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En public, en privé avec Baba Tandian : « Moi Baba Tandian, je pèse plus de 7 milliards »
Imprimeur, sportif, président de la Fédération sénégalaise de basket-ball, le président Baba Hady Tandian ne mâche pas ses mots quand il s’agit de cracher la vérité. Dans cette rubrique en public et en privé, le patron du basket-ball sénégalais revient sur son parcours parsemé d’embûches, les raisons qui ont motivé la création du quotidien Le Matin et quelques anecdotes. Entretien à pouffer de rire et à vous couper le souffle.
Baba Hady Tandian, c’est qui au fait ?
J’ai 58 ans, je suis né dans le Fouta, plus précisément à Kaédi, de parents Soninkés. J’ai fait mon cursus scolaire à l’école de Médina jusqu’en CM1 où j’ai été viré de l’école pour des raisons qui me sont à ce jour inconnues. Je me souviens, à l’époque, il y avait un groupe d’élèves qui avait attaqué la femme du gardien qui vendait du «buy, des paañ», (comprenez des pins de singe et des fruits de mers) comme ça. Il paraît qu’il y a quelques élèves de ma classe qui sont allés comme on dit en wolof, faire du «siif», alors que j’étais de l’autre côté, et on a cité mon nom. Comme j’étais trop turbulent et que j’avais accumulé trop d’avertissements, alors le directeur a convoqué mon père qui était vendeur de tissus au marché Tilène pour lui signifier mon exclusion. J’ai été viré injustement comme j’en ai connu d’autres au cours de mon parcours, même si cela a fini par le bonheur. Il faut dire que j’ai connu une enfance très malheureuse du fait que mes parents ont divorcé lorsque j’avais entre quatre et cinq ans, et j’ai débarqué à Dakar. J’ai subi énormément de brimades et de problèmes que je n’ose même pas étaler sur la place publique.
Mais lorsque vous avez été viré de l’école, qu’est-ce que vous êtes devenu ?
Je suis resté trois ans sans aller à l’école, j’ai failli même devenir un illettré, n’eût été mon cousin, l’ancien gouverneur Ibrahima Malamine Tandian qui était le seul à avoir une emprise sur mon père qui n’écoutait personne. Un jour me voyant traîner par-ci, par-là, il demanda à mon père de me réinscrire à l’école. Mon père, ne pouvant rien refuser à son cousin gouverneur, m’amena à l’école Saint-Pierre à la Zone A. C’est là-bas que j’ai continué mon cursus scolaire jusqu’en classe de troisième secondaire, et je suis sorti.
Vous dites qu’entre l’âge de quatre et cinq ans vous avez débarqué à Dakar. Qu’est-ce qui vous a le plus impressionné ?
En tant que broussard, c’est d’abord de me trouver dans une grande ville et c’était une merveille car je venais pour la première fois de découvrir des bâtiments, des rues goudronnées. Alors, c’est vrai que parfois, il y a ce qu’on appelle des surprises idiotes. Je vais vous raconter une anecdote de ma vie que je n’ai jamais racontée. J’ai débarqué à Dakar plus précisément à la Rue 27x6 où j’ai grandi. Le soir, ma tante me demande d’allumer la lampe. Comme je venais du bled et que je ne connaissais que les lampes-tempête, j’ai cherché partout, sous la table, sous le lit sous le fauteuil, mais je n’arrivais pas à voir la lampe. Et comme d’un coup de baguette magique, j’ai vu ma tante toucher l’interrupteur pour voir la chambre s’éclairer. Alors vous comprenez, j’ai écarquillé de gros yeux pour regarder l’ampoule qui avait éclairé la chambre. Et le problème que je me posais était de savoir où se trouvait le pétrole et avec quelle allumette elle avait allumé cette lampe. Est-ce qu’il était dans le mur