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De nombreux spécialistes en « communication » s’engouffrent dans l’espace ouvert par le choix de la ruse, dont ils se prétendent, entre soi, les meilleurs connaisseurs. La ruse en politique se décline en quatre temps, sur une échelle de gravité croissante. Au bas de l’échelle on trouve la flatterie. Cette forme de séduction est assez courante. Dans son manuel de campagne électorale… Le barreau suivant de l’échelle est la démagogie. Le procédé s’appuie sur une bonne connaissance des différents auditoires qui composent l’électorat, ainsi que de leurs attentes, souvent contradictoires entre elles. C’est là que les spécialistes en sondages et en marketing politique entrent en jeu (pour la flatterie, beaucoup de politiques n’ont pas besoin de conseillers), en important le plus souvent des méthodes rôdées dans le domaine de la vente et de la publicité. Le démagogue… Dire à des groupes d’électeurs différents, qui n’ont pas les mêmes intérêts, « votre programme sera le mien » est clairement au coeur du principe démagogique. L’étape suivante, dans l’échelle du pire, est celle de la propagande. Son mécanisme est simple, il s’agit de construire une image du candidat et de sa politique qui, à l’extérieur, est conforme aux attentes des électorats, tout en préservant, bien à l’abri des regards, la capacité du candidat à appliquer la politique qu’il a décidé. Le degré de contradiction entre la face extérieure de l’image et sa face intérieure est la mesure de l’intensité de la propagande mise en œuvre. Les hommes de la situation, du point de vue de la « communication », sont alors les spécialistes qui savent comment influencer les représentations que les électeurs se font d’un candidat et de sa politique, ceux qui disposent des bonnes techniques de fabrication d’une apparence qui n’ait pas trop l’air en contradiction avec la réalité.
Construire une image par exemple sur le thème de « la volonté de réduction de la fracture sociale » alors même que l’on a décidé de ne prendre aucune des mesures allant dans ce sens, correspond parfaitement à ce cas de figure. Le dernier barreau de l’échelle ne nous concerne pas ici, c’est celui de la propagande coercitive.
L’une des variantes de la propagande, peu subtile mais efficace, consiste à afficher son image comme celle de quelqu’un qui, lui, ne ruse pas, qui dit ce que les autres « pensent tout bas », qui, au delà des médiations et de la communication, incarne le « vrai » peuple, alors même que la politique réelle que l’on entend mener présente de très dangereuses caractéristiques autoritaires et xénophobes.
Trois facteurs amplifient cette tentation de recourir à la ruse. Le premier est propre au Sénégal. Il tient à l’extrême personnalisation du régime présidentiel issu de la constitution de la 2ème République. Le second est la place prise par les médias privés ou financés par le privé.
La tendance à la personnalisation, à la simplification, à la recherche de l’écoute maximale, y dessine une pente savonneuse où la ruse est plus utile que toute autre qualité. Le troisième facteur est l’ « incompétence démocratique », le manque de formation à la parole citoyenne, dans laquelle sont maintenus la plupart des habitants des pays dits démocratiques. Le recours de plus en plus massif à la ruse en politique fait que ces pays ne sont, en fait, guère plus que des pays en voie de démocratisation, toujours guettés par la tentation de terribles retours en arrière.
ABASSE DIOP
Construire une image par exemple sur le thème de « la volonté de réduction de la fracture sociale » alors même que l’on a décidé de ne prendre aucune des mesures allant dans ce sens, correspond parfaitement à ce cas de figure. Le dernier barreau de l’échelle ne nous concerne pas ici, c’est celui de la propagande coercitive.
L’une des variantes de la propagande, peu subtile mais efficace, consiste à afficher son image comme celle de quelqu’un qui, lui, ne ruse pas, qui dit ce que les autres « pensent tout bas », qui, au delà des médiations et de la communication, incarne le « vrai » peuple, alors même que la politique réelle que l’on entend mener présente de très dangereuses caractéristiques autoritaires et xénophobes.
Trois facteurs amplifient cette tentation de recourir à la ruse. Le premier est propre au Sénégal. Il tient à l’extrême personnalisation du régime présidentiel issu de la constitution de la 2ème République. Le second est la place prise par les médias privés ou financés par le privé.
La tendance à la personnalisation, à la simplification, à la recherche de l’écoute maximale, y dessine une pente savonneuse où la ruse est plus utile que toute autre qualité. Le troisième facteur est l’ « incompétence démocratique », le manque de formation à la parole citoyenne, dans laquelle sont maintenus la plupart des habitants des pays dits démocratiques. Le recours de plus en plus massif à la ruse en politique fait que ces pays ne sont, en fait, guère plus que des pays en voie de démocratisation, toujours guettés par la tentation de terribles retours en arrière.
ABASSE DIOP