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Comment se porte la lutte au Sénégal ?
Alors, j’ai toujours eu des difficultés pour répondre à cette question. Parce que tout simplement quand on veut être juge et partie, ça devient compliqué. Mais par rapport aux objectifs fixés, depuis très longtemps, qui étaient de redynamiser la lutte sous toutes ses formes, à savoir la lutte traditionnelle sans frappe, celle avec frappe et la lutte olympique, on peut dire globalement qu’il y a des progrès et que les choses se passent relativement bien dans un milieu assez complexe. Et aussi, reconnaissons-le, les moyens ne suivent pas par rapport à la politique voulue.
Mais si on fait le bilan des deux dernières années, nous constatons sur le plan national, la lutte, celle que vous médiatisez la plus, c’est-à-dire la lutte avec frappe, se porte relativement bien. Même si comme je le regrette, les grandes affiches se passent uniquement à Dakar. Alors que la lutte traditionnelle sans frappe fait le tour des régions. Et cette lutte se porte très bien aussi. Et au dernier tournoi de la Cedeao, le Sénégal s’est très bien comporté. La lutte olympique dans son ensemble aussi se porte bien. Sauf que nos grands champions commencent à prendre de l’âge et que la relève est en train de se faire avec une ou deux personnes. Mais on aurait souhaité qu’il ait beaucoup plus de lutteurs jeunes de qualité, avec la direction technique et le bureau, on s’y attèle.
Vous parlez de moyens, est-ce que ce n’est pas le sport en général qui en soufre, plus particulièrement la lutte ?
Il y a un problème à mon avis, et il ne date pas d’aujourd’hui. Pour avoir été moi-même sportif vers les années 1960 à 1970, pour avoir été médecin des sports des années 1974 à 1981, et dirigeant depuis 1994, il y a un seul constat. C’est la volonté politique pour accompagner le sport qui n’est pas si réelle qu’on le fait penser ou qu’on le fait croire. Il y a souvent des récupérations de résultat. Mais l’effort à faire à la base pour amener le niveau du sport en général là où on le souhaite, parce qu’on veut des résultats, on ne le fait pas à la base.
Je pense qu’il faudrait beaucoup plus de moyens pour arriver à de meilleurs résultats concrets. On nous rétorquera facilement que tout est urgence dans ce pays. Donc par quel bout commencer ? Parce que la santé est aussi urgente, l’éducation de même, l’urbanisation des villes aussi, etc. Je pense qu’il y a un problème d’équité. Car il existe des moyens, si on accepte de les mettre là où il faut, je pense qu’on pourrait améliorer de façon beaucoup plus conséquente le développement de ce pays quel que soit le secteur dans lequel où il se trouve.
Par rapport à cette volonté politique, le président de la République, lorsqu’il recevait les championnes d’Afrique de basket, disait que les choses sont en train de bouger dans le sport, malgré tout ce que le Sénégal a gagné. N’est-ce peu un peu tard de le reconnaître ?
Certes, quelque chose est en train de bouger. Par la grâce de Dieu, une équipe nationale de football est championne d’Afrique aux Jeux de Brazza, les «Lionnes» retrouvent une couronne qu’elles avaient l’habitude de gagner, la lutte continue à amener ses médailles d’or, tant en lutte traditionnelle qu’en lutte olympique. Nous revenons de Chine où le projet de l’arène nationale est ficelé. Le Président est en train de parler du Palais des sports, etc. Tout ça, c’est bien, parce qu’il faut avoir des infrastructures. Mais au-delà de ces infrastructures, il faut des ressources humaines de qualité pour pouvoir les utiliser au mieux. Et surtout, refaire en sorte que les sportifs, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, puissent s’exprimer au mieux dans l’intérêt du sport sénégalais.
Aujourd’hui, vous prenez l’exemple de la lutte traditionnelle, tous les lutteurs de lutte traditionnelle de l’équipe nationale, à 99%, sont d’ethnie Sérère et la lutte olympique à 99% ils sont de l’ethnie Joola, tout simplement parce que seuls les lutteurs Sérères pratiquent cette forme de lutte au Sénégal. Les autres préfèrent aller chercher de l’argent dans la lutte avec frappe. Il ne sera plus question d’aller prendre des gens qui ne pratiquent pas la lutte traditionnelle pour en faire des ambassadeurs de notre sport. Il faudra que les gens soient conséquents avec eux-mêmes. Ailleurs, c’est la même chose. Il n’y a pas de bons terrains de football, de basket ou de volley-ball. Or, il faudrait que dans chaque région, chaque ville et chaque département, qu’il y ait des infrastructures pour permettre à nos sportifs de grimper.