et comment on l’avait incorporée dans le bâtiment ? Toute cette nuit, je n’ai pas dormi et j’ai failli y perdre la vue. Le lendemain, lorsque ma tante est partie au marché, avec une certaine curiosité, je me suis fait plaisir. De neuf heures à onze heures, je ne cessais d’allumer et d’éteindre car c’était une surprise pour moi. L’autre anecdote, c’est que deux jours après, on m’a envoyé à la boutique. J’ai vu un monsieur qui prenait de la limonade Gazelle. Et comme je venais de voir une bouteille, par curiosité, j’ai regardé l’homme en me demandant pourquoi il ne buvait pas avec le fameux pot du canari. Alors le monsieur a cru comprendre que je voulais aussi y goûter et il m’a donné le fond de la bouteille. Quand j’ai bu, j’ai trouvé cela délicieux et agréable. C’était tellement bon que «damaa naan, geex ba sama xol sedd» et je suis reparti. Quelques jours plus tard, je partais à Malick Sy à la cité cap-verdienne où logeaient mes grands parents, pour prendre le déjeuner de midi. Là où se trouve aujourd’hui la Rts, il y avait un bar. En passant, j’ai vu une bouteille avec son logo qui était une enseigne du bar. Alors j’ai pensé à la gazelle et je suis entré. Dedans, j’ai vu un gars qui prenait la gazelle mais d’une autre couleur. Cela m’a paru suspect mais je me suis dit que c’était une autre variété. Je regardais la personne et je n’osais pas lui demander, mais par mon regard, il savait que je voulais en goûter. Il m’a regardé, m’a ignoré ; alors je me suis rapproché jusqu’à me coller à lui. Aussitôt, il m’a donné la bouteille. Ainsi moi qui croyais que c’était de la limonade la gazelle, j’ai bu une gorgée et subitement j’ai vomi et suis sorti en courant. C’était la seule fois où j’avais goûté à la bière sans le savoir. Ce sont deux anecdotes qui m’ont marqué. Mais je vous dis que de nombreuses personnes comme El Hadj Ndiaye 2Stv, Thierno Talla de l’As et qui viennent du Fouta ont eu à vivre certaines expériences plus idiotes sans pour autant le dire (rires)…
Très jeune, vous débarquez dans un quartier bouillant comme la Médina où c’est la loi du plus fort dans la rue. C’était difficile pour vous ?
À la Médina, on se bagarrait beaucoup et comme je faisais partie des poltrons, des «tapettes», je fuyais tout le temps. Parce que là-bas, le broussard qui débarque est aussitôt pris à partie par les boys médina. «Dañ lày nàpp». Le temps de retrouver mes marques, les gars m’avaient harcelé au point de prendre le dessus sur moi. Parfois, quand je partais à l’école avec mon goûter, ils me le prenaient sans que je ne bronche. Aujourd’hui, j’en vois un, on est des amis et il a des regrets. Mais souvent je lui dis : ‘boy, quand est-ce que tu vas me rendre mes goûters’ (rires...). En plus, c’est un ami à Ousmane Paye l’ancien ministre. Ce gars m’a fait énormément souffrir à l’école où je ne pouvais pas bénéficier de mon goûter. Un beau jour, je ne sais quelle mouche l’a piqué. Il m’a attaqué et j’ai pris la fuite au point de me retrouver au mur. Et quand un chat se retrouve contre le mur, il réagit. J’ai alors pris mon courage à deux mains pour réagir et prendre le dessus sur lui comme j’étais un géant. Et depuis ce jour, j’ai eu vraiment la paix car ça a été un reversement de situation. Mais il faut dire que j’ai eu une enfance un peu tranquille sauf que je souffrais beaucoup dans la maison du fait que je n’avais pas ma maman à mes côtés, et en plus, j’avais un père qui était souvent influencé.
Qu’est-ce que vous avez fait après l’école Saint-Pierre ?
