Mme Datt née Safoura Sow, une ancienne journaliste de la Rts, conseillère en communication au ministère de la Formation professionnelle, était hier devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, en tant que partie civile. Elle a été escroquée de 11 millions de francs par le charlatan Samba Diongue et son complice Abass Ben Ousmane Sylla. Ces derniers ont été arrêtés et inculpés pour association de malfaiteurs et escroquerie. Jugés, hier, ils seront fixés sur leur sort le 9 septembre prochain.
“J’ai fait la connaissance de Samba Diongue par l’intermédiaire d’un ami qui fait des prestations par téléphone. Mon ami m’a fait savoir qu’il est le petit frère du marabout de Youssou Ndour et il habite à Bandiagara. Empruntant la voix d’un vieillard, le “serigne” m’a expliqué au téléphone toute ma vie privée et publique.
Il a relaté les causes de mon divorce point par point, la maladie de ma mère, de même que les problèmes que j’ai eus à la Rts avec une journaliste. Il m’a fait savoir que si je ne fais pas les offrandes qu’il me demande, j’allais mourir, de même que ma fille unique. C’est ainsi qu’il m’a dit qu’il allait m’envoyer un de ses disciples pour que je lui remette 600.000 francs pour les offrandes. Dès qu’il a empoché cette somme, le “serigne” est devenu injoignable. C’est par la suite qu’il m’a rappelée pour dire qu’il était en contact avec les Djinns et c’est pour cela qu’il était injoignables”, raconte Safoura Sow à la barre. Des propos rapportés par “L’As”.
“Il m’a suggéré de donner 2 millions à un djinn qu’il va convoquer vers 3 heures du matin. Il m’a fait savoir que le Djinn apparaîtra avec un visage humain pour que je n’aie pas peur. Mais aussi qu’il va me donner de l’eau bénite pour me blinder mystiquement car mes ennemis sont prêts à me tuer.
Par l’intermédiaire de Samba Diongue, je lui ai versé plusieurs fois des sommes d’argent qui ont avoisiné 11 millions, sans que personne ne le sache”, reconnaît-elle à la barre.
Pour mieux la ferrer, l’escroc l’avait mis en garde de ne rien dire à personne, sinon sa fille unique allait mourir. “Il (l’escroc) m’a dit qu’il a aidé Aïda Ndiongue à sortir de prison et qu’il fait des prières pour Youssou Ndour”, narre-t-elle. Comme toutes choses à une fin, elle finit par se rendre compte qu’en réalité c’est Samba Diongue le charlatan et le disciple. Il changeait de voix pour donner l’air d’un vieillard. Pour le confondre, elle exige de voir le vieillard. Samba Diongue contacte alors un de ses amis, Abass Ben Ousmane Sylla, pour jouer le rôle de “Pa bi”. “Le vieux qu’il m’a présenté ne connaissait même pas mon nom et me regardait d’un air bizarre.
Samba Diongue versait des larmes devant le vieux, sous prétexte qu’il voyait Oumar Foutiyou Tall à travers lui. En vérité, c’était pour davantage me leurrer”, dit-elle. Convaincue qu’elle a affaire à des escrocs, elle a alerté la police.
Devant la barre, Samba Diongue a nié les faits d’escroquerie, soutenant que Safoura lui a donné 10 millions 800.000 Fcfa en guise d’acompte pour l’achat d’un terrain à Ouest Foire. Il devait lui prêter 15 millions pour compléter la somme. “J’ai eu des problèmes et j’ai dépensé l’argent”, argue-t-il à la barre.
Quant à Abass Ben Ousmane Sylla, il déclare avoir connu l’ancienne journaliste de la Rts par l’intermédiaire de Samba Diongue. “Je me suis présenté à elle sous le nom de “Pa Bi”, car c’est ce que Samba m’a demandé de dire”, reconnaît-il.
Le procureur, convaincu de la culpabilité des deux hommes, a requis 2 ans dont 1 ferme contre eux. Délibéré le 9 septembre.
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