Je pense que nous avons les ressources humaines, parce que à chaque fois que des techniciens d’autres pays voient la ressource à la base, ils sont en extase. Mais la pierre précieuse, quelle qu’en soit sa qualité, elle a besoin d’être transformée pour en faire ce que les gens aiment le plus.
Vous étiez en Chine, quelles sont les garanties que vous avez pour que l’arène nationale puisse bientôt sortir de terre ?
Il y a deux phases. C’est le Cabinet Oscar qui avait fait le projet initial et le président de la République a trouvé le partenariat avec la Chine. Le Secrétaire général du ministère des Sports, le Cabinet Oscar et moi-même nous nous sommes rendus en Chine pendant quatre ou cinq jours pour finaliser le projet d’architecture qu’on a même montré lors du Tournoi de la Cedeao. Au moment où on quittait, ils avaient deux à trois mois pour choisir l’entreprise chinoise qui doit débarquer au Sénégal.
Disons donc que si l’arène prend du retard, ce sera de la faute des Sénégalais et non des Chinois. Ils n’attendent qu’une chose, c’est que la partie sénégalaise travaille à préparer le terrain. Je pense que nous devons accélérer le rythme pour pouvoir rester dans les délais et démarrer les travaux comme le souhaite en Chine au plus tard dans le premier semestre de l’année 2016.
La construction de l’arène nationale suscite la polémique à Pikine où certains n’en veulent pas ?
Vous savez, le consensus est toujours difficile. A travers le monde, il y a ce qu’on appelle une minorité agissante qui a, peut-être, des intérêts diamétralement opposés aux intérêts nationaux. Mais d’après les échos que j’ai eus, ceux qui réclamaient quelque chose par rapport à l’occupation d’un terrain dont ils n’étaient pas les maîtres, je pense que les choses se sont beaucoup calmées. Bien sûr nous devons continuer le dialogue, si cela est nécessaire. Mais l’Etat a déjà choisi et l’arène devrait voir le jour.
La lutte rime avec violence et dopage, deux fléaux néfastes pour la jeunesse…
Absolument ! Je dirai que la nature humaine rime avec violence, la nature humaine rime avec tout qui la détruit. Ailleurs, on parle de troubles liés à l’effet de serre dans le développement durable, on parle de l’avancée de la mer, de la fonte des glaciers… Mais tout cela, c’est l’homme qui est en train de détruire son environnement. L’instinct de violence est partout. Souvent, cette violence est exacerbée par les difficultés de survie. Beaucoup de choses sont à revoir.
Mais c’est à nous qui encadrons les jeunes de faire en sorte que depuis la maison, depuis l’école, depuis les écoles de lutte et les écuries, qu’il y ait une prise en charge correcte des enfants pour qu’ils puissent avoir les caractéristiques des vertus du sport. A savoir, le respect de l’autre, gagner dans l’humilité et perdre dans la dignité. Tout cela s’apprend, je dirai tout simplement revenons à des caractères civiques de base.
Nous qui avons eu la chance de faire les internats pendant le début des indépendances, on n’avait pas le droit d’être sale, de porter des habits froissés, de lever le ton à certains endroits et à certains moments. Ce respect de tout un ensemble doit revenir et les parents reprennent leur responsabilité en éduquant les enfants dès la base. Aujourd’hui on parle des difficultés de l’école sénégalaise et on dit le premier jour de classe est ce qu’on peut travailler. De notre temps, ce problème ne se posait pas. Un mois avant l’ouverture des classes, la ville s’occupait de ses établissements.
Où en êtes-vous avec la lutte contre le dopage ?
