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Ces unions connaissent cependant toutes sortes de difficultés. Des relations conflictuelles avec les belles familles en passant par la gestion de la l’absence du conjoint, entre rêve et illusions de bonheur, elles ont choisi l’amour à distance, pour le meilleur ou pour le pire.
Mariées à des hommes partis faire fortune en Occident, de plus en plus des Sénégalaises passent des années sans voir leurs conjoints. Poussées par la famille, les amis, beaucoup de jeunes filles croient qu’en épousant un modou-modou‘’ elles n’auront pas de souci matériel. Pourtant, elles doivent gérer la pression familiale, le manque d’argent entre autres.
Maty vivait chez sa belle famille jusqu’au moment où elle a quitté la demeure, répudiée par son époux à cause de disputes fréquentes avec les belles sœurs. ‘’Ces gens-là me traitaient comme leur bonne. Cela ne me posait pas de problème car je suis habituée aux travaux ménagés’’, explique-t-elle.
Elle ajoute : ‘’Mais en plus de ça mes belles sœurs, soutenues par leur mère, me créaient toutes sortes de problèmes pas possibles. Quand je ne pouvais plus le supporter, je me suis battue avec la petite sœur de mon mari, et celui-ci a pris son parti et m’a répudiée’’. Aujourd’hui, Maty s’est réconciliée avec sa belle famille. Elle a retrouvé son époux, refusant toutefois de retourner chez ses beaux parents.
‘’Mon problème, souligne-t-elle, se trouve au niveau de la gestion de la dépense. Mon mari envoie de l’argent à son frère aîné, c’est lui qui me donne l’argent de ma popote et je suis sûre qu’il ne me donne pas tout ce qui m’est destinée.’’
Binetou elle, est étudiante. Elle est mariée depuis deux ans à un émigré qui vit et travaille aux Etats-Unis. Celui-ci rentre au pays deux fois par an pour la Tabaski et un mois pendant l’été. ‘’Nous sommes mariés depuis bientôt deux ans, mais nous n’avons pas passé six mois ensemble’’, raconte Binetou.
Elle vit a Niary Tally avec ses beaux parents ; ses relations avec ses belles sœurs sont ‘’conflictuelles’’ depuis le début, ce qui entraine des tensions avec son époux. Elle explique : ‘’Lorsque mon mari est là, mes belles sœurs sont tout sucre tout miel avec moi. Elles lui font croire qu’elles m’adorent mais dès qu’il retourne aux Etats-Unis, elles redeviennent de vraies mégères !’’
Selon B.N., ‘’elles réussissent même des fois à me mettre à mal avec ma belle-mère et je ne parle même pas des problèmes avec mon mari’’. ‘Elles sont vraiment redoutables .heureusement que mes beaux frères ne sont pas ainsi sans quoi j’aurais pris mes jambes à mon cou depuis belle lurette’’. Ainsi en plus de la solitude engendrée par l’absence de son homme, elle doit gérer des soucis quotidiens avec ses belles-sœurs.
Restaurateur à Yoff, A.P. vit une situation quelque peu différente : Il est marié à une Italienne qui travaille à Handicap International. Il vit avec sa femme et sa fille dans un appartement dans Dakar mais cela ne les empêche pas de fréquenter régulièrement la famille de l’homme. Selon A.P, sa femme n’est pas habitué aux cérémonies (baptêmes, mariages, fêtes religieuses, décès), à la culture consistant à donner l’argent à ses cousins et frères.
‘’La femme n’aime pas le gaspillage, dilapider des millions pour un baptême et là-dessus je suis d’accord car : « les Européens ne peuvent pas comprendre que tu travailles 12 mois pour gaspiller ça en une ou deux journées’’, relève A.P.
La mentalité des Sénégalais expatriés changent beaucoup grâce au brassage des cultures. « Ma femme ne rencontre pas des problèmes avec sa belle famille car cela fait 20 ans dans ma famille que nous sommes habitués à épouser des Européennes’’, poursuit A.P.
Il pose les problèmes de ce genre de couple en termes de différence de culture. C’est à ce niveau, dit-il, que l’on trouve la vraie mixité du mariage car dans ce contexte les femmes refusent de vivre avec la belle famille. Concernant sa femme, A.P. assure qu’elle n’est pas confrontée au problème de maraboutage.
F.S. vit avec sa belle mère. Leurs relations sont ‘’cordiales voire affectueuses’’, explique le jeune dame, précisant qu’elle a épousé son cousin qui vit en Espagne. ‘’Mon mari est fils unique et sa mère, ma tante, me traite comme sa fille. Même si mon mari veut me faire des histoires, il n’ose pas pour ne pas contrarier sa mère. J ai vraiment de la chance’’, raconte-t-elle.
Contrairement aux hommes, beaucoup de femmes d’émigrés n’exercent aucune profession et, donc, dépendent financièrement de leurs époux. Elles sont confrontées à plus de problèmes. C’est en effet vers elle que se tourne chaque membre de la famille proche ou lointaine qui aurait un quelconque besoin d’argent.
Le mari doit en effet entretenir sa famille et régler également beaucoup de problèmes que lui soumettent les autres membres de sa famille et quelques fois même, les simples connaissances.
‘’La femme de +modou-modou+ est celle qui doit toujours tout avoir, toujours être la mieux habillée par exemple parce son mari est +à l’extérieur+’’, fait observer Khady, une amie de Binetou. C’est vraiment une pression permanente qui s’exerce.les gens épient tout ce que tu fais, qui tu fréquentes ; et gare à toi si on te voit en compagnie d’un homme qui ne fait pas partie de ta famille !’’
Il se pose aussi dans ces couples le problème de la fidélité. Pour conjurer la solitude, certaines femmes se servent de des sites interactifs comme Skype ou MSN pour rester en contact ‘’visuel’’ avec leurs conjoints, et ainsi oublier la distance ne serait-ce que pour quelques heures.
‘’Dès qu’il rentre du boulot, mon mari m’appelle et je me connecte sur Skype ; on discute jusque très tard dans la nuit. Ainsi, la solitude se fait moins sentir’’, confie Binetou.
Si elle a choisi l’internet pour garder le contact avec son homme, il n’en va pas de même pour beaucoup d’autres femmes. Certaines d’entre elles, délaissées par leurs maris pendant des années, cherchent du réconfort dans les bras d’autres hommes. La prolifération de sites de rencontre favorise ces schémas.
Nombreux sont les cas d’infidélités et d’infanticides relatés très souvent dans les quotidiens d’informations qui mettent en cause les femmes d’émigrés. L’envie de donner des meilleures conditions de vie à ses proches pousse beaucoup à s’expatrier en pensant laisser leur foyer dans une bonne harmonie mais cela n’est pas le cas pour tous.