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Tout le pays retient son souffle. Que va-t-il se passer en RDC après le 19 décembre ? « Personne ne peut dire avec certitude ce que les prochains jours nous réservent », confirme Jérôme Sulemani, Kinois quinquagénaire, pressé de regagner son domicile plus tôt que d’habitude.
Dans la capitale congolaise et plusieurs autres grandes villes du pays, la psychose est à son zénith. Depuis deux jours, un important dispositif militaire et policier est visible à Kinshasa. Tous les « points chauds » et « sites stratégiques » ont été investis par des forces de l’ordre et des soldats de la Garde républicaine. Des check-points et des fouilles des véhicules se sont multipliés. Mais aussi leur corollaire de bakchichs. À chaque barrage, une ou deux requêtes de « mayi » (de l’eau, littéralement) à donner au policier ou au soldat commis au contrôle.
Militaires surarmés
Dimanche, à la veille de la fin officielle du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC, Kinshasa avait les allures d’une ville qui se prépare au pire. Sur le boulevard du 30-Juin, principale artère de la capitale, l’on pouvait compter plus de véhicules de policiers et de jeeps transportant des militaires surarmés que de voitures de particuliers. « La circulation a rarement été aussi fluide ici », reconnaît Thom, taximan, après un aller-retour entre le centre-ville et l’aéroport de N’Djili.
Même si dans les quartiers populaires de la capitale, notamment à Masina, commune située dans l’est de Kinshasa, des riverains ont vaqué presque normalement à leurs activités. À la fin de la journée, certains s’affairaient encore pour s’approvisionner en pondu (feuilles de manioc) et autres produits alimentaires. Eux n’ont pas les moyens nécessaires pour aller se mettre à l’abri à l’étranger, comme tout ce monde – des hommes d’affaires, des personnalités politiques et/ou leurs familles pour la plupart mais aussi des expatriés – qui s’est envolé ces derniers jours pour l’Occident.
« Des tensions sont possibles »
Craignant des dérapages lors des manifestations annoncées pour réclamer le départ de Joseph Kabila du pouvoir, Bruxelles a demandé à ses ressortissants de quitter le territoire congolais. Paris recommande aux siens de « reporter les déplacements qui ne seraient pas indispensables, de faire preuve de vigilance renforcée, de [se] tenir à l’écart des manifestations et des rassemblements de foule ». Car, rappelle son ambassade à Kinshasa, « des tensions sont possibles à compter du 19 décembre en RDC ».
Tout rassemblement de plus de 10 personnes sera dispersé, selon la police.
« La situation est calme jusque là, sauf imprévu », a glissé dimanche soir à Jeune Afrique le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police. Avant d’annoncer sur la radio onusienne : « Sont notamment prohibées toute incitation de la population à la désobéissance civile et toute instrumentalisation de la jeunesse désoeuvrée à la pose de barricades enflammées sur la chaussée et au jet de graviers sur les usagers ». L’officier a également indiqué que « tout rassemblement de plus de dix personnes » était « d’office illicite » et « sera dispersé d’initiative ».
Réseaux sociaux coupés
Plus menaçant, le général Célestin Kanyama, commandant de la police à Kinshasa, a, dans une vidéo diffusée samedi sur la télévision publique, recommandé quant à lui à chaque Kinois de « bien regarder la photo des membres de sa famille » avant de décider de descendre dans la rue pour manifester… Qualifiant au passage de « diaboliques » et de « sataniques » les réseaux sociaux qu’utilisent, selon lui, les Congolais de la diaspora pour diffuser des messages et « distraire les gens ».
Dans la nuit du dimanche à lundi, Facebook, Twitter, WhatsApp n’étaient plus accessibles en RDC. Une mise à exécution du « blocage momentané » des réseaux sociaux exigé quatre jours plus tôt par les autorités congolaises aux fournisseurs d’accès à Internet dans le pays.
« Après avoir militarisé les villes, le pouvoir instaure un black-out pour réprimer les manifestants sans témoins », dénonce un opposant qui a participé au dernier round des négociations directes avec la Majorité présidentielle. Ces pourparlers qui n’ont pas pu aboutir à un accord avant la fin du mandat du président Kabila, reprendront le 21 décembre, selon les évêques catholiques, médiateurs de ce nouveau dialogue politique.
