France: En attendant le remaniement, les ministères tournent au ralenti
Devant l'impopularité du chef de l'État, il est délicat pour les ministres de soutenir les candidats aux municipales sur le terrain. À Paris, ils attendent un changement de gouvernement dans les plus brefs délais.
Ambiance cotonneuse au gouvernement. Suspendus aux rumeurs de remaniement, quasiment interdits de déplacement pour cause de campagne des municipales, les ministres flottent. «Cela crée un sentiment assez étrange, confie Marisol Touraine, la ministre de la Santé. On continue à travailler, de manière plus approfondie, mais le fait de ne pas avoir à courir tout le temps dans tous les sens, de sauter d'un train à une voiture, d'une visite d'hôpital à l'Assemblée nationale… c'est… bizarre». Comme si le rythme effréné des 23 premiers mois de la présidence Hollande avait brutalement ralenti. «Nous sommes dans une période particulière, explique Dominique Bertinotti. À une semaine du premier tour, ça fige tout». D'autant que de mémoire de socialiste, rarement campagne électorale aura été aussi illisible. D'ordinaire, les ministres sont sollicités pour donner un coup de main en s'affichant au côté du candidat de leur parti. Mais là, «lorsqu'on le propose, on nous fait comprendre que ce n'est pas la peine de faire campagne sur le terrain», sourit un ministre. Sur fond de défiance à l'égard de François Hollande et d'impopularité record du chef de l'État, difficile pour les candidats socialistes d'afficher le soutien de membres de son gouvernement qui appliquent sa politique. Certains ministres essayent pourtant d'arpenter les marchés.
«Je suis dans une grande interrogation, reconnaît Marisol Touraine. Sur le terrain, la campagne ne se passe pas mal. Il n'y a aucune agressivité de la part des électeurs mais plutôt de l'indifférence. D'où mes interrogations sur la fait qu'ils aillent voter». L'abstention, c'est la grande crainte des socialistes. Un phénomène contre lequel la rue de Solferino met en garde depuis le début de la campagne tant le PS redoute de subir un revers cinglant. «Je ne crois pas que l'on va faire un triomphe» lâche la ministre de la Fonction publique Marylise Lebranchu.
Vers un gouvernement resserré
Partant de ce constat, c'est tout le gouvernement qui s'attend désormais à un remaniement post-municipales. «La politique, c'est du mouvement. Avec les élections, le gouvernement est devenu statique. Ca peut durer dix jours, ça ne peut pas aller au-delà, assure un ministre selon qui François Hollande ne peut pas laisser tout le monde l'arme au pied en disant «On attend» . Attendre quoi? Les élections européennes. «On sait qu'elles seront mauvaises pour nous, prédit un membre du gouvernement. Autant anticiper et remanier vite pour les enjamber».
Chacun désormais semble s'être fait à l'idée d'un remaniement rapide après les élections. «Ou alors il aurait fallu que François Hollande démente l'hypothèse pour ne pas laisser l'idée s'installer», observe un ministre. Et au sein du gouvernement, en attendant la délivrance, chacun s'amuse au petit jeu des pronostics. Le pari qui a la cote en ce moment? Le maintien de Jean-Marc Ayrault à Matignon avec constitution autour de lui d'un gouvernement resserré. «Depuis peu, la valse des premier ministrables s'est arrêtée», fait remarquer un ministre. Certains assurent que la question finira bien par se poser à nouveau. Mais désormais après les élections régionales, dans un an. D'ici là, les ministres attendent, dans le flou.
FIGARO