Le combat contre le dopage commence à porter ses fruits. On disait que le Sénégal n’a pas les moyens. Mais les moyens existent quand la volonté est là. Ce n’est pas la peine de revenir sur les problèmes de base que nous connaissons. Il n'y a pas de centres de recherche anti-dopage, mais les premiers tests sur le dopage ont donné des résultats positifs à mon niveau. Parce que vous êtes en train de constater que les lutteurs changent de look. Certains étaient assez enflés. Aujourd’hui ils sont en train de perdre du poids et nous ne pouvons qu’applaudir et signer et persister pour que l’Organisation nationale en charge du dopage puisse avoir les moyens de redoubler, de tripler les tests à tout moment pour assainir davantage cette jeunesse.
Si la jeunesse n’est pas en bonne santé, ça va être un problème de santé publique. Il y a pire que le dopage, mais on ne dit pas grand-chose, c’est le «xeesal». Il faut que l’Etat prenne ses responsabilités par rapport aux catastrophes sanitaires qui sont en train d’être constatées chez les dermatologues, les médecins généralistes. C’est les cancers de la peau. On continue à faire la publicité sur les produits toxiques, les compléments alimentaires et c'est grave.
L’année dernière Sa Thiès et Siteu avaient subi des tests. Où en êtes vous avez les résultats ?
Nous n’avons pas encore officiellement les résultats. Nous attendons de les voir, même si on a des échos. Quand nous les aurons, nous allons les publier dans l’intérêt de tout le monde. Parce que tout le monde est censé être non dopé jusqu’à preuve du contraire. L’idéal serait, et nous le souhaitons, que tous les tests soient négatifs. Ça prouverait qu’il y a un travail qui se fait. Yakhya Diop Yékini a tâté la lutte olympique, il est vice-champion d’Afrique. En Afrique du Sud, quand il a battu le champion du pays, des tests ont été faits sur lui et ils ont été négatifs. C’est rassurant et nous espérons que ce sera le même cas pour les premiers lutteurs testés ici. Nous allons continuer et personne ne sera à l’abri de ses tests qui pourront se faire, durant, avant et après.
Il n’y a pas de sport qui ne réponde pas au test de dopage. Il faut qu’on arrête de raconter certaines histoires. J’ai des gris-gris qui ne rentrent pas dans les toilettes et dans l’enceinte, ils entrent dans un coin pour pisser. C’est un faux débat. Mais la réalité est que personne ne s’est encore opposé au contrôle anti-dopage, ni les responsables, ni les athlètes. Mais ceux qui le font se reconnaîtront.
Qu’est-ce qu’il faut faire pour accompagner les sportifs dans ce cas ?
Sur le plan sportif, il faut mettre les lutteurs dans de meilleures conditions. Le Sénégal a de la chance, car on se prépare en dix jours et on rivalise avec ceux qui se préparent en trois mois, voire six mois. Ce n’est pas juste et il arrivera un moment où la justice divine voudra qu’on perde. On ne peut pas faire moins que les autres et être meilleurs qu’eux, ce n’est pas possible.
Aujourd’hui, on a difficilement 10 jours de regroupement. Et nous voulons rivaliser avec des gens qui se préparent pour une année et deux ans. Aussi, il faudrait qu’il ait de l’équité et de meilleures conditions. Sur le plan politique, je ne suis pas décideur, mais tout effort mérite récompense. On ne demande pas à être aligné sur d’autres sports, mais nous voulons de l’équité dans le partage.
Pour cette nouvelle saison, de nouvelles réformes sont-elles en application ?
En 21 ans, beaucoup de choses ont été réformées. Il y aura des réajustements, mais des réformes, je ne le pense pas. Les promoteurs demandent à revoir à la baisse les charges financières, nous constatons qu’il y a trop d’encombrements dans l’enceinte. Vous avez entendu les promoteurs le dire, il n’y a pas longtemps, tous les sports qui gagnent de l’argent le gagne à travers les médias. Pour les face-à-face, je suis contre ceux qui disent qu’il faut les supprimer. Il faut éduquer ceux qui viennent au face-à-face. Je ne peux pas accepter qu’un petit groupe tienne en otage une population.
Il est inadmissible quand il y a lutte à Demba Diop que les riverains du stade soient terrorisés. Il faudrait que la peur change de camp. Nous allons certainement continuer les face-à-face, mais on va faire en sorte que les choses se passent au mieux et que les responsables des troubles soient sévèrement punis.
Des gens de la lutte pensent que le Cng s’enrichit sur les rétentions des cachets des lutteurs, Est-ce le cas ?
