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France: le premier tour de primaire de la droite renverse la donne


Lundi 21 Novembre 2016

François Fillon est arrivé largement en tête du premier tour hier soir. Nicolas Sarkozy, troisième, est éliminé. Le second tour s'annonce plus difficile pour Alain Juppé. Reportage auprès des militants du candidat dans le XVe arrondissement de Paris.


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Il y a d'abord eu la déception, puis la stupéfaction devant l'avance de François Fillon. Et enfin l'inquiétude quand Nicolas Sarkozy et Bruno Le Maire ont appelé à voter pour l'ancien Premier ministre. C'est peu dire que les mots d'Alain Juppé étaient attendus, espérés par ses militants : « j’ai décidé de continuer le combat ».
Son entourage le reconnaît : la situation est bien plus compliquée. Mais la riposte est déjà lancée : ce sera « projet contre projet », une droite ouverte contre une droite conservatrice.
« Moi, je crois qu’il y a maintenant un début de campagne parce qu’on va vraiment comparer deux projets, deux lignes, estime le sénateur Jean-Pierre Raffarin est l'un des soutiens d'Alain Juppé. A sept, c’était très difficile de voir ce qui faisait les différences, maintenant on aura deux lignes. »
Pas de mea culpa dans le camp Juppé, ou en tout cas pas encore. On explique la surprise Fillon comme celle d'une bulle médiatique, d'un candidat épargné par les polémiques et les attaques. Alain Juppé va se présenter maintenant comme le seul homme capable de gagner face à la gauche et face à Marine Le Pen : « Ce premier tour constitue une surprise. Dimanche prochain, s’il vous le voulez comme je le veux, sera une autre surprise. »
L'ancien favori des sondages est devenu l'outsider de cette primaire, décidément imprévisible.
A l'Elysée, on suit la situation de très près
L'autre fait majeur de ce premier tour de primaire, ouverte à tous les citoyens en âge de voter, c'est la défaite de Nicolas Sarkozy. François Hollande perd là son meilleur adversaire. Un proche du président - pessimiste - se posait même cette question il y a quelques jours en privé : d’abord Cécile Duflot, ensuite Nicolas Sarkozy, et si François Hollande était lui aussi balayé par des électeurs qui veulent tourner la page ?
L’inquiétude a vite été ravalée. Les éléments de langage distribués : Fillon-Sarkozy, c’est bonnet blanc et blanc bonnet, dit un député légitimiste, une droite ultralibérale en économie, ultraréactionnaire sur les questions de société.
C’est un espace politique considérable qui s’ouvre pour François Hollande, veut croire un conseiller. Et quand on demande si Emmanuel Macron, désormais candidat, pourrait en profiter, la réponse est sèche : la vraie leçon de ce premier tour, dit un ami du président, c’est le grand succès des primaires. Un message pour tous ceux qui nous donnent des leçons de démocratie. La charge vaut pour l’ex-ministre de l’Economie, mais aussi pour Jean-Luc Mélenchon ou l’écologiste de l’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Yannick Jadot, tous trois déjà candidats.
Une attaque qui laisse entière cette question : comment le PS qui a perdu tant d’électeurs et tant d’adhérents, comment le parti à la rose pourrait aujourd’hui arriver à mobiliser ?

ABDOUL KADER Ba