France: Une salle de prière musulmane saccagée par des manifestants à Ajaccio
Une manifestation a dégénéré, vendredi 25 décembre à Ajaccio, quand plusieurs individus réunis dans une cité située sur les hauteurs de la ville ont saccagé une salle de prière musulmane et tenté de mettre le feu à des exemplaires du Coran.
Environ 600 manifestants s’étaient donné rendez-vous devant la préfecture, un peu plus tôt dans l’après-midi et dans le calme, pour protester contre l’agression qui avait visé, la veille, deux pompiers et un policier.
Appelés dans le quartier des Jardins de l’Empereur pour un incendie au milieu de la nuit, les pompiers sont tombés dans ce que le sous-préfet François Lalanne a qualifié de « guet-apens ». Leur véhicule a été visé par des jets de projectiles et deux d’entre eux ont été sérieusement blessés par des éclats de verre.Un policier, intervenu sur les lieux pour faire revenir le calme, a été plus légèrement blessé. Le quotidien Corse Matin, a recueilli le témoignage d’un des pompiers blessés :
« Il faisait sombre. Nous sommes restés dans le camion et notre principale préoccupation était que personne ne puisse monter dedans. D’autant qu’il y avait une femme avec nous sur l’intervention. Je l’ai poussée derrière et j’ai fermement tenu la porte. C’est à ce moment-là que j’ai été blessé »
« 50 livres de prières ont été jetés sur la voie publique »
Certains des manifestants réunis devant la préfecture ont appelé à se rendre dans le quartier où avait eu lieu l’échauffourée. Ce sont au final entre 500 et 600 personnes, selon les chiffres de la préfecture, qui s’y sont retrouvées en toute fin d’après-midi pour ce qui s’est transformé en expédition punitive.
Aux cris, pour certains, de « Arabi fora [les Arabes dehors] ! » ou « On est chez nous ! », ils ont, dans une ambiance tendue et encadrés par des policiers déployés pour tenter de maintenir le calme, essayé d’identifier et de retrouver les auteurs de l’agression. Les habitants du quartier sont restés cloîtrés chez eux, tandis que des portes en verre, des boîtes aux lettres et des vitres de véhicules étaient endommagées par les manifestants.
Plusieurs manifestants ont, à cette occasion et malgré le dispositif policier, saccagé la salle de prière musulmane, tentant même de regrouper des exemplaires du Coran pour y mettre le feu, en n’y parvenant que très partiellement. « 50 livres de prières ont été jetés sur la voie publique (seules quelques feuilles ont été consumées) », avait précisé M. Lalanne.
La terrasse d’un restaurant kebab situé à proximité de la cité a également été endommagée. Les incidents ont pris fin vers 21 heures, même si la situation restait très tendue et le déploiement de forces de l’ordre important.
« Depuis plusieurs mois, je sentais la tension monter »
Interrogé samedi matin par France Info, le maire d’Ajaccio, Laurent Marcangeli, a dit que « le calme était visiblement revenu » dans le quartier des Jardins de l’Empereur. « Malheureusement, je ne suis pas surpris par ce qui s’est passé », a-t-il ajouté.
« Depuis plusieurs mois, je sentais la tension monter. Il en fallait très peu pour déclencher ces événements ».
Le préfet de Corse Christophe Mirmand a assuré que « tous les moyens » étaient mis en oeuvre pour retrouver les auteurs des violences contre les pompiers ajoutant que les « menaces n’étaient pas acceptables ». Des cars de CRS ont été déployés dans le quartier des Jardins de l’Empereur. Ailleurs sur l’île, une surveillance accrue des lieux de culte musulman a été décidée.
Le gouvernement, par la voix du premier ministre Manuel Valls et du ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve, a dénoncé à la fois l’agression de pompiers et de policiers à Ajaccio, et les dégradations visant le lieu de culte musulman. La nuit de vendredi à samedi a été « calme » à Ajaccio d’après le sous-préfet, M. Lalanne.
La France, où vit la plus grande communauté musulmane d’Europe, avec quelque cinq millions de membres, a connu 274 actes et menaces antimusulmans au premier semestre 2015, selon l’Observatoire national contre l’islamophobie (ONCI). Un chiffre en hausse de 281 % par rapport à la même période l’an dernier, au cours de laquelle 72 actes antimusulmans avaient été répertoriés.
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