Pourquoi les gens s’attardent sur des conséquences d’une situation et ne pas dire pourquoi les lutteurs se font sanctionner. Ceux qui respectent le règlement ne sont pas sanctionnés. Il ne faut pas s’intéresser aux résultats des sanctions, mais ce que doivent faire les écoles et écuries pour mieux encadrer les enfants pour qu’ils connaissent mieux le règlement, pour qu’une fois dans l’arène, ils ne soient pas victimes de sanctions.
Les Sénégalais aiment parler de l’argent des autres et jamais de leurs sous. Au départ, les ponctions sur cachets étaient reversées aux promoteurs et aux lutteurs. Maintenant, cet argent reste dans les caisses du Cng. Contrairement à ceux que les gens pensent, il n'y a pas beaucoup d’argent et cet argent est recyclé dans le milieu de la lutte. Ils le savent tous, il y en a qui sont là pour critiquer négativement et y en a qui sont faits pour travailler. Nous refusons de faire partie de ceux qui ne savent que critiquer et dans le mauvais sens.
L’argent ne sort pas du cadre de la lutte. Le peu d’argent que nous récupérons de ces sanctions ne représentent pas la partie la plus intéressante. Il y a le prix des licences des lutteurs et de promoteurs. C’est avec ça que nous encadrons nos équipes nationales et souvent quand l’Etat donne une semaine ou un regroupement de dix jours, le Comité en rajoute 10 jours.
Quand l’Etat donne des perdiems, le Comité donne aussi des perdiems, etc. Nous prenons en charge beaucoup de choses, mais par principe nous n’avons pas l’habitude d’aller vers les médias pour bomber le torse et dire voilà ce que nous faisons. Ceux qui sont dans le milieu et qui sont honnêtes savent ce qu’on fait de cet argent. Ceux qui dehors pensent que le Cng détourne, j’ai l’intime conviction que s’ils avaient des preuves on ne serait pas encore là.
Nous avons des preuves de leur mauvais comportement ou de l’exploitation de leur posture de faire des malversations. Il y a en a qui se targuent d’être des lutteurs en activité, mais qui depuis quatre ans n’ont pas de licence. Peuvent-ils se réclamer ou parler au nom d’une structure à la laquelle ils n’appartiennent pas.
Pour la tenue du dernier dîner de Gala de la lutte, certains cadres de la lutte n’ont pas été invités, pourquoi ?
On a l’habitude de dire qui choisit élimine. Quand vous décidez de faire une fête, il y a forcément des oubliés, des non invités, des intrus. Il y a des gens qui ont dit qu’ils n’ont pas été invités. On ne peut pas inviter tout le monde. Quand vous appartenez à une organisation et qu’une personne appartenant à cette organisation a été invitée, je pense que le groupe est invité. Il y a eu beaucoup de critiques. Pour le cas de l’Association des lutteurs en activité, le Comité avait décidé de supprimer les licences individuelles de lutte avec frappe, parce que les lutteurs doivent appartenir à une association pour être mieux gérer. Les lutteurs en activité, s’ils ont besoin de Comité national passeront forcément par l’école de leur appartenance ou l’écurie de leur appartenance. Il y a plus de débats.
Il y a peut-être des agitations qui ne nous intéressent pas. Il y a des sportifs en activité dans toutes les disciplines. La Fédération s’adresse aux clubs. Est-ce que vous avez déjà vu des Fédérations appeler les Associations des footballeurs, des volleyeurs ou des basketteurs pour régler leurs problèmes ? Je ne le crois pas. Si cette association a des propositions à faire, elle peut passer par les écoles et écuries de lutte qui sont représentées dans le Comité élargi que nous rencontrons pour débattre des problèmes d’intérêts de la lutte.
Vous êtes médecin gynécologue, est-ce que la santé de la reproduction n'est pas problématique au Sénégal ?
C’est un problème réel au Sénégal. Victor Hugo disait : «Préservez-nous Seigneur de ne jamais voir une rue sans abeille et une maison sans enfants». En Afrique, l’enfant est capital. On plaignait les familles où il n’y a pas beaucoup d’enfants. Aujourd’hui, c’est le contraire. Avant, sur 10 enfants nés, la moitié mourrait avant la puberté à cause des maladies infectieuses et autres. Il y a des progrès dans la santé. Et c’est l’occasion de féliciter ma sœur Awa Marie Coll Seck, elle fait du bon travail. La santé de la reproduction n’est pas simplement pour ceux qui n’ont pas d’enfants, mais aussi pour les autres qui ont des enfants pour les encadrer mieux.
