Une âme fidèle à la grâce et à la générosité, malgré les obstacles les plus invincibles, s’élève à la perfection la plus éminente – à la droite du trône de Dieu. Papa, il existe des émotions si indicibles et ineffables que des mots et des pleurs ne suffisent pas à exprimer le vide et la douleur. Et si le temps est certes le partenaire lénifiant des peines, il est aussi le gardien patient des souvenirs et des mentions honorables sur les langues de la postérité. Ces langues qui t’ont chanté, qui t’ont admiré et qui t’ont tant aimé. Ces langues qui, dans la solitude des nuits et le vacarme diurne, prient pour le repos mérité de ton âme. Tu trouveras, dans le cœur des hommes, une demeure perpétuelle. Dans le mien, tu as gravé joie et viatique à jamais.
Quand, allongé sur un lit d’hôpital, tu me dictas avec éloquence et génie un texte relatant une de tes nombreuses anecdotes militaires vécues au péril de ta vie, tu me prouvas ton courage ! Quand, assis à côté de toi, tu m’initiais à la lecture et aux jeux de l’esprit, tu me prouvas ton amour ! Quand des vents contraires menaçaient ton frêle esquif, ton professionnalisme légendaire me prouva ta sagesse et ton esprit de dépassement ! Quand tes ami(e)s serraient mes mains, fixaient mon regard ou enlaçaient mes bras, je ressentais aisément leur émoi – cœurs meurtris et tristesse inconsolable. Car ils ont partagé avec toi, à la RTS, à Fass, à Sacré Cœur, à Dieuppeul, à Amitié, au Liban, en Gambie, à Bissau, à Ziguinchor ou dans le confort de leurs chaumières, des moments inoubliables.
Quand une pléthore d’individus inondaient les réseaux sociaux de témoignages, je lisais à travers leurs lignes les fruits mûrs du dévouement pour ta Patrie et pour Autrui. Car tu as, sans le savoir et sans le feindre, effleuré plusieurs cœurs et caressé plusieurs âmes. Ainsi ta vie et ta mort, également pleines de générosité, d’humilité et de profondeur, sont l’instruction du genre humain. C’est pourquoi ta modération t’a toujours mis au-dessus de ta fortune : Incapable d’être ébloui des grandeurs et vanités humaines, et Incapable d’être dédaigneux du vigile ou du planton. Car tu étais utile et chaleureux envers tout un chacun – Prince, Prélat ou Plèbe.
Quand, la veille de ta disparition, tu conclus notre échange téléphonique par « Bonne nuit. Porte-toi bien », je sentais qu’à travers ta voix, tous mes aïeux illustres me criaient continuellement jusque des siècles les plus reculés : Dominus tecum, virorum fortissime vade in bac fortitudine tua. Ego ero tecum (Le Seigneur est avec toi, Ô le plus courageux de tous les hommes. Va avec ce courage dont tu es rempli. Je serai avec toi.) Une âme fidèle à la générosité, malgré les obstacles les plus invincibles, s’élève à la perfection la plus éminente.
Papa, voici mes gerbes et mes fleurs - tout est à toi ! Ta voix nous a manqué lors de la retransmission du défilé du 4 avril 2018. Ta maitrise du sujet est gravée à jamais dans la mémoire collective. Repose en paix et pour l’éternité.
A bientôt.
Je t’aime