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Ce que disent les entraîneurs
« Il y a plein de joueurs noirs mais aucun entraîneur », commente Florent Ibenge, le sélectionneur des Léopard. Depuis sa nomination en août 2014, à l’âge de 52 ans, son équipe est arrivée sur la troisième place du podium de la CAN 2015, et a remporté la CHAN 2016 pour la deuxième fois de son histoire, au mois de février. C’est le seul sélectionneur africain a avoir réussi à atteindre ce niveau de compétition.
« On peut jouer mais pas diriger : peut-être que le Noir est juste fait pour exécuter », ironise l’ancien international congolais. Pourtant, « des gens sont là, formés, à qui on ne veut pas faire confiance » ajoute Florent Ibenge qui regrette « qu’on [ne soit] pas encore prêt mentalement à les prendre ».
Les clubs européens ne croient pas en nous
« Les clubs européens ne croient pas en nous », renchérit le Nigérian Samson Siasia, qui vient d’être nommé sélectionneur des « Super Eagles » pour la seconde fois, après la démission de l’ancien capitale de l’équipe du Nigeria, Sunday Oliseh, le 26 février dernier .
« Beaucoup d’entre nous ont joué au plus haut niveau en Europe, mais ces mêmes clubs ne nous donnent pas la possibilité de montrer ce qu’on peut faire en dehors du terrain. Et même quand ils nous donnent notre chance, ils ont vite fait de nous licencier », soupire-t-il. Le seul dont il se souvient, c’est l’ancien international français d’origine congolaise, Claude Makelele, entraîneur du SC Bastia en 2014.
« Il y a là quelque chose de profondément injuste, mais je ne veux pas mettre de nom dessus », souffle Samson Siasia.
En Angleterre, sur 92 clubs professionnels, il n’y a que quatre entraîneurs noirs. En France, on n’en compte qu’un seul : le Kanak Antoine Kombouaré, ancien footballeur français devenu entraîneur du RC Lens (Ligue 2).
Situation similaire sur le continent
Et le comble, c’est que même sur le continent africain, nombre d’équipes nationales font appel à des sélectionneurs étrangers, à l’image du Maroc qui vient d’engager le Français Hervé Renard comme sélectionneur des Lions de l’Atlas, après avoir remporté par deux fois la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en 2012 avec la Zambie et en 2015 avec la Côte d’Ivoire.
C’est l’un des chevaux de bataille de Florent Ibenge. « Nous, Africains, demandons à nos dirigeants de ne plus mettre en avant des critères discriminatoires comme la race ou la nationalité », martèle le sélectionneur de la RD Congo.
Les raisons
Selon le sociologue Patrick Mignon, ces inégalités sont caractéristiques du foot professionnel mais pas du foot en général: « Chez les amateurs, il y a une forte présence des entraîneurs issus de l’immigration, qui correspond à la démographie des clubs et des villes dans lesquelles ils évoluent ».
Seulement, « lorsque le club devient pro, les critères de choix sont autres : les réseaux, la cooptation par des dirigeants issus de la France rurale et provinciale », estime-t-il.
Selon les registres de l’Unecatef (le syndicat des entraîneurs français), aucun entraîneur noir ne figure parmi les 26 titulaires du BEPF (brevet d’entraîneur professionnel de football), le plus haut diplôme d’entraîneur destiné aux sportifs de haut niveau.
Pour le chercheur Pascal Boniface, qui a co-écrit avec l’ex-président noir de l’Olympique Marseille (OM), Pape Diouf, le livre De but en blanc (2009), l’explication est simple. « Un joueur de couleur se dira : ‘Est-ce que ça vaut le coup de passer les diplômes puisque personne ne me recrutera ?’. »
Comment lutter?
En Angleterre, le syndicat des joueurs anglais (PFA) plaide pour la mise en place d’une mesure de discrimination positive pour les entraîneurs, sur le modèle de la « Ronney Rule » aux États-Unis. Cette règle, en vigueur dans le championnat de football américain a été introduite en 2003. Elle oblige les clubs à recevoir des candidats issus des minorités ethniques lors des entretiens d’embauche pour le poste d’entraîneur.
