LES MINEURS FACE À L’OFFRE AUDIOVISUELLE: QUAND LES TÉLÉVISIONS METTENT LES ENFANTS EN DANGER
Instabilité motrice, évitement du regard, difficultés langagières, échec scolaire, fugues, troubles de la mémoire… La liste du danger qu’encourent nos enfants exposés aux contenus et à l’offre audiovisuels… à la télévision, est loin d’être exhaustive. Dans le rapport 2014 du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra), des pédopsychiatres et autres spécialistes montrent qu’un enfant qui passe ses journées devant la télévision aura un retard de développement, car son cerveau n’a pas reçu beaucoup d’exercices intellectuels.
Dans tous les quatre «Avis trimestriels» émis en 2014, le Conseil nationale de régulation de l’audiovisuel (Cnra) a interpellé les médias audiovisuels sur l’importance de la protection du jeune public, allant parfois jusqu’à mettre en demeure certains organes pour le contenu de programmes ou émissions jugés inadéquats. Dans son rapport annuel de 106 pages, le régulateur est allé plus loin en mettant à nu l’impact des offres audiovisuelles sur ce public vulnérable.
En effet, interpellé au premier chef et face à la réalité de l’offre des médias qui induit des changements dans les comportements des usagers, notamment le public jeune, le Cnra a engagé une initiative pour la protection du jeune public des écrans. C’est ainsi que deux études sur le sujet ont réuni des spécialistes et autres pédopsychiatres dans une démarche pluridisciplinaire, les 19 et 20 février dernier à Dakar qui se sont penchés sur les apprentissages et vulnérabilités de nos enfants. Des éclairages de ces spécialistes sur un certain nombre des interrogations des Sénégalais, des enseignements sur la problématique de la relation enfant-télévision, sur le rôle de la famille et de parents font plus que peur.
Dans le rapport du Cnra, Mme Oumou Ly Kane, a documenté les échanges par des cas cliniques en nombre croissant de nourrissons, enfants en âge scolaire et adolescents que les parents amènent en consultation. Ces mineurs présentent des signes des signes comportementaux tels que l’instabilité motrice, l’évitement du regard, les difficultés langagières, l’échec scolaire, les fugues… Elle va plus en soulignant que l’enfant peut présenter des troubles du genre difficultés scolaires, troubles de la mémoire (oublis et autres formes de troubles), difficultés d’accès à l’écriture…
Altération de la conscience morale…
Mme Oumou Ly Kane relève qu’alors que les parents observent des absences pendant de très longues heures, l’enfant exposé au petit écran reste souvent dans les bras d’une jeune bonne inexpérimentée dans le maternage du bébé humain. Cela entraine la consommation excessive d’images de télévision, entraînant l’altération de la conscience morale, de la capacité d’empathie à autrui - surtout soufrant – et une facilité de violence sur l’autre, précise l’étude.
Pour sa part, le Dr Momar Codé Bâ attire l’attention sur la capacité de rétention et de mimétisme du cerveau de l’enfant. Le Dr Bâ nous renseigne également sur l’importance de l’attention et de la charge affective chez l’enfant pour faciliter et consolider sa mémorisation. Ce qui fait qu’un enfant troublé par des images violentes a du mal à avoir un sommeil paisible, un aspect important pour l’évolution de son cerveau.
Quant au Dr Idrissa Bâ, il montre, dans le texte du Cnra, la spécificité de «l’information visuelle de l’enfant: bases anatomiques, mécanisme de leur mémorisation et implications». Tous les deux docteurs soulignent que le cerveau de l’enfant est en perpétuel devenir. Il a besoin d’être stimulé pour une plus grande amélioration de son développement. Pis, mettent-ils en garde, «un enfant qui passe ses journées devant la télévision aura un retard de développement car son cerveau n’a pas reçu beaucoup d’exercices intellectuels».
PAYSAGE AUDIOVISUEL SÉNÉGALAIS : 17 TÉLÉVISIONS, PLUS DE 200 RADIOS ET…
Le Sénégal compte, aujourd’hui 17 télévisions, plus de 200 radios en opération, plus d’une dizaines de sites d’information à l’intention du lectorat sénégalais. L’information est contenue dans le rapport annuel 2014 du Cnra dont une copie nous est parvenue. Ce qui permet d’apprécier, près de 50 ans, la formidable évolution du paysage audiovisuel sénégalais depuis l’époque du monopole public, en taille et offre de pluralisme, organisation, offre de diversité, impact sur le public.
Pour ce qui est de l’organisation, le paysage médiatique audiovisuel sénégalais est constitué, entre autres éléments, d’un service public et d’une offre privée commerciale de télévisions et radios qui couvre tout le territoire national. S’y ajoutent une offre par des opérateurs privés sous forme de chaînes cryptées et une offre en radios communautaires couvrant le territoire national.
Le taux de pénétration d’Internet atteint les 25% chez les adolescents (10-17 ans). Pour ce qui est du taux de pénétration général des services Internet, il est de 49,42%, selon les statistiques de l’ARTP de septembre 2014, révèle le Cnra.
Par rapport à l’offre de diversité, cette marée de contenus divers et de qualité inégale interpelle le CNRA. L’article 7 de la loi portant création de l’organe de régulation audiovisuelle lui fait obligation de veiller notamment à la sauvegarde de l’enfance et de l’adolescence dans les contenus des programmes.
Car, en matière d’impact, la convergence technologique, les mutations rapides, l’environnement concurrentiel, engendrent des transgressions des dispositions légales et réglementaires, exposant le public à des dérives préjudiciables, notamment pour le jeune public.
SUD QUOTIDIEN