Après la profonde réorganisation du Renseignement national, désormais coordonné et coiffé par une Délégation générale comparable à un Ministère embusqué à la Présidence de la république, c’est maintenant la Gendarmerie qui est en voie d’être happée par cette fièvre du changement à virus très, très fulgurant. Tout se passe comme si le Dieu du chambardement avait tôt béni l’entame du mandat de Macky Sall. La furia réformatrice affectant des organes ou des institutions – habituellement hermétiques et stables – est telle que les observateurs s’interrogent sur les motifs et les mobiles de cette frénésie voisine d’une schizophrénie sécuritaire.
D’après le ministre Abdoulaye Daouda Diallo, la Gendarmerie nationale sera rattachée (à la lumière d’une note déjà prête et soumise au chef de l’Etat) au ministère de l’Intérieur nouvellement en charge de la Sécurité, jusque dans l’appellation. Certes, l’Etat a toute la latitude et toutes les prérogatives de s’auto-organiser et d’organiser ses leviers vitaux, mais force est de convenir que le décloisonnement de la Gendarmerie et sa migration vers le ministère de l’Intérieur, constituent un chantier de taille. Sans commune mesure avec la reconfiguration du Renseignement. Lequel est pourvu de sources mais dépourvu de force de frappe. Il s’y ajoute que la Gendarmerie possède des traditions, présente un format, exécute des missions et, surtout, déploie une puissance de feu peu ou prou équivalente à celle de l’Armée nationale. Toutes choses qui expliquent son rôle historique et spécifique dans la défense et l’illustration honorables de nos instituions. Allusion aux évènements de décembre 1962, à l’issue desquels, le Président L. S. Senghor l’a fixée dans le giron de la Défense nationale.
Force de police à statut militaire, la Gendarmerie est justement au carrefour des missions judiciaires et militaires. D’où sa caractéristique hybride qui convoque des racines hexagonales : la Maréchaussée, elle-même, issue de la Connétablie créée en 1373. Ce n’est donc guère étonnant que ce corps – contrairement à la Police partout présente – trouve une place singulière dans le décor militaire et judiciaire de vingt-trois anciennes colonies et protectorats français ou belges. Au Sénégal, la mémoire collective rattache, à juste raison, le gendarme au fameux spahi. Ce qui, à la fois, marque l’ancrage de la Gendarmerie sur le sol sénégalais, et souligne l’autonomie légendaire de son commandement qui est néanmoins assez coopératif vis-à-vis des autres commandements. Tout en étant largement autonome.
La particularité de la Gendarmerie est si réelle que d’un pays à un autre, sa liaison avec l’Etat revêt les formes les plus diverses ; mais toutes indicatives de son importance dans la sauvegarde des institutions et dans le maintien de l’ordre public. Et même dans la défense opérationnelle du territoire. Au Cameroun, la Gendarmerie a toujours eu son département ministériel, avec des appellations changeantes : Délégation générale ou Secrétariat d’Etat. Au même titre que la Police camerounaise longtemps dirigée et façonnée par le commissaire et non moins Secrétaire d’Etat à la Sûreté nationale, Jean Fochivé. Au Maroc, la Gendarmerie Royale est un des piliers voire le pilier principal du Trône, depuis le Roi Hassan II. Directement rattachée au Palais, la Gendarmerie marocaine rivalise en équipements voire surclasse les Forces Armées Royales (FAR). Une puissance de feu et une loyauté sans faille au Trône qui la projettent au Sahara Occidental et l’impliquent dans les combats. En 1979, ce sont trois colonnes de la Gendarmerie royale qui ont délogé le Polisario de la ville (momentanément occupée) d’El Aïoun. Son inamovible patron, le Général Hosni Bensilimane a une place si grande dans la Cour du Roi qu’il toise les ministres du gouvernement.
