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Exploitation du Zircon / Eramet et GCO : Le zircon sénégalais, entre pillage, scandale financier et désastre écologique


Lundi 23 Décembre 2024

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Un scandale d’envergure entoure l’exploitation du zircon au Sénégal, orchestrée par Grande Côte Opération (GCO), filiale de la multinationale française Eramet. Comme le révèle Libération, cette activité, pourtant prometteuse pour l’économie nationale, se transforme en gouffre financier pour l’État sénégalais et en catastrophe environnementale pour les populations locales.
Des profits colossaux, des miettes pour le Sénégal
Malgré sa position parmi les plus grands producteurs de zircon au monde, le Sénégal ne récolte que des miettes. Comme le souligne Libération, GCO, dans laquelle l’État détient 10 % des parts, n’a jamais versé de dividendes. Officiellement, cette situation s’explique par des dettes que l’entreprise prétend encore devoir rembourser, conformément à une convention signée avec l’ancien régime.
En lieu et place des dividendes, GCO reverse une redevance dérisoire de 4 % sur la valeur marchande du zircon, un pourcentage bien en dessous de ce que devrait percevoir un pays riche en ressources naturelles. Mais ce n’est pas tout : Libération révèle que GCO vend son zircon à Emas, une autre filiale d’Eramet, à un prix trois fois inférieur à celui du marché. Une pratique qui maximise les profits d’Eramet tout en réduisant drastiquement les revenus dus au Sénégal.
Une exploitation minière aux lourdes conséquences écologiques
Au-delà de l’aspect financier, l’exploitation du zircon par GCO représente une menace directe pour l’environnement et les populations locales. Comme l’explique Libération, des milliers d’hectares, notamment dans la région des Niayes à Lompoul, subissent une dégradation irréversible. Des projets de reforestation et de fixation des dunes, soutenus par des partenaires espagnols, sont compromis par l’activité minière.
Les impacts environnementaux listés par la Fédération des associations de développement communautaire (Fadec Nord/Nesi) sont alarmants :
• Baisse des rendements agricoles et réduction des surfaces horticoles.
• Pollution des sols et risque de contamination de la nappe phréatique, notamment par des déchets radioactifs.
• Déforestation massive et destruction des écosystèmes locaux.
• Prolifération de maladies pulmonaires et rénales liées à la pollution atmosphérique.
Malgré ces constats, les indemnisations promises aux populations affectées tardent à se concrétiser, renforçant leur sentiment d’abandon.
Un vent de contestation face à Eramet et GCO
 
Face à ces abus, la mobilisation s’intensifie. Des avocats, mandatés par des organisations locales, ont adressé une mise en demeure à GCO pour exiger un règlement amiable, menaçant de porter l’affaire devant la justice. Mais comme le rapporte Libération, la société n’a donné aucune suite à ces démarches, attisant la colère des communautés locales prêtes à s’opposer physiquement à l’exploitation.
Un audit attendu pour lever le voile
L’audit financier annoncé par la Société des mines du Sénégal (Somisen) pourrait jeter la lumière sur les pratiques douteuses de GCO et d’Eramet. Dans son communiqué, la Somisen pointe des “pratiques conventionnelles et financières” problématiques qui privent l’État des revenus qu’il est en droit d’attendre. Mais l’enjeu dépasse les chiffres : il s’agit aussi de protéger les écosystèmes et de garantir les droits des populations locales, comme le rappelle Libération.
Un symbole de la souveraineté bradée
L’affaire GCO illustre les dérives d’un système où les richesses naturelles du Sénégal profitent davantage à des multinationales qu’à ses citoyens. La combinaison de scandales financiers et environnementaux met à nu les failles des accords passés avec des entreprises étrangères. Pour l’État sénégalais, l’heure est venue de poser les bases d’une exploitation minière transparente et respectueuse des populations et de l’environnement.
Avec des bénéfices captés par Eramet et une terre fragilisée, le zircon, ressource stratégique, devient le triste symbole d’une exploitation prédatrice. Et comme le souligne Libération, il est temps pour le Sénégal de reprendre le contrôle de ses ressources et de garantir une juste redistribution des richesses.

aadkr