Je devais aller au lycée pour le second cycle. Mais entre-temps, mon père s’est retrouvé avec beaucoup d’argent et a financé le frère d’un de ses amis qui avait acheté une petite machine pour imprimerie, à payer par échéances. Le gars n’avait pas respecté ses engagements et mon père, las de le poursuivre, a saisi le matériel. Il y avait quelqu’un qui y travaillait qui s’appelle Rassoul Sall, et c’est grâce à lui que je suis devenu ce grand imprimeur, sans le savoir. Il est parti voir mon père et lui a demandé de relancer l’imprimerie qui générait beaucoup d’argent. Ainsi sur ses conseils, mon papa a installé l’imprimerie à Fass Delorme en face de la maison de la famille d’Oumar Dia et Moussa Dia. Mon père avait constaté, en tant que propriétaire, que le type continuait à le «dribbler». Alors, il m’a fait sortir de l’école pour que je veille à la production et que je surveille le gars. C’est comme cela que je suis devenu imprimeur sans le vouloir. Et chaque jour j’allais à l’imprimerie et j’apprenais aussi le métier.
Ensuite, vous alliez le métier d’imprimeur à la pratique sportive, notamment le basket ?
Oui, sur le tard, vers les années 69-70. J’ai débuté à la Jeanne d’Arc, ensuite à Bopp en même temps qu’Appolo Faye. Je continuais l’apprentissage de mon nouveau métier et aussi du sport. Par la suite, je suis allé en Allemagne par le canal d’un ami de mon père qui a réussi à me trouver un stage. Je suis revenu pour ensuite repartir en France à la succursale d’Heidelberg qui fabrique des machines et en même temps je jouais au basket. Et c’est à partir de la France que j’ai signé mon premier contrat professionnel avec le club de Clermont-Ferrand, près de Bordeaux. J’y ai joué une année, le temps de retrouver mes marques et je suis parti à Toulouse. Le premier salaire de basket que j’ai eu, c’était 2500 francs français qui faisaient à l’époque 125 000 francs cfa. J’ai envoyé à mon père les 120 000 francs et j’ai gardé les 5000 francs dans la mesure où j’étais logé par le club et que j’avais un boulot dans une imprimerie.
Oui, nos rapports n’étaient pas des meilleurs et tout a été fait pour m’éloigner de mon père. On m’avait trouvé le stage pour que je parte et lorsque je suis allé lui dire au revoir, il m’a dit deux mots : ‘de toute façon, tu as deux voies en Europe, la bonne et la mauvaise’. Au moment de prendre l’avion, je me suis fait une religion de réussir car tout le monde pensait au sein de la famille que j’étais un raté, alors j’allais montrer au vieux ce que j’avais dans les tripes, et cela a beaucoup pesé dans mon quotidien, avec ce coup de chance.
Mais il paraît que vous avez gagné beaucoup d’argent et certains de vos amis en France soutiennent même que Tandian était le vrai «Ankhoubaré» ?
J’ai joué au basket, j’ai gagné de l’argent et j’ai économisé. J’ai tellement économisé que je ne pouvais même pas acheter une bonne chemise. Je vais vous faire une révélation et tous les basketteurs de ma génération le savent. Vous savez, j’ai gardé et porté le même manteau pendant dix ans. J’étais tellement radin pour acheter des habits. Il arrivait même parfois que mes chaussures soient usées, mes chaussettes mouillées avec la pluie, la neige. J’avais une frénésie, une boulimie à économiser à mort même sur les billets d’avion. Je cherchais un billet qui coûtait 75 000 francs où il fallait aller à Moscou, passer par Bruxelles pour regagner Dakar. Mais je n’hésitais pas à faire cette gymnastique car je voulais montrer quelque chose à mes parents, et aussi monter une imprimerie au Sénégal. Pour cela, il me fallait beaucoup d’argent et j’étais blindé de fric. La seule chose où j’étais intransigeant, c’était la bouffe. Ah oui, je mangeais correctement et j’avais ma petite famille, ma femme et mon garçon à qui rien ne devait manquer. Mon fils ne devait pas aller à la crèche avec des boubous en haillons, par contre moi, je pouvais me le permettre. Voilà comment j’ai organisé ma vie en douze ans pour réussir à capitaliser beaucoup d’argent, pas loin de 200 millions pour acheter mon imprimerie.
Est-ce qu’il a été très difficile de monter cette imprimerie à Dakar ?