Alors, pourquoi l’Etat et son chef, Macky Sall, veulent-ils reformuler une formule satisfaisante ? L’argument du contexte sous régional (la conjoncture ouest-africaine a bon dos) ne résiste pas à l’examen ; puisque des Etats en contact direct et physique avec le terrorisme dans la bande saharo-sahélienne (Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) n’ont pas rattaché leurs gendarmeries respectives aux ministères de l’Intérieur. Bien au contraire. Leurs Gardes nationales et/ou nomades ont une autonomie de commandement qui les rapproche davantage des Forces armées que de l’Administration territoriale, très souvent en charge de la Police. Dans ces quatre pays précités et menacés par Aqmi, Bokko Haram et Mujao, une force comme le Groupement Mobile d’Intervention (le GMI issu des entrailles de la Garde républicaine à Thiès) aurait été rattaché au ministère de la Défense.
L’autre explication – flairée mais non avancée – suggère la transposition ou la duplication de la réforme opérée en France. En effet, la Gendarmerie française a fait son retour à la Place Beauvau (siège du ministère de l’Intérieur), depuis le 1er janvier 2009. Toutefois, les débats sur le rattachement ont été riches et vifs, comme en atteste le Rapport d’information du sénateur, Jean Faure, sur l’avenir de l’organisation et des missions de la Gendarmerie. Ce dernier recommande de reconnaitre à la Gendarmerie tricolore, la qualité de « Quatrième armée », comme chez le voisin italien doté du corps similaire des Carabiniers. Du reste, toute copie étant pâle, pourquoi s’engager dans un mimétisme qui fait abstraction des différences entre le Sénégal et la France ? Cet Hexagone qui a rencontré, jusqu’en 2004, des problèmes de coopération sécuritaire au sein de l’Union Européenne (UE) à cause justement de la difficile homologation de la Gendarmerie parmi la forêt des Polices d’Europe.
En attendant la décision du Président Macky Sall, les échos reçus des cadres retraités de la Gendarmerie et les murmures captés chez les gendarmes en activité, sont tièdes sinon hostiles au rattachement. En effet, le phénomène de la rivalité de « boutiques » demeure tenace. En plus, l’équation de la mise en mouvement des forces de gendarmerie est complexe. Dans bien des cas, l’autorité administrative (Préfet) fait des réquisitions répercutées auprès du Haut-Commandement. Et le concours de la Gendarmerie n’est pas obtenu, lorsque la légalité de l’ordre est douteuse. Bref, moult textes sont à revoir dans la foulée du rattachement. Dans le même ordre d’idées, l’étude préparatoire du gouvernement apportera sûrement des clarifications autour de la formule choisie : rattachement organique ou mise sous tutelle pour uniquement l’emploi ? Autre question : va-t-on mutualiser les actions sans fusionner les moyens, notamment les budgets inégaux ?
Un sage et vieil adage conseille d’avoir deux, voire plusieurs fers au feu. L’Histoire des crises nationales a bien gravé dans les mémoires, la grève-révolte des policiers, en 1987. Un épisode ponctué par un face-à-face dramatiquement palpitant entre des forces de Police et des unités de Gendarmerie, et couronné par la radiation des policiers. Même si la Police est irremplaçable dans la vie des nations et des sociétés, le vide fut, à cette occasion-là, partiellement et provisoirement comblé par la Gendarmerie. Preuve qu’un Etat (jamais à l’abri des secousses) n’a pas intérêt à se mutiler volontairement ou à s’auto-ligoter, en mélangeant les bonnes et distinctes cartes (Armée, Gendarmerie et Police) qu’il a sous la main. Sans oublier, les risques de contagion entre deux corps aux mœurs disciplinaires assez décalées. L’art de bien gouverner rime avec une louable propension à consulter un large spectre de compétences : officielles, officieuses et éloignées. Faute de quoi, on valide – sans amendements adéquats – des études et des propositions explosives. Cas de certaines réformes qui sont les cadets des soucis du corps électoral de 2017 ou 2019, plus intéressé par la baisse du prix du gasoil que par le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur.