Pourquoi de plus en plus, les médecins pratiquent les césariennes ?
Par la grâce de Dieu, je pratique la médecine depuis 40 ans. Jeune médecin à l’hôpital, on jouait aux héroïques après les accouchements dits difficiles. Mais qui, malheureusement, laissent beaucoup de séquelles tant au niveau maternel qu’infantile. Le travail traîné, l’accouchement était laborieux, souvent la mère mourrait à l’accouchement. Souvent, la mère était sauvée avec des handicaps, dont l’un des plus dramatiques est certainement la fistule vésico-vaginale où la femme a un trou entre la vessie et le vagin, elle ne peut plus tenir ses urines. J’ai connu de femmes qui ont vécu des décennies à l’hôpital, car elles ont eu honte de retourner dans leur milieu naturel. Des enfants qui sont nés avec un handicap, comme l’élongation du processus vraquial, la souffrance fœtal, des handicapés à vie et c’est ça que les césariennes sont en train de résoudre.
L’obstétrique moderne a pour objectif de faire en sorte qu’il ait une mère et un enfant en bonne santé. Toutes les conditions pour y arriver doivent être retenues. Les services qui font plus de césariennes sont les services qui ont fait mieux l’obstétrique que là où on en fait pas assez. Dans tout métier, il y a des bons et mauvais éléments. Mais il m’est difficile d’accepter que quelqu’un qui a prêté serment puisse se permettre, pour un gain financier, d’outrepasser son métier. Je ne dis pas que ce n’est pas possible, mais j’ose croire que 99% des césariennes ont une bonne indication.
Aujourd’hui, nous avons des appareils qui nous permettent de contrôler les contractions, les rythmes cardiaques. On préfère faire une césarienne et sauver tout le monde. Les gens marchent jusqu’à leur mort et les gens sont scandalisés. Parce que les progrès de la médecine ont aidé à pouvoir continuer les activités jusqu’au bout.
Mais le coût de la césarienne reste élevé et les moyens ne suivent pas…
La santé a un coût et elle n’a pas de prix. Il faudrait que les gens acceptent de se faire diagnostiquer. Je connais des femmes qui sont encore en vie, parce qu’elles étaient venues à consultation à temps. On leur a diagnostiqué un cancer du col de l’utérus à temps et qui sont guéris depuis plus de 15 ans. Tout coûte cher, mais pour éviter que ça vous coûte beaucoup plus cher, on peut anticiper. Le ministère de la Santé fait de gros efforts, certaines césariennes sont gratuites dans certains centres hospitaliers, beaucoup de choses de plus en plus sont gratuites. Tout est question de prise en charge, d’anticipation et de refuser de se faire soigner, mais plutôt de se faire diagnostiquer. La qualité de la nourriture aussi est là. Souvent, on pense parce qu’on est riche qu’il faut manger beaucoup de viande, beaucoup d’huile. Non ! Il faut avoir une hygiène de vie, mais ceux qui ont décidé de se suicider sont là aussi.
Des établissements sanitaires font état de plus en plus de détournements, qu’est-ce qu’il faudrait faire dans la gestion financière de ses structures ?
J’ai fait 15 ans et demi de l'hôpital Abass Ndao et pendant 7 ans j’en était le directeur et on a jamais connu de scandales financiers. Avec l’équipe du Pr Moustapha Sow qui a créé le centre anti diabétique, mon maître Serigne Momar Bâ, qui avait été affecté en 1974 à Dakar venant de Loupké, avait senti qu'Abass Ndao allait être un pôle, un centre de qualité, avec feu Djily Mbaye qui avait offert les pavillons de chirurgie et de gynécologie de cet hôpital et la coopération luxembourgeoise. Mais nous avons appris par nos maîtres que le poisson pourrissait par la tête. Nous avons appris des scandales à Abass Ndao dans la gestion des deniers publics, dans les autres hôpitaux, dans les autres services administratifs, il y a un problème de fond.
