Economie

Le Concept de Bonne Gouvernance, Est-ce un complot du FMI et de la Banque Mondiale dirigé contre l'Afrique ?


Vendredi 26 Aout 2011

La bonne gouvernance, qui est un concept a priori dépolitisé de la gestion des ressources publiques de l'Etat, demeure la fille aînée de la démocratie, la liberté et l'Etat de droit dont elle est issue. Dans ce rapport mère-fille, où la démocratie est la base qui génère la bonne gouvernance, on ne saurait inverser ces deux concepts au risque de les vider de leur substance. En d'autres termes, on parle tout simplement dans l'ordre chronologique, de démocratie et bonne gouvernance et non pas, bonne gouvernance et démocratie. De plus, la démocratie, l'Etat de droit et la liberté s'imposent comme un régime politique à l'ensemble des acteurs politiques qui animent l'espace public d'un pays , alors que la bonne gouvernance s'impose exclusivement aux seuls responsables qui sont aux affaires vis-à-vis de l'opinion et des institutions. Il en découle, l'exigence d'un résultat chiffré.


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Autrement dit, une opposition qui n'a jamais exercé le pouvoir d'Etat, ne pourra pas répondre de la bonne gouvernance vis-à-vis de l'opinion, même si elle jouit de la démocratie, la liberté et l'Etat de droit dans sa quête du pouvoir. Aussi, doit-on constater, ce n'est qu'après l'échec des politiques d'ajustements structurels imposés aux pays africains par le FMI et la Banque mondiale, que ces deux institutions financières ont trouvé un autre slogan de guerre : la bonne gouvernance qui veut dire très exactement : ajustement structurel, sauf que les politiques d'ajustements structurels étaient Imposées dans une Afrique des partis uniques. Il faut savoir que ni les politiques d'ajustements structurels ni la bonne gouvernance ne sont en aucune manière le choix politique des Africains. Les Africains veulent la démocratie fondée sur les valeurs del'Etat de droit et la liberté. Ces mêmes valeurs garantissent les droits de l'Homme aux citoyens, une justice équitable pour tous, ainsi que des institutions républicaines qui reflètent cette société libre incarnée par l'Etat de droit.
Sans la liberté, les droits de l'homme, la démocratie et l'Etat de droit, la bonne gouvernance du FMI et des pays occidentaux peut, certes, apporter la croissance en Afrique, mais elle profitera exclusivement aux dictateurs qui contrôlent les institutions de l'Etat en appauvrissant nos populations. Elle favorisera également le développement de la corruption généralement érigée en système de gouvernement. Sans la liberté, les droits de l'homme, fondement de la démocratie et l'Etat de droit en Afrique, les institutions fonctionneront aux ordres des dictateurs qui manipulent systématiquement cette notion de la «bonne gouvernance» économique pour s'éterniser au pouvoir. En fait, la bonne gouvernance et les politiques d'ajustements structurels sont une théorie parfaite des dictatures  africaines qui agitent les données comptables nationales pour masquer la réalité du déficit démocratique et la pauvreté de nos populations.
La lutte des peuples, pour la liberté et l'indépendance politique, appelle naturellement, en première instance, l'implantation de la démocratie, la liberté et l'Etat de droit. Et s'en suit en deuxième instance, le concept de bonne ou mauvaise gouvernance pour qualifier l'exercice démocratique des dirigeants élus à l'aide des résultats, c'est-à-dire: PIB, PNB, solde budgétaire qui sont les principaux indicateurs de développement. Le choix de la démocratie, c'est-à dire la liberté, les droits de l'Homme et l'Etat de droit sont des concepts de la lutte des peuples désirant s'affranchir de toute sorte d'oppression : qu'elle soit d'origine impérialiste, financière ou strictement dictatoriale. Ces valeurs s'arrachent au terme des combats de longues haleines sans aucune concession.Les politiques d'ajustements structurels, dites de «bonne gouvernance», c'est la capacité donnée aux pays africains par les institutions financières internationales et les pays développés, à s'endetter à outrance à moyen terme afin de les enfermer dans le cycle du surendettement économique à long terme pour soumettre toute l'Afrique à genoux, à la domination politique, et à la merci des puissances étrangères. Cela s'appelle le plan de vassalisation de l'Afrique qui est un complot impérialiste dirigé contre l'Afrique. De ce point de vue, il faut savoir que l'aide au développement n'est qu'un appât, pour justifier le pillage du continent. En 2008, l'aide au développement versée à l'Afrique par le G8, c'est-à dire l'Allemagne, le Canada, les Etats-Unis, la France, l'Angleterre, l'Italie, le Japon, la Russie, était de 25,3 milliards de dollars contre une enveloppe de 74,2 milliards au niveau mondial. La vraie contrepartie de cette fausse aide publique de 25,3 milliards de dollars pour l'Afrique, qui constitue la partie non visible de l'iceberg, englobe l'exploitation du pétrole, l'uranium, l'aluminium, l'or, le diamant, le bois, le coton, le café, le cacao, le manganèse, les marchés publics faisant l'objet d'une gestion opaque des grands groupes internationaux, génère au profit des pays occidentaux des centaines de milliards de dollars. C'est pour cette raison que tous, ils s'y mettent, avec la Chine, en dernier, pour signer des contrats internationaux et concessions de mines jusqu'en 2020, 2030, voir 2050 et au-delà pour l'extraction de certains minerais stratégiques. Voilà pourquoi, on nous propose plutôt la «bonne gouvernance» à la place de la démocratie, la liberté, les droits de l'homme et l'Etat de droit en Afrique. Comme dirait l’autre « On a tout compris »
 
ABASSE DIOP
 

La Rédaction