Enseignement de la Kora au Sénégal : Le choriste Ablaye Cissoko ouvre la première école de formation

Apprendre à jouer à la Kora ne sera plus un luxe au Sénégal. Le choriste Ablaye Cissoko a ouvert la première école de formation de notre pays. Cette école implantée à Saint-Louis a pour objectif de former le plus grand nombre de choristes afin que la Kora puisse être jouée partout.

C’est un rêve et un projet mûri et voulu par toute une génération que le célèbre choriste saint-louisien, Ablaye Cissoko vient de réaliser en ouvrant une école de la Kora dans la vieille ville. De grands noms de la musique sénégalaise à l’image de feu Soundjoulou Cissokho avaient de tout temps dit leur souhait d’ouvrir une école de formation à la Kora instrument bien connu mais peu joué, du fait de la transmission de son utilisation de père en fils chez les griots, qui sont en général les détenteurs de ce savoir. C’est ce monopole ou ce legs de famille, que l’artiste Ablaye Cissoko a dit vouloir casser. Il expliquait les raisons de son initiative lors d’une cérémonie de présentation de l’école, organisée en marge du festival international de Jazz de Saint-Louis.
Ablaye Cissoko qui a révélé avoir longtemps muri ce projet qu’il a monté avec le soutien de la Bicis, souhaite montrer que la Kora n’est pas seulement réservée aux griots. A côté de ce vœu, le musicien s’est aussi fixé l’ambition de lever les tabous qui faisaient que les filles ne touchaient pas à la Kora. L’école, implantée dans le quartier de Ndiolofène dans le grand quartier de Sor, est en effet mixte et intègre trois niveaux d’enseignement : un premier niveau réservé aux grands commençants qui n’ont jamais eu de contact avec la Kora, un deuxième niveau réservé à ceux qui veulent se perfectionner et un troisième niveau pour ceux qui veulent suivre des cours du soir. L’objectif final visé à travers cette école dénommée «Cordoba» ou la grande cour, en référence au fait que la Kora se jouait dans la cour des grandes concessions des griots, est surtout selon Ablaye Cissoko de faire de sorte que la Kora soit jouée et entendu partout.
Toutefois le célèbre choriste qui veut faire de cette école une grande école de formation à la Kora a attiré l’attention du public sur le fait que «enseignement ne signifie pas transmission». Il a fait savoir que ce sont là deux concepts différents autour desquels il faudra faire la part des choses, car ici il s’agit bien d’une école de formation avec toutes les commodités liées au cadre et à un processus de formation bien déterminé. L’école dispose en effet de locaux qui lui sont propres, avec des salles de cours, des chambres d’hôtes, un secrétariat, une cuisine et un espace de jeu pour les enfants. Chaque élève dispose dans le cadre de sa formation d’une Kora qui lui permet d’être en contact permanent avec l’instrument d’étude. Un personnel d’encadrement a été également recruté et travaille en permanence pour le bon fonctionnement de la structure.
LEQUOTIDIEN