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Société

Filière anacarde : La Casamance face au défi de la transformation


Mardi 8 Avril 2025

Dans quelques jours débutera la campagne de commercialisation et d’exportation de la noix de cajou en Casamance, une filière en pleine croissance dans cette région méridionale du Sénégal, de Kolda à Sédhiou en passant par Ziguinchor. Malgré son dynamisme et son potentiel, ce secteur fait face à des obstacles majeurs. Ce grand format donne la parole aux acteurs rencontrés lors de concertations et de formations dans les trois régions, à l’approche du lancement de la campagne 2025.
 
 
Une fixation des prix liée à la Guinée-Bissau
 
 
En Casamance, et particulièrement à Ziguinchor, le démarrage de la campagne dépend largement des prix fixés en Guinée-Bissau, pays frontalier qui influence fortement le marché local. “Pour établir le prix d’achat en Casamance, nous nous alignons sur celui de la Guinée-Bissau, avec une légère amélioration”, explique Aboubacar Camara, secrétaire général du Cadre de concertation régional (CCR) des acteurs de la filière anacarde de Ziguinchor. Cette année, il envisage un prix de 500 FCFA, voire plus, alors que la Guinée-Bissau a fixé un prix de référence à 410 FCFA. Cette dépendance, jugée problématique, pourrait être corrigée en augmentant la production locale en quantité et en qualité, selon Camara.
 
 
Le défi de la production
 
 
“Tout repose sur la production pour dynamiser la filière. Nos terres sont sous-exploitées, et nous peinons à accroître nos rendements”, confie Aboubacar Camara. Une meilleure formation et un suivi des producteurs sont nécessaires pour rivaliser avec la Guinée-Bissau, dont une éventuelle fermeture des frontières affecterait durement les acteurs casamançais faute de volumes suffisants. Des efforts sont en cours avec l’appui de l’État, via des structures comme l’ISRA, l’Agropole Sud et la DRDR. “Sans production conséquente, la filière anacarde risque de s’essouffler”, prévient Demba Diémé, président du CCR de Ziguinchor, appelant producteurs, transformateurs et exportateurs à s’impliquer davantage.
 
 
 La transformation, un maillon faible
 
 
En Casamance, la quasi-totalité de la production est exportée, la transformation ne dépassant pas 1 % des volumes collectés lors de la dernière campagne (84 000 tonnes au maximum, selon Demba Diémé). “Tant que nous ne transformons pas, les problèmes d’exportation persisteront. La transformation est le régulateur de la filière”, insiste Aboubacar Camara. Pour Demba Diémé, un programme dédié à la transformation des noix et de leurs dérivés, soutenu par une volonté politique d’industrialisation et une maîtrise du marché, est essentiel. Faute de stocks et d’unités opérationnelles, les transformateurs locaux ont souvent dû cesser leurs activités. Camara espère un renouveau cette année grâce à des réserves plus importantes et un soutien financier pour relancer les unités à l’arrêt.
 
 
Le récépissé d’entrepôt : une solution pour la commercialisation
 
 
Le système de récépissé d’entrepôt, piloté par l’Organe de régulation du système de récépissé d’entrepôt (ORSRE), est perçu comme un outil clé pour éviter la vente précipitée des noix. “Il permet aux producteurs de stocker leurs produits dans de bonnes conditions et de sécuriser la commercialisation”, explique Aboubacar Camara, suite à une formation organisée par le projet Lifft-Cashew de Shelter for Life, avec l’appui du Département américain de l’Agriculture. Pape Mohamed Badiane, de Lifft-Cashew, précise que ce dispositif facilite l’accès au financement via les stocks entreposés. Une feuille de route pour 2025 a été proposée pour corriger les lacunes initiales du système.
 
 
Numérisation pour plus de sécurité
 
 
Issa Wade, directeur général de l’ORSRE, annonce la numérisation des récépissés d’entrepôt, en complément du format physique, pour sécuriser le financement des productions. Ce processus, élaboré avec Lifft-Cashew, inclut un suivi rigoureux des entrepôts en collaboration avec les acteurs de la filière.
 
 
L’accès au financement : un frein majeur
 
 
Malgré sa croissance, la filière souffre d’un accès limité au financement, notamment au début de la campagne. Les acteurs locaux, souvent devancés par des acheteurs étrangers (notamment indiens) disposant de fonds immédiats, peinent à concurrencer. “Les producteurs bradent leurs noix faute de ressources pour attendre de meilleures offres”, déplore Aboubacar Camara. Le CCR travaille à sensibiliser les banques pour des financements précoces, plaidant pour une garantie de l’État afin d’assurer le succès de la commercialisation et de la transformation.
 
 
Transformer pour valoriser
 
 
Pour Issa Wade, développer la transformation est une urgence. “Exporter massivement, c’est perdre de la valeur ajoutée, des emplois et des revenus fiscaux”, affirme-t-il. Il appelle à valoriser cette filière émergente, porteuse d’opportunités pour les populations locales, lors d’une récente rencontre à Ziguinchor avec les acteurs de Kolda, Sédhiou et Ziguinchor.
 

aadkr


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