Pourquoi les gens quand ils arrivent dans un service leur premier objectif est de détourner ? Il faut confier certaines structures à des gens qui ont envie de travailler pour leur structure, non pas à des gens qui ont envie de s’enrichir. Je crois que le problème du Sénégal est là.
N'est-ce pas pour cette raison que la Crei, l'Ige et autres sont là pour traquer ces gens ?
Il est temps que les gens puissent, à temps, être contrôlés et sanctionnés sans état d’âme. Ce n’est pas que je suis le fils d’un tel qu’on est au-dessus de la loi. La Loi est là pour tout le monde. Il faut qu’il ait des sanctions positives et négatives. Mais le drame dans ce pays, c’est que souvent, quand il y a 1000 francs Cfa pour un projet, à l’arrivée c’est 100 francs Cfa qui ont été utilisés pour ce projet. Les 900 francs Cfa sont répartis entres d’autres mains.
Vous êtes sportif et médecin sportif, on vous entend parlez rarement de la politique…
Il y a quelques années, le président de la République avait invité les cadres de Fatick. Et ce jour j'ai eu à dire que tout ce qui touche Fatick m'interpellait. Nous serions derrière tous ceux qui travaillent pour l'intérêt de Fatick. Je n'ai pas varié par rapport à cela. Je n'ai jamais appartenu à un parti politique. Si la politique c'est pour le développement de la cité, j'ai fait de la politique. Je connais Awa Marie Colle Seck mieux que Matar Bâ, parce qu'Awa est de ma génération. Elle sait de quoi je parle. Mamadou Diop Decroix est de ma promotion, ainsi que Djibo Leyti Kâ, Mansour Kama, Fayçal Charara, Seyni Ndiaye, Ndiawar Sarr, etc. Une très belle promotion du lycée Van Vo devenu Lamine Guèye. On a appris la droiture, l'équité, la justice, l'amour pour son pays. Et je sais que ces hommes, ces femmes aiment leur pays. Matar Bâ, plus jeune que nous, est dans ce même sillage. Ils peuvent encore faire beaucoup plus pour leur pays.
Votre mandat au Cng arrive à terme cette saison, allez-vous partir ?
Lors du gala de lutte, le ministre Matar Bâ m'a interdit désormais de parler de mandat. En agent discipliné, je vais rester là. Ceux qui me critiquent ne sont pas des acteurs de la lutte, c'est de marginaux. Mon premier slogan jeune médecin a été : «On n’a le droit d'être pauvre, mais on a pas le droit d'être sale. Venez à l'heure, partez à l'heure et restez à votre poste de travail».
Dans une chaîne, chaque maillon a sa valeur. Je leur ai dit sèchement et froidement dans les yeux qu'ils vous plaisent ou non, Dieu a fait que je suis le directeur de cette structure. Il arrivera un jour, qu'il vous plaise ou non, je partirai. Partout où je suis passé, j'ai travaillé dans cet esprit-là.
Le Prophète (Psl), n'a pas fait l'unanimité, même Dieu ne l'a pas, il y a des gens qui ne le connaissent pas. Alioune Sarr et son équipe peuvent regarder leurs détracteurs dans les yeux et poliment et dignement défendre leur position. Dans la vie, il faut se battre pour refuser le chantage et la pression. Il faut se battre pour rester un homme libre et digne.
Je n'ai jamais rien demandé dans ma vie. Quand j'allais à Abass Ndao, je n'y pensais même pas, ça a été mon destin. Je fais mon boulot et je m'arrête là. Le profil de mon successeur, ce n'est pas à moi de le décider, je ne suis pas décideur. C'est l'Etat qui choisira soit un comité, soit une fédération. Quelle que soit la responsabilité du Sénégalais de demain, quand il sera assis sur ce fauteuil, qu'il se mette dans la tête qu'il n'est pas le meilleur, qu'il n'est pas le mieux né, mais c'est une volonté divine et qu'il a une mission. Sa mission, c'est de faire en sorte de ne pas décevoir celui qui l'a placé ici.
Quels conseils donnez-vous aux lutteurs ?
Un sportif qui pense qu'il ne va plus perdre doit arrêter de faire du sport. La honte, ce n'est pas la chute. La honte est de ne pas se relever après sa chute.
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