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Guinée: l'opposition appelle ses partisans


Mercredi 9 Octobre 2013

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Comme tous les samedis, ils étaient des centaines de militants réunis à Conakry, au siège de l'Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG), le parti de M. Diallo. Dans la cour, sous un soleil de plomb, les femmes installées aux premiers rangs devant la tribune de l'orateur agitent leurs éventails pour lutter contre la chaleur. Costume noir et lunettes légèrement teintées, M. Diallo a réitéré ses attaques contre le parti au pouvoir, le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG) du président Alpha Condé, et l'administration qu'il a accusés de "fraudes massives": refus d'inscriptions de militants d'opposition sur les listes électorales, gonflement "artificiel" du corps électoral dans les fiefs du président, "tripatouillage du découpage électoral"... Ces accusations ont été rejetées par le parti présidentiel qui a accusé l'opposition de refuser sa défaite, alors que seuls des résultats parcellaires ont été publiés une semaine après le scrutin. "Tout a été fait pour vous empêcher de voter", a lancé samedi M. Diallo sous les youyous et les applaudissements, mais "malgré tout", l'UFDG a obtenu "un résultat honorable" avec, selon lui, "14 circonscriptions gagnées au scrutin uninominal sur 38". Devant la tribune, au son d'une musique saturée, des militantes arborant les couleurs vert et orange du parti entament quelques pas de danse. "Vous faites peur à Alpha Condé", hurle un animateur, tandis que défilent au micro cadres du parti, candidats et griots chantant les louanges, en langues peul et soussou, de l'ancien Premier ministre (2004-2006) battu par Alpha Condé à la présidentielle de 2010, après être arrivé en tête du premier tour avec 43% des voix. Il ne faut pas fêter "cette victoire" au scrutin uninominal, tempère toutefois M Diallo, "parce que, sur la liste nationale (à la proportionnelle), vous allez voir l'impact des magouilles orchestrées par le RPG et l'administration territoriale. Partout, les préfets se sont mobilisés pour falsifier les listes, bourrer les urnes, fausser les résultats". C'est pourquoi, dit-il, l'opposition a exigé vendredi "l'annulation pure et simple du scrutin", faute de quoi elle appellera à des "manifestations pacifiques sur tout le territoire". "Il faut se mobiliser contre la dictature, contre le vol de vos suffrages! Nous avons gagné dans nos fiefs, mais l'élection a été une mascarade dans beaucoup de circonscriptions", affirme M. Diallo. Malgré la virulence des attaques, l'ambiance reste bon enfant, même parmi les dizaines de jeunes gens présents. "A ce stade, je vous demande de rester mobilisés. Si à 03H00 du matin, on vous dit +levez vous+, il faudra vous lever! Nous avons le droit d'exiger que le suffrage du peuple soit respecté", s'exclame encore le leader de l'UFDG. Parmi les militants très disciplinés, les réactions sont quasiment toutes les mêmes: plutôt réticents à parler à la presse, ils disent "attendre maintenant les décisions du leader du parti", mais assurent que "bien sûr", ils se tiennent "prêts à descendre dans la rue", malgré le risque d'une reprise des violences, qui ont déjà fait une cinquantaine de morts depuis le début de l'année."Aujourd'hui, les diplomates viennent nous voir au nom de la paix", dit encore Cellou Dalein Diallio. "Mais l'UFDG a déjà tout fait pour la paix! Les diplomates parlent de paix mais la source des conflits, c'est quoi? C'est l'injustice, c'est l'arbitraire! C'est ceux qui commettent ces crimes qui mettent en cause la paix. C'est à eux que les diplomates doivent parler!" 

Williams Logan