L’orthodoxie républicaine subordonne, bien entendu, l’autorité militaire à l’autorité politique, au demeurant, très légitime dans le cas du Sénégal. Néanmoins, s’agissant d’une réforme d’envergure, le militaire, le gendarme et le policier (forts de leurs solides expertises) doivent édifier davantage le pouvoir politique, en faisant la balance des avantages et des inconvénients. Hier, les Généraux Amadou Bélal Ly, Waly Faye, Idrissa Fall et le Colonel Massar Diop avaient le courage d’aller au charbon. Et plus d’une fois, les Présidents Senghor et Diouf ont pris en compte leurs avis intelligemment étayés et poliment mais âprement défendus. On se rappelle que le Colonel Massar Diop (aujourd’hui décédé) avait franchi le Rubicon, en démissionnant, au début des années 90. Sans avoir totalement raison, d’ailleurs.
Le projet de rattachement prend forme, à quelques mois du départ vers la retraite du Haut-Commandant et Directeur de la Justice militaire, le Général Mbaye Guèye Faye. Quelle sera l’attitude du Premier pandore du Sénégal ? En tout état de cause, on n’est plus dans le Sénégal des bourgeons institutionnels (1960-70) où la Gendarmerie embryonnaire avait valsé entre le ministère de l’Intérieur (Me Waldiodio Ndiaye), l’Etat-major des Forces armées (Le Général Jean Alfred Diallo cumulait tous les commandements : armée, inspection des armées, gendarmerie et justice militaire) et le ministère de la Défense. Les temps ont radicalement changé. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la bonne gouvernance, de la démocratie et de la formation des cadres.
L’urgence se trouve manifestement ailleurs. Les services de sécurité ont plus besoin de réarmement moral que de réajustements structurels. Le Livre du Colonel Abdou Aziz Ndao a sérieusement sonné la Gendarmerie. Tandis que la mort de l’étudiant Bassirou Faye, le scandale de la drogue et la radiation du commissaire Keita ont grandement maculé l’image de la Police. Le savoir-faire n’est pas en cause, c’est plutôt la motivation qu’il faut stimuler. Mais tout indique que Macky Sall et son gouvernement sont taraudés par d’obscures peurs qui font d’eux, des croisés de l’ordre public. Pourtant, la démocratie et la sécurité ont les mêmes ennemis : l’indigence et la pauvreté. Autrement dit, les performances du Plan Sénégal Emergent (PSE) seront plus salvatrices pour le Sénégal que les incessants coups de pied dans la fourmilière institutionnelle. Décidément, Macky Sall veut tout faire et tout refaire dans un mandat. « L’Histoire n’est pas une course de vitesse, mais une course de fond » disait Sékou Touré.
dakaractu
D’après le ministre Abdoulaye Daouda Diallo, la Gendarmerie nationale sera rattachée (à la lumière d’une note déjà prête et soumise au chef de l’Etat) au ministère de l’Intérieur nouvellement en charge de la Sécurité, jusque dans l’appellation. Certes, l’Etat a toute la latitude et toutes les prérogatives de s’auto-organiser et d’organiser ses leviers vitaux, mais force est de convenir que le décloisonnement de la Gendarmerie et sa migration vers le ministère de l’Intérieur, constituent un chantier de taille. Sans commune mesure avec la reconfiguration du Renseignement. Lequel est pourvu de sources mais dépourvu de force de frappe. Il s’y ajoute que la Gendarmerie possède des traditions, présente un format, exécute des missions et, surtout, déploie une puissance de feu peu ou prou équivalente à celle de l’Armée nationale. Toutes choses qui expliquent son rôle historique et spécifique dans la défense et l’illustration honorables de nos instituions. Allusion aux évènements de décembre 1962, à l’issue desquels, le Président L. S. Senghor l’a fixée dans le giron de la Défense nationale.
Force de police à statut militaire, la Gendarmerie est justement au carrefour des missions judiciaires et militaires. D’où sa caractéristique hybride qui convoque des racines hexagonales : la Maréchaussée, elle-même, issue de la Connétablie créée en 1373. Ce n’est donc guère étonnant que ce corps – contrairement à la Police partout présente – trouve une place singulière dans le décor militaire et judiciaire de vingt-trois anciennes colonies et protectorats français ou belges. Au Sénégal, la mémoire collective rattache, à juste raison, le gendarme au fameux spahi. Ce qui, à la fois, marque l’ancrage de la Gendarmerie sur le sol sénégalais, et souligne l’autonomie légendaire de son commandement qui est néanmoins assez coopératif vis-à-vis des autres commandements. Tout en étant largement autonome.
