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"Il va y avoir plein de journalistes dehors, ne leur parlez pas, ils vont déformer vos propos ou sortir une citation de son contexte." Quelques heures après l’attaque terroriste d’Orlando, l’imam de la mosquée d’Irving, dans la banlieue de Dallas, opte pour un prêche empreint de pragmatisme.
Mais c'est avant cette nuit tragique, qui risque fort de relancer le débat sur l’islam dans la campagne pour la présidentielle américaine, que France 24 a pu entrer en contact avec lui. C’est donc dans son bureau, loin d’éventuels reporters à la recherche de scoops que l'imam nous reçoit.
"Après San Bernardino, des hommes armés sont venus manifester devant notre mosquée. Même chose après les attentats de Paris, je ne serais pas surpris qu’ils reviennent prochainement", lâche, fataliste, l’imam Zia Sheikh, qui prêche la bonne parole cinq fois par jour aux musulmans d’Irving et des environs.
"Les gens viennent de loin pour prier ici, on a un peu de tout, des gens d’origine africaine, d’autres venus du sous-continent indien et du Pakistan, des Asiatiques, c’est un petit 'melting pot' typiquement américain." Tous ont bien sûr en tête les conséquences de l’attaque terroriste d’Orlando, dont les images passent en boucle sur les chaînes de télévision américaines.
Quelques minutes après la prière de quatorze heures, les fidèles sortent en silence sur l’immense parking qui jouxte la mosquée, la plupart habillés d’un qamis (tenue longue portée par les hommes), certains arborant un keffieh sur la tête.
"Je leur ai conseillé de ne pas trop se montrer ces prochains jours, de faire profil bas le temps que les choses se tassent. C’est certain que Donald Trump va utiliser ces événements pour nous stigmatiser à nouveau", professe l’imam. Il s’attend même à ce que certains demandent aux musulmans américains de formuler des excuses pour les actes du terroriste d’Orlando. "Nous ne pouvons leur offrir que nos plus profondes condoléances, pourquoi devrions nous nous excuser ? Nous n’avons commis aucun crime, c’est l’œuvre d’un individu pas d’une communauté."
Opération portes ouvertes
Le respect et l’ouverture sur les autres communautés, c’est le credo de la mosquée du Sheikh Zia. À l’initiative du responsable des "relations avec l’extérieur", une visite guidée de l'"Islamic center" est organisée chaque dimanche. Ses salles de prières, son gymnase pour les enfants, ses salles de cours, les visiteurs peuvent tout scruter. "Vous voyez bien qu’il n’y a pas de salles cachées où se passent des choses secrètes", plaisante le guide.
Les visites ne rencontrent toutefois pas un franc succès, il n’y a qu’une seule personne ce dimanche. Il s’agit d’un homme récemment arrivé dans le quartier et qui découvre avec enthousiasme, au cours de la présentation powerpoint qui conclut la visite, que Jésus est également révéré par les musulmans.
L’incompréhension et les préjugés, il en faut plus pour décourager l’imam. "Quand je suis arrivé ici il y a onze ans, la mosquée était peu fréquentée et mal agencée. Nous l’avons agrandie et nous voyons chaque jour de nouveaux fidèles arriver. Ce soir nous romprons le jeûne tous ensemble et je vous garantis que, malgré l’actualité, le parking sera plein."
FRANCE 24