L’après 19 décembre
Pour l’instant, l’opposant historique Étienne Tshisekedi n’a donné aucun mot d’ordre. Est-ce pour donner encore une chance aux discussions avec le camp Kabila ? « Un deal était tout prêt d’être conclu avant le 19 décembre, mais les délégués de la MP (Majorité présidentielle, ndlr) ont tout fait capoter », souffle une source proche du dossier. « Nous avons enregistré des avancées importantes », nuance un proche du chef de l’État qui dit « [croire] à la signature d’un accord plus large sur la gestion de l’après 19 décembre ».
En attendant, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle à venir en RDC, a de nouveau invité dimanche soir le président Kabila qui arrive au terme de son dernier quinquennat à « respecter la Constitution ».
Le 20 décembre, Kabila ne sera plus un président légitime, selon Katumbi
Contraint à l’exil après avoir été accusé d’atteinte à la sûreté de l’État et condamné à trois ans de prison ferme dans une autre affaire de spoliation d’immeuble – des « procès politiques », selon son entourage -, le dernier gouverneur du Katanga a également rappelé que le Rassemblement dont il fait partie a « mis les préalables de côté pour permettre à Joseph Kabila de négocier en tant que président légitime » et qu’à partir du 20 décembre ce dernier ne le sera plus. « Si les négociations continuent, nous n’allons [désormais] que discuter de la sortie pacifique de Kabila », a-t-il expliqué, invitant les militaires congolais à « être responsables, à ne pas tirer sur la population ».
Dans deux vidéos distinctes diffusées dimanche sur Youtube, deux hommes – l’un cagoulé, l’autre à visage découvert – qui se présentent comme des officiers de l’armée congolaise, ont également demandé aux forces de l’ordre et de défense de ne pas réprimer les manifestants. L’un de deux, celui qui se présente comme le colonel Freddy Libeba, a même menacé de chasser Kabila par la force si ce dernier s’accroche au pouvoir. Décidément, l’après 19 décembre demeure incertain en RDC.
Dans la capitale congolaise et plusieurs autres grandes villes du pays, la psychose est à son zénith. Depuis deux jours, un important dispositif militaire et policier est visible à Kinshasa. Tous les « points chauds » et « sites stratégiques » ont été investis par des forces de l’ordre et des soldats de la Garde républicaine. Des check-points et des fouilles des véhicules se sont multipliés. Mais aussi leur corollaire de bakchichs. À chaque barrage, une ou deux requêtes de « mayi » (de l’eau, littéralement) à donner au policier ou au soldat commis au contrôle.
Militaires surarmés
Dimanche, à la veille de la fin officielle du second et dernier mandat de Joseph Kabila à la tête de la RDC, Kinshasa avait les allures d’une ville qui se prépare au pire. Sur le boulevard du 30-Juin, principale artère de la capitale, l’on pouvait compter plus de véhicules de policiers et de jeeps transportant des militaires surarmés que de voitures de particuliers. « La circulation a rarement été aussi fluide ici », reconnaît Thom, taximan, après un aller-retour entre le centre-ville et l’aéroport de N’Djili.
Même si dans les quartiers populaires de la capitale, notamment à Masina, commune située dans l’est de Kinshasa, des riverains ont vaqué presque normalement à leurs activités. À la fin de la journée, certains s’affairaient encore pour s’approvisionner en pondu (feuilles de manioc) et autres produits alimentaires. Eux n’ont pas les moyens nécessaires pour aller se mettre à l’abri à l’étranger, comme tout ce monde – des hommes d’affaires, des personnalités politiques et/ou leurs familles pour la plupart mais aussi des expatriés – qui s’est envolé ces derniers jours pour l’Occident.