Oui et non ! Lorsque je suis revenu à Dakar en 1988, il y avait un ministère des Emigrés qui était dirigé par Madame Fambaye Fall Diop, une grande Dame. Quand je suis allé la rencontrer pour lui dire que je voulais monter une imprimerie, elle a été très sincère avec moi pour me répondre qu’il n’y avait pas d’argent à donner. Mais je lui ai expliqué les vraies motivations pour l’informer de l’inauguration de l’imprimerie qui se trouve à Yoff. Elle m’a demandé le coût de l’investissement qui se chiffrait à 150 millions à l’époque ; c’était une somme colossale. Immédiatement, elle a quitté son ministère au building pour aller informer le président Abdou Diouf qui à son tour avait bien accueilli la nouvelle. Ce dernier a donné des instructions pour demander aux ministres des Emigrés, de l’Industrie et de la Décentralisation d’y aller avec la télévision nationale, surtout que Yoff était considéré comme le bout du monde. La preuve, pour avoir le téléphone, il a fallu attendre trois mois et cette ligne est partie de l’aéroport jusqu’à l’imprimerie, grâce à feu Serigne Lamine Diop, ancien ministre de l’Industrie et ancien président de la Fédération sénégalaise de basket. A l’inauguration, il y avait les trois ministres et lorsque j’ai vu arriver Moussa Ndoye, ministre de la Décentralisation, que je ne connaissais pas, j’ai demandé à la sécurité qui était ce monsieur et qui l’avait invité. On m’a fait savoir que c’était un ministre, alors je lui ai cédé mon fauteuil. Ces choses ont fait naître un capital de sympathie à mon égard et j’ai été aidé par des entreprises pour voir mon imprimerie se développer.
Vous étiez l’imprimeur du Sopi et vous avez même reçu des menaces de la part du puissant ministre d’Etat à l’époque, Jean Collin ?
J’ai approché un journal et le premier, Sopi. En 1988, j’ai commencé à imprimer ce journal parce que tout simplement, il était imprimé au Nis, et feu Jean Collin avait envoyé une correspondance à tous les imprimeurs pour ne pas tirer Sopi. Comme je n’étais pas dans la ligne de mire de Collin qui m’avait oublié, Ousmane Ngom que j’ai connu à ce temps-là a pris le journal. Mais avant, il a dit à Me Wade : ‘il y a un immigré qui a installé une imprimerie à Yoff mais le danger, c’est un ami à Mamadou Diop, maire de Dakar. Mais on va quand même aller le voir’. Il est venu et j’ai fixé mon prix, il a accepté de me payer et j’ai tiré le journal. C’est après qu’il m’a dit qu’on avait des craintes, car on pensait que j’étais ami à Mamadou Diop. Je lui ai répondu que mes véritables amis étaient mes clients qui payaient. Lorsque le journal est sorti, le lendemain, Jean Collin a envoyé la Dic juste à l’angle où se trouve la banque. On l’appelait angle Dic car les gens de la Dic surveillaient tous mes mouvements et ceux des gens du Sopi. Feu Boubacar Sall, Ousmane Ngom, Khoureysi Bâ, Jean Paul Dias venaient souvent me voir pour que je tire, jusqu’à ce que je sois menacé de ne plus tirer Sopi. Comme j’étais têtu, j’ai tiré et on m’a carrément menacé d’arrêter. Dans un premier temps, ils ont essayé sur le plan fiscal, mais ils n’ont pas pu m’arrêter car je n’avais pas de problème à ce niveau. Les gens des impôts se sont trompés et m’ont mis sur un numéro fictif. Et l’erreur fut rectifiée. Après, Collin m’a reçu, m’a dit certaines choses en privé et lorsque je suis sorti de son bureau j’ai appelé Ousmane Ngom pour rencontrer Me Wade. On l’a trouvé au Point-E autour de sa piscine, et je lui ai annoncé que je n’allais plus tirer Sopi. A l’époque, Sopi, c’était 50 000 exemplaires qui se vendaient en deux heures. J’ai continué à travailler normalement et à gagner de l’argent.
Editeur de presse avec le Matin, qu’est-ce qui vous a fait plonger dans le paysage médiatique ?
