Je me nomme Khady Bâ. Je suis sénégalaise et mannequin professionnel. Je suis née à Dakar, précisément à Castors. J’ai 23 ans et je vis à Dakar. Je n’ai pas fait d’études poussées parce que je n’avais pas le temps d’aller à l’école à cause des tâches ménagères. J’ai arrêté après avoir obtenu le Certificat de fin d’étude élémentaire (Cfee). Je suis une fille très rangée. A l’âge de 14 ans, j’avais décidé de faire le concours de la gendarme, de la police ou tout simplement m’incorporer dans militaire. J’avais la ferme volonté de porter la tenue, mais lorsque je suis partie pour m’engager, on m’a dit que je n’avais pas l’âge requis.
Par la suite, je suis allée faire les arts martiaux. Après avoir obtenu la ceinture noire, j’ai arrêté parce que c’est une discipline qui ne t’apporte que des médailles et en plus les gens ne te soutiennent pas. Comme je fais 1,90 m de taille, les gens m’ont conseillé de faire le mannequinat. Ainsi, à 21 ans je suis entrée dans ce milieu. Je ne suis pas une fille belle. C’est pourquoi, j’ai choisi de mettre en valeur ma taille. En plus de ma taille, je porte des chaussures talons de 15 cm. Ce qui me donne une taille de 2,05 m. Grâce à cela, j’ai été sélectionné parmi les 15 meilleures sur près de 300 filles, en 2012. Du coup, je me suis rendue compte que je pouvais continuer avec ce métier.
Au début, les gens refusent de te montrer le chemin et te disent du n’importe quoi pour te retarder. Mais, ma conviction a toujours été que si on croit en nous-mêmes, nous pouvons réussir sans problème. J’ai fais mon premier défilé sans l’aide de personne. Je remercie le bon Dieu parce que depuis que j’ai intégré le milieu du mannequinat, je n’ai pas encore rampé. J’ai fais tous les grands podiums au Sénégal. Franchement, je n’ai plus rien à prouver dans ce pays, peut être au niveau international. J’en profite pour dire aux jeunes filles qui veulent faire le mannequinat que la taille compte beaucoup. Si l’on n’a pas 1,75m, il n’est pas souhaitable d’être mannequin car il sera difficile d’y réussir.
A vous entendre parler, on dirait que vous avez rencontré des problèmes dans l’exercice de votre métier ?
Vous savez tout début est difficile. Le mannequinat est un métier qui a ses réalités. Du côté des parents, c’est seulement ma mère qui m’a soutenue. Mon père, quant à lui, était trop compliqué parce que, nous sommes des Peuls. Mais, par la suite, il a fini par comprendre que je suis une fille sérieuse et travailleuse. Au début, il y avait du chantage, de la jalousie et autres. Quand on y entre, en étant jeune et sans expérience, c’est un peu compliqué. Les gens cherchent à tout prix de te mettre le bâton dans les roues. Le milieu du mannequinat n’est pas très apprécié au Sénégal. Quand j’ai décidé d’y entrer, la majorité de mon entourage n’était pas d’accord. Mais je me suis dit que c’est un métier comme tous les autres.
Le mannequinat est un milieu qui évolue avec le temps. Aujourd’hui, les mannequins sont plus nombreux et sont mieux payés que ceux d’avant. Mais, il faut préciser que certains patrons ne payent pas bien. Mais moi, je suis catégorique, je refuse de défiler bénévolement. En plus de cela, les stylistes n’amènent plus les mannequins au niveau international pour des défilés. Cela constitue aussi un frein pour le métier.
Ne pensez-vous pas abandonner ce métier pour faire autre chose ?
Le mannequinat est un métier éphémère. En dehors de ce travail, je fais d’autres choses qui me permettront de me prendre en charge à long terme. Je fais de la mode et je tourne aussi des films. J’ai participé à beaucoup de films. Actuellement, il y a même un film que j’ai tourné et qui sera bientôt disponible dans les chaines de télévision sénégalaises, intitulé «Mola Guenal». C’est un film qui va faire le buzz car beaucoup de stars sénégalaises notamment Aïda Patra, Maty 3 pommes, Kebs Thiam, et autres, y ont participé. J’ai démarré mes projets avec mes propres moyens.
Etes-vous mariée ?
Je suis célibataire. J’ai un copain non sénégalais. J’ai vu beaucoup de prétendants, mais je ne suis pas encore prête pour me marier, surtout avec un sénégalais. Parce que, je veux d’abord réaliser mes projets et avoir ce que je veux. Présentement, le mariage est le cadet de mes soucis. Je suis sénégalaise, mais je ne n’aime pas les hommes sénégalais. C’est un choix personnel. Je ne les sens pas. Je n’aime pas leur comportement, leur apparence, leur manière de faire, leur façon de voir les choses et de parler. Bref, ils me dégoûtent. Je ne veux plus avoir à faire avec les hommes sénégalais. C’est une très longue histoire et je parle en connaissance de cause.
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