« Des tensions sont possibles »
Craignant des dérapages lors des manifestations annoncées pour réclamer le départ de Joseph Kabila du pouvoir, Bruxelles a demandé à ses ressortissants de quitter le territoire congolais. Paris recommande aux siens de « reporter les déplacements qui ne seraient pas indispensables, de faire preuve de vigilance renforcée, de [se] tenir à l’écart des manifestations et des rassemblements de foule ». Car, rappelle son ambassade à Kinshasa, « des tensions sont possibles à compter du 19 décembre en RDC ».
Tout rassemblement de plus de 10 personnes sera dispersé, selon la police.
« La situation est calme jusque là, sauf imprévu », a glissé dimanche soir à Jeune Afrique le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police. Avant d’annoncer sur la radio onusienne : « Sont notamment prohibées toute incitation de la population à la désobéissance civile et toute instrumentalisation de la jeunesse désoeuvrée à la pose de barricades enflammées sur la chaussée et au jet de graviers sur les usagers ». L’officier a également indiqué que « tout rassemblement de plus de dix personnes » était « d’office illicite » et « sera dispersé d’initiative ».
Réseaux sociaux coupés
Plus menaçant, le général Célestin Kanyama, commandant de la police à Kinshasa, a, dans une vidéo diffusée samedi sur la télévision publique, recommandé quant à lui à chaque Kinois de « bien regarder la photo des membres de sa famille » avant de décider de descendre dans la rue pour manifester… Qualifiant au passage de « diaboliques » et de « sataniques » les réseaux sociaux qu’utilisent, selon lui, les Congolais de la diaspora pour diffuser des messages et « distraire les gens ».
Dans la nuit du dimanche à lundi, Facebook, Twitter, WhatsApp n’étaient plus accessibles en RDC. Une mise à exécution du « blocage momentané » des réseaux sociaux exigé quatre jours plus tôt par les autorités congolaises aux fournisseurs d’accès à Internet dans le pays.
« Après avoir militarisé les villes, le pouvoir instaure un black-out pour réprimer les manifestants sans témoins », dénonce un opposant qui a participé au dernier round des négociations directes avec la Majorité présidentielle. Ces pourparlers qui n’ont pas pu aboutir à un accord avant la fin du mandat du président Kabila, reprendront le 21 décembre, selon les évêques catholiques, médiateurs de ce nouveau dialogue politique.
L’après 19 décembre
Pour l’instant, l’opposant historique Étienne Tshisekedi n’a donné aucun mot d’ordre. Est-ce pour donner encore une chance aux discussions avec le camp Kabila ? « Un deal était tout prêt d’être conclu avant le 19 décembre, mais les délégués de la MP (Majorité présidentielle, ndlr) ont tout fait capoter », souffle une source proche du dossier. « Nous avons enregistré des avancées importantes », nuance un proche du chef de l’État qui dit « [croire] à la signature d’un accord plus large sur la gestion de l’après 19 décembre ».
En attendant, Moïse Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle à venir en RDC, a de nouveau invité dimanche soir le président Kabila qui arrive au terme de son dernier quinquennat à « respecter la Constitution ».
Le 20 décembre, Kabila ne sera plus un président légitime, selon Katumbi
Contraint à l’exil après avoir été accusé d’atteinte à la sûreté de l’État et condamné à trois ans de prison ferme dans une autre affaire de spoliation d’immeuble – des « procès politiques », selon son entourage -, le dernier gouverneur du Katanga a également rappelé que le Rassemblement dont il fait partie a « mis les préalables de côté pour permettre à Joseph Kabila de négocier en tant que président légitime » et qu’à partir du 20 décembre ce dernier ne le sera plus. « Si les négociations continuent, nous n’allons [désormais] que discuter de la sortie pacifique de Kabila », a-t-il expliqué, invitant les militaires congolais à « être responsables, à ne pas tirer sur la population ».
Dans deux vidéos distinctes diffusées dimanche sur Youtube, deux hommes – l’un cagoulé, l’autre à visage découvert – qui se présentent comme des officiers de l’armée congolaise, ont également demandé aux forces de l’ordre et de défense de ne pas réprimer les manifestants. L’un de deux, celui qui se présente comme le colonel Freddy Libeba, a même menacé de chasser Kabila par la force si ce dernier s’accroche au pouvoir. Décidément, l’après 19 décembre demeure incertain en RDC.