GROSSESSES EN MILIEU SCOLAIRE AU SENEGAL: 2 000 CAS RECENSES EN 2014

Lundi 21 Septembre 2015

Au Sénégal, 2000 cas de grossesses ont été dénombrés en 2014 en milieu scolaire sur les filles âgées entre 12 et 14 ans, 3600 cas de viol et sur les 1620 femmes qui meurent en couche, chaque année, les jeunes sont les principales victimes. Ces chiffres intolérables ont poussé des organisations internationales à appuyer les pouvoirs publics en mettant en branle des stratégies pour réduire la prévalence d’au moins 25 %. L’élaboration de cette contre-offensive a fait l’objet qu’une journée de réflexion, au cours du week-end, au Centre Jacques Chirac de Pikine.

La multiplication des grossesses en milieu scolaire est devenue une préoccupation majeure dans le milieu de l’école, notamment dans les régions de Kolda, Fatick et Dakar. Pour éradiquer ce phénomène révoltant à plus d’un titre, un programme financé par des partenaires internationaux du Sénégal tente d’intervenir actuellement dans 15 écoles du pays, notamment celles qui ont connu le plus de victimes. Réunissant les autorités administratives et académiques locales ainsi que les parents d’élèves, une journée de réflexion et de partage s’est ainsi tenue, samedi dernier, à Pikine.

Selon le directeur du centre Jacques Chirac, il y a urgence à agir surtout que les chiffres de 2014 ont révélé que 2 000 élèves de la tranche d’âge comprise entre 12 et 16 ans sont tombées enceintes et 3 600 cas de viol constatés toujours en milieu scolaire. L’autre constatation amère de la part des éducateurs est que ces grossesses non désirées ont occasionné la mort de plusieurs filles au Sénégal. Et le directeur du centre de hausser le ton pour dénoncer la gravité de ces grossesses qui humilient non seulement les parents et toute la famille de l’élève, mais expose cette dernière aux tentatives d’avortement clandestin avec tous les risques qui pèsent sur leur vie.

Enumérant les causes de ces grossesses non désirées, Cheikh Guèye a fortement décrié l’environnement des établissements scolaires souvent exposé entre les petits commerces et les ateliers des artisans. Mais le facteur principal reste, selon lui, l’exacerbation de la pauvreté qui favorise la démission des parents. Le recrutement des jeunes enseignants sans formation et dépourvus d’éthique professionnelle et l’utilisation abusive des technologies de l’information chez les jeunes sont aussi indexés parmi les causes. Quant à la crise des valeurs morales qui prend de plus en plus de l’ampleur, elle est illustrée par la tenue provocante des filles et la fréquentation des lieux de libertinage (plages, boites de nuit, etc.). En somme, autant de causes devenues source de problème social et qui menacent les fondements moraux de la société.

Auparavant, Abdoul Aziz Mandiang, le coordonnateur du projet au niveau de l’Asbef a fait une présentation dudit projet dont l’objectif est de réduire l’ampleur de ce fléau en milieu scolaire. Ces divers plaidoyers ont été faits en compagnie des acteurs que sont les élus locaux, les parents d’élèves, les enseignants, les élèves afin d’interpeller les pouvoirs publics sur ce véritable danger qui guette les jeunes filles.

Octobre se révélant le mois le plus craint

Enfin, il est prévu d’organiser des journées thématiques, une éducation sur la santé de la reproduction, une mise en place d’un code de conduite, a conclu, Mamadou Mbaye dit Ass, point focal du Projet à Pikine Guédiawaye. Pour info, une étude pilotée par un consultant montre que les grossesses surviennent la plupart du temps lors des grandes vacances, le mois d’Octobre se révélant le mois le plus craint…

SUD QUOTIDIEN


Abdoul Aziz Diop