Economie

Le retrait des enfants de la rue, une des conditionnalités du Mca pour le Sénégal

L'Etat attend un minimum de 300 milliards Fcfa


Vendredi 8 Juillet 2016

La décision du Président Macky Sall de retirer les enfants de la rue, réaffirmée avec force, semble se conforter des informations selon lesquelles le gouvernement américain a voulu faire de ce retrait une des conditionnalités du Mca pour le Sénégal. Or, pour ce financement américain, le Sénégal escompte pas moins que 300 milliards de francs Cfa. Qui ne sont pas négligeables pour financer des projets du Mca. Surtout que c'est non remboursable.


Autres articles

Le Président Macky Sall l'a annoncé avec force en marge de la prière de la Korité. Il n'est pas question pour son gouvernement de céder dans sa volonté de retirer les enfants de la rue. Et toutes les bonnes volontés ont déjà commencé à saluer cette détermination, la dernière en date étant l'Unicef qui vient d'exprimer le souhait d'accompagner l'État dans ses efforts, tout en émettant le vœu que cette fois-ci au moins, il n'y aura pas de recul.

On se rappelle qu'il y a quel­ques années, le Président Abdoulaye Wade avait, sous la poussée de certains groupes religieux, désavoué le Premier ministre Souleymane Ndéné Ndiaye qui avait voulu mettre en application avec force une loi interdisant la mendicité au Sénégal. Comme toujours, sous l'accusation de vouloir combattre l'islam, nos dirigeants politiques se sont mis à carreau, la queue entre les pattes. Or, cette fois-ci pourtant, on peut croire que le Président Macky Sall, comme il le proclame, ne cédera effectivement pas. Il faut dire que les enjeux sont lourds.

En effet, Le Quotidien a appris que le gouvernement américain aurait l'intention, dans le cadre du financement du second compact du Millenium challenge account (Mca), d'inclure parmi les conditionnalités le respect des droits des enfants.

On sait que parmi les indicateurs d'éligibilité au Mca, il y a la liberté d'entreprise pour lequel le Sénégal a lors du premier compact obtenu des scores relativement appréciables, sauf pour l'accès à la terre ou le libre accès au financement pour les femmes, entre autres. De même, parmi les autres indicateurs, ceux concernant les investissements dans la population ont également été atteints dans l'ensemble, sauf malheureusement celui concernant l'éducation des filles. S'agissant de la santé des enfants et de leur éducation de manière générale, le pays s'en tire pas trop mal… sauf quand on en vient à la question des talibés.

Or, semble-t-il, l'Administra­tion américaine a l'intention de faire de cette question un enjeu dans le financement du Mca. On sait que ce fonds est un don accordé par le gouvernement et le Peuple américain à des pays amis qui remplissent certaines conditions d'éligibilité pour leur permettre de lancer certains projets de développement qui ont un impact certain sur la population ou une partie notable de la population du pays bénéficiaire.

Il en a été ainsi quand le Sénégal avait bénéficié de plus de 540 millions de dollars américains – environ 270 milliards de Cfa – pour la réhabilitation de la Rn 6 en Casamance. La gestion des ressources en eau dans la région de la vallée du fleuve Sénégal et l'irrigation ainsi que la fourniture en énergie de certaines localités devraient avoir un impact sur le mieux-être d'environ 1,5 million de gens dans ces zones, selon les estimations basses des deux parties. Or, l'ambition déclarée du gouvernement de Macky Sall est, avec l'achèvement réussi de ce premier compact, d'obtenir un montant beaucoup plus important pour ce second compact. "Un minimum de 300 milliards de francs", assuraient même des membres du gouvernement, est souhaité.

Au moment où le Pse est en train de décliner plusieurs projets dans divers domaines, aucune forme de financement n'est à négliger. Et s'il faut, pour obtenir cette somme, bousculer certains chefs religieux, comme l'imam ratib de la grande mosquée de Dakar pour sortir les enfants de la rue, Macky Sall semble décidé à le faire. Qui cracherait sur 300 milliards cadeau, comme diraient les Ivoiriens ?

LEQUOTIDIEN


Abdoul Aziz Diop