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Les loisirs du dictateur
Chose étrange ! Dans cette biographie, plaquée sur le site web de la State House (la Présidence gambienne) et parcouru par Seneweb, il y a un oubli de taille. Il n’y a aucune trace de l’expertise revendiquée par Jammeh dans le traitement du Sida. N’est-ce pas lui qui, en janvier 2007, déclarait à la face du monde qu'il pouvait traiter et guérir le sida ? Mieux, il en avait fait la publicité et la loufoque propagande devant les caméras. A-t-il, entre temps, perdu ces pouvoirs médico-métaphysique ?
En tout cas, le président gambien est montré sous son jour le plus simple dans cette biographie. Du moins, dans la rubrique «Hobbies». Loin de l’image du dictateur féroce et arrogant qu'on lui colle, la biographie nous présente un Jammeh comme on ne l’avait jamais connu. «Loisirs : Jouer au Tennis, au football, aime la nature, la lecture, l’écrire, conduire, faire de la moto, surfer sur le net, écouter de la musique, l’élevage». Tout ce qu’il y a de plus simple. Bref, on nous dit que Jammeh est comme vous et moi. Mais, détrompez-vous. L’homme qui a dirigé la Gambie d’une main de fer durant 22 années, est un homme bien particulier.
Jammeh, ses femmes, ses études…
Yahya Jammeh est né le 25 mai 1965 à Kanilai dans le Foni Kansala. Marié en 1999 à Zeinab Suma, d'origine guinéo-marocaine, après un divorce en 1998 avec sa précédente épouse, Tuti Faal, ce dernier mariage connaîtra des turbulences quand Jammeh prendra une deuxième épouse, Alima Sallah, la fille de l'ambassadeur de la Gambie en Arabie saoudite, en l’absence de la première dame. Furieuse, cette dernière, avec qui il a eu deux bouts de bois de Dieu, Mariam et Muhammed Yahya, se retranche aux Usa, le temps d’y voir plus clair. Bref, cette parenthèse est censurée dans la biographie du dictateur.
Ayant démarré ses études à l’école primaire Saint Antony de Kanilai en 1972, Jammeh réussit son examen d'admission et obtient une bourse d'études du gouvernement en 1978. De 1978 en 1983, il entre au Lycée où il obtient son bac. Ou plutôt son «General Certificate of Education» pour rester fidèle au texte. Là s’arrête le parcours scolaire du président gambien. Mais, pour connaitre véritablement Jammeh, vous devez farfouiller dans sa carrière militaire. Et surtout, jeter un bref coup d’œil, loin de cette biographie.
Jammeh et la fabrique de putschiste
Sur la page officielle consacrée au chef de l’Etat Gambien, Wikipédia livre une information cruciale qui révèle l'origine du penchant putschiste de Jammeh. En effet, l’actuel président sortant de la Gambie a fait un passage discret à l’Ecole militaire des Amériques. Créé en 1946, cet établissement, géré par le département de la Défense des Usa, est connu pour avoir formé à des techniques de torture et d’insurrection nombre d’officiers militaires du monde, dont Jammeh, qui ont fini par faire un coup d’Etat dans leur pays. «Elle est célèbre pour avoir enseigné aux militaires latino-américains les doctrines de contre-insurrection et inculqué une idéologie anti-communiste. Nombre de militaires ayant par la suite organisé des coups d'État et instauré des juntes y ont été formés», renseigne l’encyclopédie.
A titre d’exemple, l’ex dictateur Panaméen, Manuel Noriega, y est passé. Le Salvadorien, Roberto d’Aubuisson, qui fut cité pendant la guerre civile qui ravagea le Salvador de 1978 à 1982 parmi ceux qui étaient derrière les «escadrons de la mort», responsables de nombreuses exécutions extra-judiciaires au Salvador, y a aussi fait ses armes. Le putschiste Omar Torrijos du Panamas est aussi sorti de cette école américaine. Et la liste n’est pas exhaustive. Donc, fraichement sorti de cette école, Jammeh avait tout le bagage technique et psychologique pour renverser Jawara.
