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D’autres affiches appellent à klaxonner pour manifester l’opposition à M. Trump. Les automobilistes qui le font sont chaleureusement applaudis. Angelique Strachan et Ashanti Bruce expliquent qu’elles ont voté pour Hillary Clinton et que cette présidence rime avec chaos : « Nous avons peur pour les droits humains, d’un président qui sera contre tout ce qui est progressiste. »
Elles analysent le vote : pour elles, ce sont les électeurs blancs non diplômés qui sont responsables de ce qu’elles considèrent comme une catastrophe. Elles se rattachent à de maigres espoirs : les gouvernements locaux empêcheront le « président élu » de tout défaire, avancent-elles. Sa future administration fait peur Une autre manifestante, Jennifer, qui, comme beaucoup, refuse de donner son nom de famille, explique être là « pour promouvoir la démocratie et pour défendre ma liberté à disposer de mon corps ». « Je respecte la fonction présidentielle, mais lui ? Que peut-on en attendre, sinon la division », explique-t-elle.
Elle égraine les menaces qui planent, à ses yeux, sur l’Amérique libérale : « Vous avez vu ? il va nommer Joe Arpaio [celui qui se surnomme lui-même le « shérif le plus dur d’Amérique », qui a déclaré la guerre aux migrants] à la tête de la Homeland Security ».
Quand on leur cite des noms qui sont autant de marqueurs des orientations politiques de M. Trump, comme l’ancien maire de New York, Rudolph Giuliani, ou l’ancien gouverneur du New Jersey, Chris Christie, certains manifestants tombent toutefois des nues. Disent qu’ils n’ont aucune idée précise de qui ils sont.
Jennifer reprend : « Cette élection, c’est la revanche de l’Amérique rurale sur celle des villes. C’est aussi l’incapacité de Hillary Clinton à établir un lien avec ces gens, à les faire s’identifier à ses valeurs. »
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Un jeune homme, Jason qui, lui non plus, ne veut pas donner son nom, est effrayé. Pour lui, le cabinet qu’est en train de constituer le « président élu » ne sera composé que des gens opposés aux droits LGBTQ, au changement climatique, sans parler de ses choix pour la Cour suprême.
Une jeune femme s’approche : « Il dit qu’il est anti-establishment, mais il s’appuie sur des figures de l’establishment, comme Steven Mnuchin, un ancien banquier de chez Goldman Sachs. » Elle continue, s’en prenant aux grandes lignes du programme de politique étrangère esquissées par le candidat pendant sa campagne : « Il a des liens avec la Russie. Quand les Etats-Unis sont isolationnistes, la Russie avance ses pions », prévient-elle, avant d’ajouter en français : « il est dangereux. »
Le « président d’une minorité » « Le résultat de cette élection est un choc, elle va effacer tout ce qu’a fait Barack Obama », s’alarme Maya, 15 ans, qui se présente comme une latino-juive et à qui son père a glissé au préalable quelques consignes sur ce qu’elle peut dire ou pas. Elle explique que tout le monde a pris la candidature de Donald Trump pour une blague, mais que c’est bien fini : « Tout le monde a peur. »
Esla Sinclair, pour sa part, ne remet pas en cause les élections, mais estime que M. Trump n’est pas qualifié pour représenter le peuple des Etats-Unis. « Il n’a aucune moralité : c’est un individu raciste qui doit comprendre que l’Amérique ne veut pas de lui comme président ».
John W., qui ne veut pas donner son nom, dit « ne pas (se) sentir en sécurité ». « On entre dans une époque effrayante pour un homme de couleur, comme moi, dit-il. La campagne de Trump était un concentré de haine, de racisme ». Pour lui, M. Trump est le « président d’une minorité d’Américains ». Manifestation encadrée Le rassemblement est encadré par la police : les manifestants sont parqués dans un enclos, en face de la tour. Le passage sur le trottoir doit rester fluide. Un agent du New York Police Department (NYPD) passe, blasé, avec son mégaphone et répète mécaniquement : « c’mon guys, keep on moving, take your pictures and go, people want to go home, here you go » (« allez les gens, on ne s’arrête pas, on prend sa photo et on y va, les gens veulent rentrer chez eux, allez, allez »). Parfois, un partisan de M. Trump s’invite dans la manifestation. Malcom Dewer, « comme Malcom X » insiste-t-il, explique qu’il est venu, parce que c’est un soir où il ne travaille pas. Il a vu le rassemblement de la veille et n’est pas content car « les Américains sont des hypocrites : il y a eu une élection dont ils n’acceptent pas le résultat. Ils n’acceptent pas que Hillary Clinton ait perdu ». « Dites bien que ce n’est pas ça, l’Amérique » Bea Rubin et Talia Kazarian portent à bout de bras leurs panneaux « Pussy Power » et « Make America Love Again ». « Nous avons le sentiment qu’il faut faire quelque chose, alors qu’on se sent désarmées, mais qu’il faut faire entendre nos voix », expliquent-elles. Elles esquissent un mea culpa sur cette élection : « Nous vivons à New York, dans une bulle libérale, on se moque des problèmes des autres, nous n’avons pas vu qu’une partie de ce pays – que nous ne cherchons pas nécessairement à comprendre – est en souffrance. » Mais elles sont pour un partage des responsabilités : « Vous les médias, vous avez eu tout faux, les sondeurs aussi. Vous avez sous-estimé l’écho rencontré par Trump auprès de ces gens. Aujourd’hui, ce ne sont plus les Etats-Unis d’Amérique : il y a plusieurs pays, plusieurs cultures qui se côtoient sans chercher à se connaître. » Elles insistent : « Dites bien que ces électeurs ne nous représentent pas, que ce n’est pas ça l’Amérique. »
Tout ce qui reste à espérer, selon les manifestants, c’est que Trump n’abîme pas trop de choses : « Les relations avec les latinos, la place des femmes, des communautés LGBTQ ». Mais cette jeunesse libérale, ouverte sur le monde, lance un appel à la vigilance : « L’an prochain, c’est vous qui votez, ne l’oubliez pas ! »