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Le retour du Maroc demeure toutefois un sujet clivant au sein de l'UA, l'Algérie y est notamment hostile, et les observateurs redoutent que ces dissensions ne viennent se coupler aux divergences de vue sur la Cour pénale internationale et aux traditionnelles rivalités des blocs régionaux pour l'élection du nouveau président de l'exécutif continental. Prise de conscience du Maroc "L'expansion économique sur le continent est importante pour le Maroc", assure Liesl Louw-Vaudran, analyste pour l'Institute for Security Studies (ISS).
"L'Union africaine est de plus en plus importante, et le Maroc se rend compte qu'il est impossible de mettre en oeuvre son agenda continental sans être membre de l'UA". D'autre part, souligne-t-elle, la réintégration du Maroc pourrait être une aubaine pour l'UA, qui cherche à devenir financièrement indépendante, mais a perdu en la personne du défunt dictateur libyen Mouammar Kadhafi un généreux bienfaiteur. L'UA est actuellement financée à 70% par des donateurs étrangers, selon l'ISS.
Toutefois, "l'affaire n'est pas pliée", avertit Mme Louw-Vaudran, rappelant que l'Algérie et l'Afrique du sud, deux membres influents de l'UA, sont opposés ou réticents au retour du Maroc. Alger et Pretoria soutiennent de longue date la lutte du Front Polisario, qui réclame l'indépendance du Sahara occidental. La question du Sahara occidental Selon l'analyste politique Gilles Yabi, installé au Sénégal, "la question maintenant est de savoir si le Maroc va être réintégré et en même temps, si on ne va pas exclure le Sahara occidental de l'UA.
C'est sur ce point qu'il y a des divisions très claires au sein de l'UA". L'hostilité de certains pays africains vis-à-vis de la Cour pénale internationale (CPI) pourrait également susciter de nouveaux débats animés. Le Burundi, l'Afrique du Sud et la Gambie ont décidé en 2016 de quitter la Cour, l'accusant de ne viser que des pays africains. Le Kenya, très en pointe dans ce combat, a menacé de leur emboîter le pas tandis que le Sénégal et le Botswana, entre autres, soutiennent ouvertement la CPI.
Les intérêts régionaux divers promettent aussi de compliquer l'élection d'un nouveau président de la Commission pour succéder à la Sud-Africaine Nkosazana Dlamini-Zuma, saluée pour avoir mis la question des droits des femmes sur la table, mais critiquée pour son bilan en terme de paix et sécurité. Au mois de juillet Cette élection devait avoir lieu en juillet, mais avait finalement été reportée, de nombreux membres de l'organisation estimant que les prétendants "manquaient d'envergure".
Trois nouveaux candidats se sont depuis manifestés, et les observateurs s'attendent à ce que le vainqueur soit l'un d'entre eux: la ministre kényane des Affaires étrangères Amina Mohamed, l'ancien Premier ministre tchadien Moussa Faki Mahamat ou le diplomate sénégalais Abdoulaye Bathily. Chargé de revoir le fonctionnement de l'UA, taxée de lourdeur bureaucratique, le président rwandais Paul Kagame doit par ailleurs présenter ses pistes de réformes.
Plusieurs crises sur le continent seront également à l'agenda du sommet, comme le chaos en Libye, les groupes djihadistes au Mali, en Somalie et au Nigeria, ou encore les tensions politiques en République démocratique du Congo (RDC), où la médiation de l'UA a été dépassée par les faits. Le Soudan du Sud au coeur des préoccupations Le Soudan du sud, où la guerre civile a fait des dizaines de milliers de morts et plus de 3 millions de déplacés depuis décembre 2013, devrait de nouveau être au coeur des préoccupations.
Les violences ethniques perdurent et la force régionale de 4.000 hommes proposée au dernier sommet de l'UA pour renforcer les 12.000 Casques bleus déjà sur place n'a finalement pas été envoyée, le gouvernement du président Salva Kiir traînant des pieds. Bien que la question ne soit pas officiellement à l'agenda du sommet, l'arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche devrait occuper nombre de discussions, estime Mme Louw-Vaudran.
Sa promesse de défendre "l'Amérique d'abord" suscite en effet des craintes sur sa relation future avec l'Afrique. Les Etats-Unis sont un des principaux contributeurs dans la lutte contre les islamistes radicaux somaliens shebab. Or, la mission de l'UA en Somalie a déjà souffert d'une diminution de financement de la part de l'Union européenne, frappant le Burundi, plongé dans une profonde crise politique.