JUSTICE: Le procès Karim Wade suspendu jusqu'à lundi 10 heures
Le président de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI), Henry Grégoire Diop, a décidé d'une suspension du procès Karim Wade jusqu'à lundi 10 heures, à l'issue de la séance de ce jeudi, indiquant qu'il reviendra à la partie civile d'engager la semaine prochaine les débats sur les sur les exceptions de nullité soulevées par la défense.
Les avocats de l'ancien ministre Karim Wade, poursuivi pour enrichissement illicite présumé, ont réclamé jeudi "la nullité" de l'enquête préliminaire menée avant la tenue du procès de leur client.
Au sixième jour du procès, ils ont dit que six des personnes ayant mené l'enquête préliminaire n'ont pas été nommées par décret comme l'exige la loi, arguant que seul le patron de la Section des recherches de la gendarmerie a été nommé par décret.
Aussi ont-ils fait valoir que ces personnes n'ont pas la qualité d'exécuter un acte de police judiciaire, avant de demander l'annulation d'un réquisitoire du procureur spécial de la CREI daté du 17 avril 2013, à la suite de l'enquête préliminaire.
Antoine Félix Diome, le substitut du procureur spécial de la CREI, n'avait pas acquis le grade requis pour occuper ce poste, selon Ciré Clédor Ly et ses confrères commis par Karim Wade et ses coïnculpés. Partant, la nomination de M. Diome n'avait pas reçu le feu vert du Conseil supérieur de la magistrature.
Les avocats de la défense ont aussi évoqué l'existence d'un procès-verbal qui ne leur a pas été remis par le parquet spécial de la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI).
Le procureur spécial près la Cour de répression de l'enrichissement illicite (CREI) Alioune Ndao et son substitut Antoine Diome ont de leur côté relevé, dans leur réquisitoire, plusieurs "incohérences" dans les plaidoiries des avocats de Karim Wade et ses présumés complices. Selon les magistrats, la défense "se perd dans les exceptions de nullité qu'elle a soulevées".
"Les avocats de la défense nous ont présenté plusieurs exceptions. Mais curieusement, dans leurs plaidoiries, ils ne cessent de faire de petites incursions dans le fond du dossier, alors que nous en sommes à l'étape procédurale", a fait observer Antoine Diome.
"Au cours d'une plaidoirie d'un avocat de la défense qui faisait plusieurs incursions dans le fond, j'ai vu Me Souleymane Ndéné Ndiaye lui glisser une petite note pour lui rappeler en ordre. Histoire de lui dire que nous ne sommes pas encore au fond du dossier", a-t-il dit, demandant au tribunal de rejeter les exceptions de la défense qui ne sont pas fondées selon lui.
"Un avocat de la défense a dit devant la Cour qu'il prenait le contre-pied d'un de ses confères de la défense et qu'il l'assume. Eux-mêmes ne s'entendent pas sur leur stratégies de défense", a signalé M. Diome.
Le procureur spécial Alioune Ndao a abondé dans le même sens, en s'insurgeant contre les exceptions soulevées par la défense. Il est ensuite longuement revenu sur le travail mené par la CREI depuis l'enquête préliminaire, assurant de "la base légale" de la procédure qui a conduit à la détention de Karim Wade et ses présumés complices.
M. Wade est poursuivi pour enrichissement illicite présumé. Il doit justifier un patrimoine de 117 milliards de francs CFA.
De nouveaux "motifs de nullité" soulevés par la défense, toujours à la recherche d'irrégularités dans la procédure judiciaire visant Karim Wade et ses coïnculpés, avaient marqué la séance ce mercredi.
Après avoir perdu la bataille sur la compétence de la CREI, lundi, la défense de M. Wade et de ses coïnculpés a ensuite vu la Cour suprême annuler un arrêt qui lui était favorable.
Mardi, la Cour suprême a déclaré irrecevable le recours de Karim Wade portant sur l'incompétence de la CREI à le juger, infirmant une précédente décision de sa Chambre criminelle favorable à l'ancien ministre.
APS