La particularité de la Gendarmerie est si réelle que d’un pays à un autre, sa liaison avec l’Etat revêt les formes les plus diverses ; mais toutes indicatives de son importance dans la sauvegarde des institutions et dans le maintien de l’ordre public. Et même dans la défense opérationnelle du territoire. Au Cameroun, la Gendarmerie a toujours eu son département ministériel, avec des appellations changeantes : Délégation générale ou Secrétariat d’Etat. Au même titre que la Police camerounaise longtemps dirigée et façonnée par le commissaire et non moins Secrétaire d’Etat à la Sûreté nationale, Jean Fochivé. Au Maroc, la Gendarmerie Royale est un des piliers voire le pilier principal du Trône, depuis le Roi Hassan II. Directement rattachée au Palais, la Gendarmerie marocaine rivalise en équipements voire surclasse les Forces Armées Royales (FAR). Une puissance de feu et une loyauté sans faille au Trône qui la projettent au Sahara Occidental et l’impliquent dans les combats. En 1979, ce sont trois colonnes de la Gendarmerie royale qui ont délogé le Polisario de la ville (momentanément occupée) d’El Aïoun. Son inamovible patron, le Général Hosni Bensilimane a une place si grande dans la Cour du Roi qu’il toise les ministres du gouvernement.
Alors, pourquoi l’Etat et son chef, Macky Sall, veulent-ils reformuler une formule satisfaisante ? L’argument du contexte sous régional (la conjoncture ouest-africaine a bon dos) ne résiste pas à l’examen ; puisque des Etats en contact direct et physique avec le terrorisme dans la bande saharo-sahélienne (Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) n’ont pas rattaché leurs gendarmeries respectives aux ministères de l’Intérieur. Bien au contraire. Leurs Gardes nationales et/ou nomades ont une autonomie de commandement qui les rapproche davantage des Forces armées que de l’Administration territoriale, très souvent en charge de la Police. Dans ces quatre pays précités et menacés par Aqmi, Bokko Haram et Mujao, une force comme le Groupement Mobile d’Intervention (le GMI issu des entrailles de la Garde républicaine à Thiès) aurait été rattaché au ministère de la Défense.
L’autre explication – flairée mais non avancée – suggère la transposition ou la duplication de la réforme opérée en France. En effet, la Gendarmerie française a fait son retour à la Place Beauvau (siège du ministère de l’Intérieur), depuis le 1er janvier 2009. Toutefois, les débats sur le rattachement ont été riches et vifs, comme en atteste le Rapport d’information du sénateur, Jean Faure, sur l’avenir de l’organisation et des missions de la Gendarmerie. Ce dernier recommande de reconnaitre à la Gendarmerie tricolore, la qualité de « Quatrième armée », comme chez le voisin italien doté du corps similaire des Carabiniers. Du reste, toute copie étant pâle, pourquoi s’engager dans un mimétisme qui fait abstraction des différences entre le Sénégal et la France ? Cet Hexagone qui a rencontré, jusqu’en 2004, des problèmes de coopération sécuritaire au sein de l’Union Européenne (UE) à cause justement de la difficile homologation de la Gendarmerie parmi la forêt des Polices d’Europe.
En attendant la décision du Président Macky Sall, les échos reçus des cadres retraités de la Gendarmerie et les murmures captés chez les gendarmes en activité, sont tièdes sinon hostiles au rattachement. En effet, le phénomène de la rivalité de « boutiques » demeure tenace. En plus, l’équation de la mise en mouvement des forces de gendarmerie est complexe. Dans bien des cas, l’autorité administrative (Préfet) fait des réquisitions répercutées auprès du Haut-Commandement. Et le concours de la Gendarmerie n’est pas obtenu, lorsque la légalité de l’ordre est douteuse. Bref, moult textes sont à revoir dans la foulée du rattachement. Dans le même ordre d’idées, l’étude préparatoire du gouvernement apportera sûrement des clarifications autour de la formule choisie : rattachement organique ou mise sous tutelle pour uniquement l’emploi ? Autre question : va-t-on mutualiser les actions sans fusionner les moyens, notamment les budgets inégaux ?
