L’enjeu était de taille. Il fallait proposer un spectacle au moins égal à celui de la précédente édition. Comme au premier acte de la révolution, la salle n’est pas comble. Mais le rappeur avait prévenu, lors de son face-à-face avec les journalistes : «L’objectif du concert n’est pas de prouver qu’on peut remplir le Grand théâtre. C’est avant tout pour montrer aux rappeurs qu’il est possible de présenter un spectacle de haute facture tout en restant hip-hop.»
Malgré la longue attente, c’est un public acquis à sa cause qui a reçu El Presidente. Il n’a pas dérogé à la règle. Toujours aussi classe. En vrai «domou ndar», Fata est sorti de son palais en smoking et en casquette noire. Ainsi, pour lancer les festivités, il a expliqué sa vision de la musique comme s’il avait besoin de convaincre un public qui est déjà acquis à sa cause.
Après cette parenthèse, place au plaisir. Mais avant, il fallait observer une minute de silence à la mémoire de Cheikh Sidaty Fall alias Pacotille. Pour faire taire les mauvaises langues qui faisaient état d’un différend qu’il aurait eu avec le lauréat de l’émission qu’il présentait, El Phenomeno est venu partager la scène avec Fata. Ensuite le temps de se changer, Akhloubrick a tenu en haleine l’assistance.
Quand Fata revient, le palais qu’il a bien soigneusement installé a laissé place aux écrans et à l’orchestre. Pas le temps de contempler le décor. Wally Seck qui, pour l’occasion, s’est mué rappeur, fait son apparition pour interpréter leur fameux morceau Nguinte-li. Emballé, Waly voit déjà la victoire. «Il a réussi, car il a osé», dira le fils de Thione Seck. Les barrières sont tombées. «La révolution» est enclenchée. Le rap mixé sur du mbalax se révèle plus que parfait.
Une belle preuve d’amitié
Même la dame Soda Bousso, animatrice et connue pour son penchant pour le mbalax, s’est essayée au rap. Que dire de Pape Cheikh Diallo ? L’animateur, pourtant beaucoup plus proche des mbalax-men et de leurs pratiques, n’a pas manqué de chanter les louanges du rappeur. Cela a ravi le public. Ainsi, l’on comprend aisément le film documentaire qui était diffusé en lever de rideau et qui retraçait le parcours de Fata. Finalement, l’on comprend pourquoi le rappeur ne se fixe pas de barrière pour avoir grandi dans un milieu où le partage et l’ouverture sont les choses les mieux partagées.
Clayton Hamilton absent
Pour la troisième et dernière partie, les passionnés du «real rap» ont été servis. Le retard accusé y étant probablement pour quelque chose, Fata a réduit son répertoire et n’a pas observé de pause entre ses titres. Cependant, la seule fausse note reste l’absence de Clayton Hamilton. Mais à en croire Fata, ce n’est que partie remise, car le 11 décembre, l’artiste a convié ses fans au restaurant Kiki Traiteur pour un show avec Clayton Hamilton. D’ailleurs, le sponsor majeur, Mme Diaw de Kiki Traiteur, s’est dit satisfaite. «Il est important d’aider les jeunes. C’est d’autant plus important que Fata est ambitieux et c’est à encourager. Nous allons l’accompagner sur le chemin de la réussite», informe-t-elle.
A la fin du spectacle, le bonheur se lisait sur le visage des fans dont certains sont venus de Saint-Louis, ville natale du rappeur, juste pour le concert.
LEQUOTIDIEN