Le Royaume saoudien sera-t-il un des nouveaux membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à l’issue du sommet d’Antananarivo, le dimanche 27 novembre ? Comme lors de chaque sommet, les chefs d’État et de gouvernement membres devront statuer sur les demandes d’adhésion. Or, parmi les candidatures qui lui sont parvenues se trouve celles l’Arabie saoudite.
Le Royaume souhaite en effet rejoindre la famille francophone. Riyad a déposé sa candidature auprès du Sénégal (qui exerce la présidence tournante de l’organisation) le 2 mai via un courrier que Jeune Afrique a pu consulter. Il y détaille ses efforts pour l’enseignement du français, notamment ses partenariats en la matière avec des institutions françaises.
Le 30 juin, le Conseil permanent de la francophonie (CPF), qui regroupe les ambassadeurs des pays membres à Paris, s’est penché une première fois sur la question et a estimé que le dossier était incomplet.
Mais Riyad ne s’est pas découragé pour autant : par une note verbale, parvenue à la diplomatie sénégalaise le 30 septembre, le royaume a complété son dossier et a annoncé l’envoi d’une délégation au sommet d’Antananarivo. Elle a reçu une accréditation.
Refus poli
Cependant, mercredi 23 novembre, lors de la Conférence ministérielle de la francophonie (CMF) qui s’est tenue en amont du sommet des chefs d’État, les représentants des États membres ont à nouveau jugé la candidature saoudienne incomplète.
Cette position, qui ressemble fort à un refus poli, arrange beaucoup de monde à l’OIF, et notamment son secrétariat général, embarrassé par le dossier. Élue à ce poste en 2014, la Canadienne Michaëlle Jean s’efforce en effet de réagir publiquement à chaque violation des droits de l’Homme commise dans l’espace francophone. Par ailleurs, une des résolutions en discussion lors du sommet traite de l’égalité homme-femme. Sur ces deux questions, la situation de l’Arabie saoudite, adepte d’une version rigoriste de l’Islam, est pour le moins inquiétante.
Le précédent qatari
Cependant, les chefs d’État et de gouvernement des États-membres restent seuls décisionnaires sur la question. Ils doivent se réunir en sommet les samedi 26 et dimanche 27 novembre, et devront également statuer sur les candidatures au statut de membre observateur de la Corée du Sud, de l’Argentine et de la province canadienne de l’Ontario.
Si l’avis du CMF ne rassure pas totalement le secrétariat général, c’est qu’il existe un précédent. Lors du Sommet de Kinshasa, en 2012, le Qatar avait en effet obtenu, à la surprise générale, le statut de « membre associé », sans passer par la case « observateur », comme c’est l’usage dans un premier temps.
L’émirat avait su convaincre plusieurs délégations du bien fondé de sa demande dans les coulisses du sommet.
Source : Jeune Afrique