Interdiction du port de voile dans certaines discplines sportives: Le casse-tête des «Ibadous» ou femmes voilées

Toléré lors des entraînements de boxe, d’Athlétisme, de judo, le voile ou «hijab» n’est pas autorisé en compétition. La cause : le Sénégal est affilié aux Fédérations internationales sportives qui exigent de n’arborer aucun signe religieux. Conséquence : il a perdu de remarquables athlètes féminines.

Elle pratique le judo depuis plusieurs années. Ceinture noire 2e dan, Aïcha Thiam est une femme voilée. Seulement, lors de ses compétitions et conformément au règlement de ce sport, elle est obligée d’enlever son voile lorsqu’elle monte sur le tatami. Le judo fait partie des disciplines qui interdisent le port du voile.
Car, «il peut être une arme contre celle qui la porte à cause des techniques de combat au sol, comme celui de l’étranglement», renseigne le directeur de la Haute compétition, Souleymane Boun Daouda Diop. Ce dernier, par ailleurs maître de judo, affirme que cette discipline «a perdu beaucoup de combattantes parce qu’elles ne voulaient pas enlever leur voile lors des compétitions».
Répondant à la question de savoir si les textes peuvent éventuellement être revus pour faciliter à ces femmes voilées la pratique du Sport, M. Diop est catégorique : «Le Sénégal, même s’il le voulait, ne pourrait pas changer les textes, étant donné qu’il est affilié à l’Union africaine. Et la Fédération internationale de judo interdit le port du voile. Nos compétitions doivent obéir aux règles fixées par ces deux institutions.»
Le judo n’a pas encore trouvé de solution. Mais aujourd’hui, il y a une possibilité de porter un bonnet qui colle à la tête et qui est spécifiquement conçu pour les besoins du sportif. Sauf que la règle est très claire : «Si cela s’enlève deux fois de suite, celle qui l’a porte perd le combat.»
Contrairement à Aïcha Thiam, obligée d’enlever son voile lors des compétitions, Fatou Ndiaye Dièye et Mme Diao de l’Equipe nationale de Taekwondo n’ont pas ce problème. En compétition, elles portent leurs voiles sous leurs casques. Dans le même registre, on peut inscrire le karaté qui tolère le port du voile au plan national. Mais à l’étranger, l’«Union africaine de karaté et la Fédération mondiale interdisent également le port du voile», renseigne Ndoumbé Fall, première Africaine arbitre mondiale de karaté.

Cas du handball
Au Sénégal, certaines disciplines, telles que le Basket, l’Athlétisme, le Volleyball, la Natation ou le Football, n’ont pas le même engouement pour les femmes voilées pour ces raisons : soit pour ne pas être confrontées à enlever leurs voiles, ou par rapport aux tenues (short ou culotte, maillot de bain). En revanche, elles sont très présentes dans le Handball, à l’image de Ndèye Bineta Thiam, sociétaire du Saltigué de Rufisque et internationale sénégalaise.
Elle a eu à participer à la Coupe d’Afrique des clubs champions du 16 au 25 novembre dernier à Tanger (Maroc). Lors de ces joutes continentales, Ndèye Bineta a rencontré des diffucltés. «Il y avait un comité spécialement mis en place pour contrôler les équipements des voilées, renseigne-t-elle. Par exemple, si le maillot de ton équipe est en rouge-blanc, la voilée doit porter sous sa culotte une leggins de couleur plus attirante que le maillot, de même qu’un collant et un voile de la même couleur, sinon tu ne seras pas admise.» Contrairement à l’entraînement et pendant les matchs au Sénégal où elle peut porter un pantalon jogging.

Cas du football
En 2010, quelques semaines avant les premiers Jeux olympiques de la jeunesse de Singapour, l’Equipe iranienne de football se présente sur le terrain, intégralement voilée. Les autorités trouvent qu’elles sont en contradiction avec la loi 4 de la Fédération internationale de football amateur (Fifa) qui impose de n’arborer «aucun message politique, religieux ou personnel».
Elles sont exclues par la Fifa qui, confrontée à une forte pression, accepte un compromis : elles peuvent jouer avec une casquette laissant apparaître les oreilles et le cou. En 2011 rebelote, lors d’un match clé de qualification pour les Jeux olympiques, l’équipe arrive de nouveau voilée et est disqualifiée. Le Prince Ali Bin Hussein, frère du Roi de Jordanie et 6e vice-président de la Fifa, décide alors d’intervenir.
Il réussit avec la Confédération asiatique de football (AFC) à convaincre l’International football association board (IFAB) avec un argument de taille : «Le hidjab n’est pas un signe religieux, mais un signe culturel.»
Et depuis le 05 juillet 2012, la Fifa a autorisé le port du hijab sur les terrains. Une décision adoptée à l’unanimité dans l’objectif de permettre la pratique du football à toutes les femmes, sans discrimination religieuse visant certaines communautés. Les nations islamiques, telles que le Koweït, les Émirats Arabes Unis, le Qatar et le Bahreïn, se réjouissent de cette nouvelle.
Mais pour les Indonésiens, cela ne change rien, puisque leurs sportives ne portent pas le hijab lors des compétitions. Quant au Sultanat d’Oman et l’Arabie Saoudite, ils n’octroient pas de licence sportive à leurs femmes et ne comptent pas de sélection féminine.
Pour rappel, le voile est toléré lors de certains entraînements comme la Boxe, l’Athlétisme, le Judo entre autres, mais il n’est pas autorisé en compétition. D’ailleurs, en Europe, un modèle de hijab «spécial sport» en textile respirant est déjà dans certaines boutiques pour encourager la pratique sportive chez les voilées.

GFM.SN