurs de postes enviables. Ce sont eux qui sont à l’origine de toutes les rebellions et tentatives de bouter un Moustapha Niasse du perchoir de l’Assemblée nationale alors que l’engagement irrévocable de Macky Sall de continuer son compagnonnage avec celui-ci est connu de tout le monde. C‘est dans cette logique suicidaire qu’ils ont participé à raidir les positions de responsables du Parti socialiste, leurs autres principaux alliés au gouvernement, quand il s’était agi des réserves exprimées par le ministère de l’Economie, des Finances et du Plan, relativement à une opération d’emprunt obligataire lancée par la Ville de Dakar sous la direction de Khalifa Ababacar Sall. Au lieu de laisser les techniciens de ce ministère régler cette question purement technique au vu des objections qu’ils ont soulevés, des responsables de l’Apr ont fait des sorties médiatiques tonitruantes et irréfléchies pour finir par donner l’impression qu’il y aurait une main politique derrière en vue d’un dessein de contrer le maire de Dakar qui serait un challenger redouté par le Président Macky Sall. Sophocle enseignait : «J‘ai l’habitude de me taire sur ce que j’ignore.» Pour nos «amis de l’Apr», c’est tout le contraire...
Les mêmes attitudes d’ostracisme ont libre cours jusqu’au sein du gouvernement. Les petites combines et mesquineries, les chausse-trappes sont toujours signées de la main de responsables de l’Apr. Certains se sont montrés si négatifs qu’ils avaient par exemple travaillé à saboter la préparation et la mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse), qui constitue désormais l’atout politique majeur du Président Sall. Et même pour pousser un Premier ministre au départ, l’Apr peut compter sur ses francs-tireurs de service pour faire le boulot.
Quel démon les habite-t-il et les pousse-t-il à travailler ainsi à se détruire ? Ils font tout de travers. Nommés à des emplois publics, au lieu de faire des résultats probants, de donner des gages de bonne gestion et de bonne gouvernance publique, de nombreux responsables politiques de l’Apr se mettent à poser des actes puérils pour ne pas dire stupides. C’est quelle idée de peindre des bus de la société de transports publics Dakar dem dikk (Ddd) aux couleurs de l’Apr ? Le débat ne porte donc plus la grande réalisation du gouvernement de doter cette entreprise de 475 nouveaux bus qui vont contribuer fortement à régler les problèmes de mobilité dans la capitale, mais on le déplace sur des détails de couleurs de bus. L’opinion publique ne retiendra pas les nouveaux bus, mais leur couleur marron-beige. Cette même idée saugrenue a poussé à peindre les façades de l’aéroport de Dakar, les murs du stade Léopold Sédar Senghor ou le siège, toujours en chantier, de la société nationale de la Loterie sénégalaise, aux mêmes couleurs. Le siège du gouvernement est en réfection. Vont-ils le repeindre en marron-beige ?
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