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Funérailles: Gong final pour Mouhammad Ali à Louisville(USA)


Samedi 11 Juin 2016

Le cercueil de la vedette planétaire a parcouru 30 kilomètres en corbillard dans sa ville natale de Louisville, au coeur des Etats-Unis, des milliers de personnes s'étant rassemblées sur le trajet


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Le boxeur de légende Mohamed Ali a accompli vendredi son dernier voyage, celui vers sa tombe, dans une procession mêlant émotion, gloire et ferveur universelles.

Le cercueil de la vedette planétaire a parcouru 30 kilomètres en corbillard dans sa ville natale de Louisville, au coeur des Etats-Unis, des milliers de personnes s'étant rassemblées sur le trajet.

"Ali, Ali", ont scandé sous les soleil ces spectateurs, venus pour certains d'aussi loin que l'Afrique ou l'Asie.

A un moment de sa vie, Mohamed Ali, décédé à 74 ans, fut le visage le plus immédiatement reconnaissable sur les cinq continents.

Ils ont brandi des pancartes, des ballons, des photos, des dessins. Et d'innombrables bouquets de roses qui ont fini par recouvrir le corbillard.

Malgré la longue attente et la chaleur, certains anonymes n'ont pas quitté les gants de boxe qu'ils avaient enfilés en hommage à l'icône du pays.

Le convoi funéraire, rassemblant une vingtaine d'imposantes limousines, a littéralement dû se frayer un chemin à travers la foule amassée dans certains quartiers de Louisville.

"Il incarnait l'espoir"

Ce fut le cas devant la maison où a grandi celui qui s'appelait alors Cassius Clay.

Pour cet ultime hommage, Toya Johnson, une Noire habitant tout près, avait enfilé un tee-shirt à l'effigie du champion et pris une place à l'ombre des heures à l'avance.

"Il aurait adoré que les gens se rassemblent comme aujourd'hui, alors c'est ce que l'on fait", confiait-elle à l'AFP.

"Il incarnait l'espoir pour tout ce quartier, les jeunes l'ont toujours pris en exemple et ce n'est pas fini!", ajoutait-elle.

Les limousines transportaient les nombreux enfants et petits-enfants de Mohamed Ali, ainsi que des personnalités choisies pour porter son cercueil: le comédien Will Smith et les anciens champions du monde de boxe Lennox Lewis et Mike Tyson.

La procession s'est achevée au cimetière Cave Hill, pour une inhumation de "The Greatest" dans la plus stricte intimité familiale.

Dans ce vaste espace de verdure est également enterrée Patty Hill, qui a écrit le texte de "Happy Birthday to You". Comme un dernier clin d'oeil à l'universalité du boxeur de légende.

Un "généreux mécène", dont le nom n'a pas été révélé, avait promis de couvrir de pétales de roses rouges le chemin final vers la tombe.

Le boxeur au pas de danseur et poings d'acier repose donc dans son Etat du Kentucky, au coeur d'un pays qui l'a vilipendé ou idolâtré suivant les époques.

Ayant grandi en pleine ségrégation raciale dans une ville où des lieux publics lui étaient interdits, c'est en imperator qu'il y a fait son dernier tour, empruntant des rues baptisées de l'identité qu'il s'est lui-même choisie en se convertissant à l'islam.

Mais, au fait, qui était enterré vendredi à Louisville? Le petit Cassius Clay, révolté par le vol de son vélo? Le géant des rings, terrassant les poids lourds au fil de "combats du siècle"? L'opposant obstiné à la guerre du Vietnam? L'insupportable provocateur exhibant un gorille en plastique pour se moquer de son rival Joe Frazier ? Le poète de la contre-culture qui "vole comme le papillon (et) pique comme l'abeille" ? Le militant attiré par la radicalité version Malcom X ? L'humaniste pacifique prônant la tolérance religieuse? Eh bien justement, tout cela dans un même homme.

"Prisonnier de son corps"

C'est dire la tâche qui attendait vendredi après-midi ceux qui se chargeront de prononcer l'éloge funèbre du personnage, dans une ultime cérémonie d'adieu.

L'ancien président Bill Clinton fera partie des orateurs, ainsi que le comédien Billy Crystal.

Distribués gratuitement, les 15.500 billets d'accès à cet événement se sont envolés en une demi-heure.

Une fois la parenthèse refermée sur cet ultime instant d'hommages publics, Louisville et ses 600.000 habitants retrouveront leur calme et leurs habitudes.

"Mon héros était prisonnier de son corps", confiait à l'AFP Fred Dillon, un chauffeur de taxi local, en référence à la maladie de Parkinson qui durant 32 ans a rongé Mohamed Ali. "Maintenant, il peut voler comme un papillon".

AFP



Abdoul Aziz Diop