Responsable de la sécurité du Pape Jean Paul II
La carrière militaire de Jammeh a débuté vers les années 80. En effet, c’est en 1989 que le jeune Yahya sera promu au grade de sous-lieutenant, puis lieutenant en 1992. Soit deux ans avant son coup d’Etat. Après le coup d’Etat, commenceront les auto-promotions. Il s’arrosera le grade de capitaine, puis colonel le 28 aout 1996 alors qu'il était chef de l’Etat. Et parmi ses missions spéciales, Jammeh n’oublie pas une date mémorable : «Du 23 au 24 février 1992 : Officier en charge de la protection rapprochée du Pape Jean Paul II et de son entourage».
Yaya Jammeh, c’est aussi la démesure et l’auto-glorification. La rubrique «Honneurs» de la biographie renseigne bien sur cette facette de l’homme. Elle est la plus longue et la plus fournie de la publication. De 1993 à 2015, le rédacteur ne semble rien oublier. Près de 70 récompenses, distinctions et décorations sont exhaustivement listées. Du trophée de «meilleur Président d’Afrique», décerné par “the Gambia Pastors Intercessory Fellowship”, au diplôme honorifique en phytothérapie et médecine homéopathique dite décernée par l’Université Jean Monnet de Bruxelles, en passant par le Grand ordre national de la bravoure, remis par Khadafi, tout y est.
Son futur trophée de chasse
Aujourd’hui, Jammeh joue gros. Mis au ban de la société, il tente, tant bien que mal de résister au flot interminable de réprobations, de mises en gardes, et de conseils, venant de tous les coins du globe. Et qui sait, il ouvrira peut-être, spécialement, une rubrique dédiée à ses hauts faits, si jamais il réussissait à tenir tête au monde entier. Chose, qui risque d’être fort difficile, même quand on s’appelle Son Excellence Cheikh Professeur Alhaji Dr. Yahya Abdul-Aziz Awal Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen Babili Mansa.
Chose étrange ! Dans cette biographie, plaquée sur le site web de la State House (la Présidence gambienne) et parcouru par Seneweb, il y a un oubli de taille. Il n’y a aucune trace de l’expertise revendiquée par Jammeh dans le traitement du Sida. N’est-ce pas lui qui, en janvier 2007, déclarait à la face du monde qu'il pouvait traiter et guérir le sida ? Mieux, il en avait fait la publicité et la loufoque propagande devant les caméras. A-t-il, entre temps, perdu ces pouvoirs médico-métaphysique ?
En tout cas, le président gambien est montré sous son jour le plus simple dans cette biographie. Du moins, dans la rubrique «Hobbies». Loin de l’image du dictateur féroce et arrogant qu'on lui colle, la biographie nous présente un Jammeh comme on ne l’avait jamais connu. «Loisirs : Jouer au Tennis, au football, aime la nature, la lecture, l’écrire, conduire, faire de la moto, surfer sur le net, écouter de la musique, l’élevage». Tout ce qu’il y a de plus simple. Bref, on nous dit que Jammeh est comme vous et moi. Mais, détrompez-vous. L’homme qui a dirigé la Gambie d’une main de fer durant 22 années, est un homme bien particulier.
Jammeh, ses femmes, ses études…
Yahya Jammeh est né le 25 mai 1965 à Kanilai dans le Foni Kansala. Marié en 1999 à Zeinab Suma, d'origine guinéo-marocaine, après un divorce en 1998 avec sa précédente épouse, Tuti Faal, ce dernier mariage connaîtra des turbulences quand Jammeh prendra une deuxième épouse, Alima Sallah, la fille de l'ambassadeur de la Gambie en Arabie saoudite, en l’absence de la première dame. Furieuse, cette dernière, avec qui il a eu deux bouts de bois de Dieu, Mariam et Muhammed Yahya, se retranche aux Usa, le temps d’y voir plus clair. Bref, cette parenthèse est censurée dans la biographie du dictateur.
