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Ces réfugiés appartiennent à des "groupes vulnérables" et "sont arrivés à Lesbos avant la mise en vigueur de l'accord UE-Turquie" ouvrant la voie au renvoi des arrivants en Turquie, a indiqué le SOMP, sans plus de détails. Selon la télévision publique ERT, il s'agit de trois familles hébergées au camp ouvert de Kara Tepe et qui ont été tirées au sort.
En début d'après-midi, à l'issue de la visite du Pape, douze réfugiés syriens, dont six mineurs, l'ont accompagné dans l'avion de retour de Lesbos. Ils seront hébergés au Vatican. Parmi ces trois familles, deux sont originaires de Damas et l'autre de Deir Azzor, dans les territoires occupés par l'organisation Etat islamique (EI), précise le Vatican.
"Tant de gens qui souffrent, qui fuient et ne savent pas où aller"
L'avion du pontife argentin a atterri à 10h04, avec 15 minutes d'avance sur le programme, à l'aéroport de Mytilène (Grèce), le chef-lieu de l'île, où il était attendu par le Premier ministre grec Alexis Tsipras.
"C’est un voyage un peu différent des autres. Un voyage marqué par la tristesse (...) Nous allons rencontrer la pire catastrophe humanitaire depuis la Seconde guerre mondiale. Nous allons voir tant de gens qui souffrent, qui fuient et qui ne savent pas où aller. Et nous allons aussi à un cimetière, la mer. Tant de gens ne sont jamais arrivés", a déclaré le pape aux médias en vol.
A sa descente d'avion, le pape a retrouvé ses deux principaux hôtes de la journée, Bartholomée, le patriarche de Constantinople qui exerce une primauté honorifique au sein des patriarches orthodoxes, et Ieronymos, l'archevêque orthodoxe d'Athènes et de toute la Grèce.
Les trois hommes ont pris ensuite un minibus pour se rendre au "hotspot" de Moria, un camp au milieu de collines plantées d'oliviers dans lequel sont enfermés quelque 3000 migrants dans des conditions indécentes, selon les organisations humanitaires qui y interviennent encore. Arrivés à Lesbos après l'entrée en vigueur le 20 mars de l'accord entre l'Union européenne (UE) et la Turquie, ils sont voués à être renvoyés, sauf hypothétique acceptation de leur demande d'asile en Grèce.
"Nous sommes tous des migrants", a dit le pape, dans une prière commune avec le patriarche Bartholomée et l'archevêque Ieronymos, peu avant de conclure sa visite qualifiée d'"historique" par le gouvernement grec. "Vous n'êtes pas seuls (...). Ne perdez pas espoir", leur a lancé François, soulignant leurs souffrances et incertitudes face à "ce que l'avenir réserve". "Puissent tous nos frères et sœurs de ce continent, comme le Bon samaritain, vous venir en aide dans cet esprit de fraternité, de solidarité et de respect pour la dignité humaine qui a marqué sa longue histoire", a-t-il ajouté, dans une critique implicite des dirigeants européens.
A Moria, les trois dignitaires ont serré des centaines de mains, béni et reçu des dessins d'enfants. "Freedom" (liberté) a scandé leur auditoire, qui les avait accueilli avec des pancartes "Help" (à l'aide). "Bénissez moi", a sangloté un migrant en s'agenouillant devant le pape. "Ceux qui ont peur de vous ne vous ont pas regardés dans les yeux (...) n'ont pas vu vos enfants", a lancé Mgr Bartholomée. "Le monde sera jugé sur la manière dont il vous aura traité", a-t-il ajouté.
Avant un sobre déjeuner avec quelques réfugiés dans le camp, les trois prélats ont aussi signé une déclaration commune appelant le monde à faire preuve de "courage" face à cette "crise humanitaire colossale", dans une rare manifestation d'unité entre catholiques et orthodoxes. Le Premier ministre de gauche grec, Alexis Tsipras, avait pour sa part dénoncé en accueillant le pape "certains partenaires européens qui au nom de l'Europe chrétienne ont élevé des murs".
Il ne faut "jamais oublier que les migrants, avant d'être des numéros, sont des personnes, des visages, des noms, des histoires", a insisté le pape sur le port de Mytilène, le chef lieu de l'île. "Malheureusement, certains - parmi lesquels beaucoup d'enfants - n'ont même pas réussi à arriver: ils ont perdu la vie en mer, victimes de voyages inhumains et soumis aux brimades de lâches bourreaux", a-t-il ajouté. Il a aussi plaidé pour une lutte "avec fermeté contre la prolifération et le trafic des armes".
Après une minute de silence, les dignitaires ont chacun jeté à la mer une couronne de fleurs en mémoire des victimes des traversées en Méditerranée. Depuis le début de l'année, 375 migrants, en majorité des enfants, se sont noyés en tentant la traversée égéenne, s'ajoutant à des centaines de victimes en 2015.
Petit-fils d'immigrés italiens, le pape a multiplié les prises de position fortes en faveur de l'accueil des réfugiés et migrants, et s'était rendu quelques mois après son élection sur l'île italienne de Lampedusa, alors principale porte d'entrée des migrants. Il a appelé cet automne les paroisses du continent à accueillir une famille de migrants, et refuse de faire la différence établie par le droit international entre ceux qui fuient la violence et la misère.
AFP