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L’Europe doit "s’organiser face à une politique américaine qui ne nous fera pas de cadeau", plaide François Fillon dans un entretien publié lundi dans Le Monde et la Frankfurter Allgemeine Zeitung. "Europe First" face à "America First" ("l’Europe d’abord" face à "l’Amérique d’abord") : le candidat sait trouver en la dirigeante de la CDU, qui briguera un quatrième mandat en septembre, une alliée pour relancer une Europe en panne.
A charge pour François Fillon de convaincre aussi de sa volonté de redresser l’économie française avec des réformes structurelles "puissantes" pour permettre à Paris de négocier à nouveau d’"égal à égal" avec Berlin. "J’ai trouvé (le ministre allemand des Finances) Wolfgang Schäuble très inquiet de l’affaiblissement économique français", témoigne l’ancien ministre des Affaires européennes Bruno Le Maire, conseiller pour les affaires internationales et européennes qui a préparé la visite de François Fillon. "La candidature de François Fillon est ressentie très positivement, sa volonté qu’il se passe quelque chose en France et que les réformes de structure soient engagées", ajoute-t-il.
VOILE PUDIQUE SUR LES DÉFICITS
L’entourage du candidat assure que les autorités allemandes seraient prêtes à fermer les yeux sur un dérapage temporaire du déficit public français pour le prix de changements profonds. "Leur inquiétude n’est pas là. Leur priorité absolue, c’est la mise en place de réformes sur le marché du travail, les retraites… Les déficits, c’est évidemment important, mais ça vient dans un second temps", dit-on. Dans l’entretien aux quotidiens français et allemand, François Fillon, qui est accompagné lundi de Gilles Carrez, président de la commission des Finances de l’Assemblée, dit s’attendre à ce que le déficit français atteigne 3,5 à 3,7% du PIB en 2017 et table sur un retour à 3% en 2018.
Après l'entretien avec Angela Merkel, François Fillon doit rencontrer Wolfgang Schäuble et la ministre de la Défense Ursula von der Leyen. Il prononcera ensuite un discours à la fondation Konrad Adenauer. Son objectif est de plaider pour une zone euro recentrée sur trois objectifs prioritaires : sécurité et immigration, souveraineté économique en faisant de l'euro une monnaie de réserve, investissement et innovation.
"Merkel et Schäuble sont parfaitement convaincus que vu la fragilité de la zone euro et avec le départ de la Grande-Bretagne de l'Union européenne, il faut maintenant une plus grande intégration de la zone euro", dit-on dans son entourage. "Nous voulons particulièrement une harmonisation de la fiscalité, notamment des entreprises, Berlin y est tout à fait favorable. Nous souhaitons avancer vite là-dessus."
LA RUSSIE, SUJET "SENSIBLE"
Les Allemands sont plus réticents sur la proposition de François Fillon de renforcer la gouvernance de la zone euro avec l'instauration d'un directoire politique et la création d'un secrétariat général, avec un changement de traité à la clé. "Là-dessus, il faut rapprocher nos positions", dit-on du côté du candidat français. "Notre méthode de travail, c'est de se dire la vérité tout de suite, de mettre les choses sur la table pour pouvoir progresser très concrètement".
Il en sera ainsi de l'immigration et de la politique d'asile européenne sur laquelle François Fillon veut affirmer une position très ferme, "point de discussion très sensible" avec la chancelière, confrontée à la montée du parti d'extrême droite AfD (Alternative pour l'Allemagne) qui dénonce une politique d'accueil "catastrophique" (plus d'un millions de réfugiés en 2015 et 2016) et porteuse de violence. Autre point de désaccord : les relations avec la Russie.
François Fillon milite pour une conférence de sécurité Europe-Russie et pour la levée à terme des sanctions contre Moscou, ce que refuse Angela Merkel. "Il ne s'agit pas de lever tout de suite les sanctions, ce serait absurde, mais nous voulons faire de la Russie un partenaire dans les années à venir", dit-on dans son entourage. "Est-ce qu'on peut ramener la Russie à des positions plus raisonnables? Je n'en sais rien, mais il est impératif d'essayer", dit François Fillon dans Le Monde.
(Sophie Louet, édité par Yves Clarisse)