Un sage et vieil adage conseille d’avoir deux, voire plusieurs fers au feu. L’Histoire des crises nationales a bien gravé dans les mémoires, la grève-révolte des policiers, en 1987. Un épisode ponctué par un face-à-face dramatiquement palpitant entre des forces de Police et des unités de Gendarmerie, et couronné par la radiation des policiers. Même si la Police est irremplaçable dans la vie des nations et des sociétés, le vide fut, à cette occasion-là, partiellement et provisoirement comblé par la Gendarmerie. Preuve qu’un Etat (jamais à l’abri des secousses) n’a pas intérêt à se mutiler volontairement ou à s’auto-ligoter, en mélangeant les bonnes et distinctes cartes (Armée, Gendarmerie et Police) qu’il a sous la main. Sans oublier, les risques de contagion entre deux corps aux mœurs disciplinaires assez décalées. L’art de bien gouverner rime avec une louable propension à consulter un large spectre de compétences : officielles, officieuses et éloignées. Faute de quoi, on valide – sans amendements adéquats – des études et des propositions explosives. Cas de certaines réformes qui sont les cadets des soucis du corps électoral de 2017 ou 2019, plus intéressé par la baisse du prix du gasoil que par le rattachement de la Gendarmerie au ministère de l’Intérieur.
L’orthodoxie républicaine subordonne, bien entendu, l’autorité militaire à l’autorité politique, au demeurant, très légitime dans le cas du Sénégal. Néanmoins, s’agissant d’une réforme d’envergure, le militaire, le gendarme et le policier (forts de leurs solides expertises) doivent édifier davantage le pouvoir politique, en faisant la balance des avantages et des inconvénients. Hier, les Généraux Amadou Bélal Ly, Waly Faye, Idrissa Fall et le Colonel Massar Diop avaient le courage d’aller au charbon. Et plus d’une fois, les Présidents Senghor et Diouf ont pris en compte leurs avis intelligemment étayés et poliment mais âprement défendus. On se rappelle que le Colonel Massar Diop (aujourd’hui décédé) avait franchi le Rubicon, en démissionnant, au début des années 90. Sans avoir totalement raison, d’ailleurs.
Le projet de rattachement prend forme, à quelques mois du départ vers la retraite du Haut-Commandant et Directeur de la Justice militaire, le Général Mbaye Guèye Faye. Quelle sera l’attitude du Premier pandore du Sénégal ? En tout état de cause, on n’est plus dans le Sénégal des bourgeons institutionnels (1960-70) où la Gendarmerie embryonnaire avait valsé entre le ministère de l’Intérieur (Me Waldiodio Ndiaye), l’Etat-major des Forces armées (Le Général Jean Alfred Diallo cumulait tous les commandements : armée, inspection des armées, gendarmerie et justice militaire) et le ministère de la Défense. Les temps ont radicalement changé. Beaucoup d’eau a coulé sous les ponts de la bonne gouvernance, de la démocratie et de la formation des cadres.
L’urgence se trouve manifestement ailleurs. Les services de sécurité ont plus besoin de réarmement moral que de réajustements structurels. Le Livre du Colonel Abdou Aziz Ndao a sérieusement sonné la Gendarmerie. Tandis que la mort de l’étudiant Bassirou Faye, le scandale de la drogue et la radiation du commissaire Keita ont grandement maculé l’image de la Police. Le savoir-faire n’est pas en cause, c’est plutôt la motivation qu’il faut stimuler. Mais tout indique que Macky Sall et son gouvernement sont taraudés par d’obscures peurs qui font d’eux, des croisés de l’ordre public. Pourtant, la démocratie et la sécurité ont les mêmes ennemis : l’indigence et la pauvreté. Autrement dit, les performances du Plan Sénégal Emergent (PSE) seront plus salvatrices pour le Sénégal que les incessants coups de pied dans la fourmilière institutionnelle. Décidément, Macky Sall veut tout faire et tout refaire dans un mandat. « L’Histoire n’est pas une course de vitesse, mais une course de fond » disait Sékou Touré.
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