DAKARACTU
« Il y a plein de joueurs noirs mais aucun entraîneur », commente Florent Ibenge, le sélectionneur des Léopard. Depuis sa nomination en août 2014, à l’âge de 52 ans, son équipe est arrivée sur la troisième place du podium de la CAN 2015, et a remporté la CHAN 2016 pour la deuxième fois de son histoire, au mois de février. C’est le seul sélectionneur africain a avoir réussi à atteindre ce niveau de compétition.
« On peut jouer mais pas diriger : peut-être que le Noir est juste fait pour exécuter », ironise l’ancien international congolais. Pourtant, « des gens sont là, formés, à qui on ne veut pas faire confiance » ajoute Florent Ibenge qui regrette « qu’on [ne soit] pas encore prêt mentalement à les prendre ».
Les clubs européens ne croient pas en nous
« Les clubs européens ne croient pas en nous », renchérit le Nigérian Samson Siasia, qui vient d’être nommé sélectionneur des « Super Eagles » pour la seconde fois, après la démission de l’ancien capitale de l’équipe du Nigeria, Sunday Oliseh, le 26 février dernier .
« Beaucoup d’entre nous ont joué au plus haut niveau en Europe, mais ces mêmes clubs ne nous donnent pas la possibilité de montrer ce qu’on peut faire en dehors du terrain. Et même quand ils nous donnent notre chance, ils ont vite fait de nous licencier », soupire-t-il. Le seul dont il se souvient, c’est l’ancien international français d’origine congolaise, Claude Makelele, entraîneur du SC Bastia en 2014.
« Il y a là quelque chose de profondément injuste, mais je ne veux pas mettre de nom dessus », souffle Samson Siasia.
En Angleterre, sur 92 clubs professionnels, il n’y a que quatre entraîneurs noirs. En France, on n’en compte qu’un seul : le Kanak Antoine Kombouaré, ancien footballeur français devenu entraîneur du RC Lens (Ligue 2).
Situation similaire sur le continent
Et le comble, c’est que même sur le continent africain, nombre d’équipes nationales font appel à des sélectionneurs étrangers, à l’image du Maroc qui vient d’engager le Français Hervé Renard comme sélectionneur des Lions de l’Atlas, après avoir remporté par deux fois la Coupe d’Afrique des Nations (CAN), en 2012 avec la Zambie et en 2015 avec la Côte d’Ivoire.
C’est l’un des chevaux de bataille de Florent Ibenge. « Nous, Africains, demandons à nos dirigeants de ne plus mettre en avant des critères discriminatoires comme la race ou la nationalité », martèle le sélectionneur de la RD Congo.
Les raisons
Selon le sociologue Patrick Mignon, ces inégalités sont caractéristiques du foot professionnel mais pas du foot en général: « Chez les amateurs, il y a une forte présence des entraîneurs issus de l’immigration, qui correspond à la démographie des clubs et des villes dans lesquelles ils évoluent ».
Seulement, « lorsque le club devient pro, les critères de choix sont autres : les réseaux, la cooptation par des dirigeants issus de la France rurale et provinciale », estime-t-il.
Selon les registres de l’Unecatef (le syndicat des entraîneurs français), aucun entraîneur noir ne figure parmi les 26 titulaires du BEPF (brevet d’entraîneur professionnel de football), le plus haut diplôme d’entraîneur destiné aux sportifs de haut niveau.
Pour le chercheur Pascal Boniface, qui a co-écrit avec l’ex-président noir de l’Olympique Marseille (OM), Pape Diouf, le livre De but en blanc (2009), l’explication est simple. « Un joueur de couleur se dira : ‘Est-ce que ça vaut le coup de passer les diplômes puisque personne ne me recrutera ?’. »
Comment lutter?
En Angleterre, le syndicat des joueurs anglais (PFA) plaide pour la mise en place d’une mesure de discrimination positive pour les entraîneurs, sur le modèle de la « Ronney Rule » aux États-Unis. Cette règle, en vigueur dans le championnat de football américain a été introduite en 2003. Elle oblige les clubs à recevoir des candidats issus des minorités ethniques lors des entretiens d’embauche pour le poste d’entraîneur.
DAKARACTU