Ayant démarré ses études à l’école primaire Saint Antony de Kanilai en 1972, Jammeh réussit son examen d'admission et obtient une bourse d'études du gouvernement en 1978. De 1978 en 1983, il entre au Lycée où il obtient son bac. Ou plutôt son «General Certificate of Education» pour rester fidèle au texte. Là s’arrête le parcours scolaire du président gambien. Mais, pour connaitre véritablement Jammeh, vous devez farfouiller dans sa carrière militaire. Et surtout, jeter un bref coup d’œil, loin de cette biographie.
Jammeh et la fabrique de putschiste
Sur la page officielle consacrée au chef de l’Etat Gambien, Wikipédia livre une information cruciale qui révèle l'origine du penchant putschiste de Jammeh. En effet, l’actuel président sortant de la Gambie a fait un passage discret à l’Ecole militaire des Amériques. Créé en 1946, cet établissement, géré par le département de la Défense des Usa, est connu pour avoir formé à des techniques de torture et d’insurrection nombre d’officiers militaires du monde, dont Jammeh, qui ont fini par faire un coup d’Etat dans leur pays. «Elle est célèbre pour avoir enseigné aux militaires latino-américains les doctrines de contre-insurrection et inculqué une idéologie anti-communiste. Nombre de militaires ayant par la suite organisé des coups d'État et instauré des juntes y ont été formés», renseigne l’encyclopédie.
A titre d’exemple, l’ex dictateur Panaméen, Manuel Noriega, y est passé. Le Salvadorien, Roberto d’Aubuisson, qui fut cité pendant la guerre civile qui ravagea le Salvador de 1978 à 1982 parmi ceux qui étaient derrière les «escadrons de la mort», responsables de nombreuses exécutions extra-judiciaires au Salvador, y a aussi fait ses armes. Le putschiste Omar Torrijos du Panamas est aussi sorti de cette école américaine. Et la liste n’est pas exhaustive. Donc, fraichement sorti de cette école, Jammeh avait tout le bagage technique et psychologique pour renverser Jawara.
Responsable de la sécurité du Pape Jean Paul II
La carrière militaire de Jammeh a débuté vers les années 80. En effet, c’est en 1989 que le jeune Yahya sera promu au grade de sous-lieutenant, puis lieutenant en 1992. Soit deux ans avant son coup d’Etat. Après le coup d’Etat, commenceront les auto-promotions. Il s’arrosera le grade de capitaine, puis colonel le 28 aout 1996 alors qu'il était chef de l’Etat. Et parmi ses missions spéciales, Jammeh n’oublie pas une date mémorable : «Du 23 au 24 février 1992 : Officier en charge de la protection rapprochée du Pape Jean Paul II et de son entourage».
Yaya Jammeh, c’est aussi la démesure et l’auto-glorification. La rubrique «Honneurs» de la biographie renseigne bien sur cette facette de l’homme. Elle est la plus longue et la plus fournie de la publication. De 1993 à 2015, le rédacteur ne semble rien oublier. Près de 70 récompenses, distinctions et décorations sont exhaustivement listées. Du trophée de «meilleur Président d’Afrique», décerné par “the Gambia Pastors Intercessory Fellowship”, au diplôme honorifique en phytothérapie et médecine homéopathique dite décernée par l’Université Jean Monnet de Bruxelles, en passant par le Grand ordre national de la bravoure, remis par Khadafi, tout y est.
Son futur trophée de chasse
Aujourd’hui, Jammeh joue gros. Mis au ban de la société, il tente, tant bien que mal de résister au flot interminable de réprobations, de mises en gardes, et de conseils, venant de tous les coins du globe. Et qui sait, il ouvrira peut-être, spécialement, une rubrique dédiée à ses hauts faits, si jamais il réussissait à tenir tête au monde entier. Chose, qui risque d’être fort difficile, même quand on s’appelle Son Excellence Cheikh Professeur Alhaji Dr. Yahya Abdul-Aziz Awal Jemus Junkung Jammeh Naasiru Deen Babili Mansa.