C’est une histoire. A l’époque, les Nis faisant défaut, certains journaux de la place voulaient imprimer sur offset qui n’étaient pas à leur format. Les premiers journaux que j’ai tirés sont les hebdomadaires Le Cafard et ensuite le Témoin. Par la suite, Walfadjri a eu une brouille avec Nis et est parti tirer dans une imprimerie à la Gueule Tapée. Mais il n’y avait pas la quantité voulue et il sortait tardivement. Finalement, Mansour Dieng, le patron d’Icône, a amené le journal chez moi. Je peux dire que c’est lui qui m’a fait plonger dans la presse. Quand il m’a amené Walfadjri, je l’ai tiré pendant deux ans. J’avais pris une vingtaine de jeunes pour l’encartage. Sidy Lamine Niasse était un bon client et je peux vous affirmer que c’est le seul éditeur qui est parti sans dette et le seul éditeur qui payait toutes les fins de mois. Et c’était entre 12 et 13 millions chaque mois. Donc c’était énorme. Alors j’ai emprunté un milliard et je suis allé voir le président Abdou Diouf et je lui ai fait savoir que je voulais acheter une machine rotative car il n’y en avait qu’une seule, celle des Nis qui était obsolète. Le président Diouf m’a demandé avec quelle somme ; je lui ai dit que j’avais un milliard, mais que je voulais un terrain. Il a séance tenante appelé Mamadou Lamine Loum qui était ministre du Budget pour me mettre en rapport avec lui. Ce dernier m’a reçu le lendemain. On m’a proposé plusieurs terrains et même celui qui est aujourd’hui le cimetière Saint-Lazare sur la VDN, 4 ha. On m’a demandé où est je voulais, j’ai répondu que je voulais rester à Yoff. On a identifié le terrain et Amath Dansokho qui était ministre de l’Urbanisme, accompagné de Landing Sané, est allé voir le Khalife général des Layènes, Mame Alassane Laye (Psl), pour lui donner l’information. Le guide religieux a convoqué tous les dignitaires pour les sensibiliser sur cette entreprise, afin que je puisse bénéficier de ces terrains et avoir 3 500 m2. J’ai acheté la rotative, Sidy Lamine est parti est je me suis retrouvé avec cette rotative. C’était une parenthèse. Je me suis retrouvé avec la rotative et c’est comme ça que j’ai contacté Boubacar Boris Diop pour créer le Matin. Et Boris, devant faire un livre à Genève, a demandé à Pape Samba Kane de prendre sa place et c’était pour de bon. Et on a lancé Le Matin. Il y a eu ensuite Bara Tall que m’a présenté Pape Samba Kane et il est entré dans le capital. Cheikh Talla Dioum est venu avec Youssou Ndour qui m’ont remis chacun un chèque de 25 millions. On organisait des réunions tournantes, tantôt chez moi, tantôt chez Cheikh Tall Dioum, chez Bara ou chez Youssou Ndour. Il y a eu le clash ; j’ai repris mon journal.
Qu’est-ce que le journal vous a apporté ?
Rien ! Que dalle ! Rien du tout !
Mais en termes d’audience et de relations quand même ?
Oui, il vous donne une certaine notoriété pourvu qu’elle soit bien utilisée car nous n’avons jamais insulté personne. Mais nous avions eu deux procès où l’un, c’était moi avec une interview où j’avais parlé de la gestion du pays par la première dame de la Mauritanie.
Mais le journal Le Matin a été une grande école de formation ?
Ah oui, c’est la seule satisfaction morale. Il a formé de grands journalistes et de vrais professionnels. Alassane Samba Diop, Alioune Ndiaye, Thierno Talla, Sidy Diop, Boubacar Seck, Habib Demba Fall, Yaxam Mbaye, Massamba Mbaye, Pape Kane du journal Stades, Alioune Fall, Abdoulaye Ndiaye etc... Le Matin était une école et avait plus de 90 journalistes. A l’époque, pour voir son papier être publié, il fallait vraiment qu’il soit bon. Notre credo était : informer juste et vrai ; rien à voir à ces ragots qu’on lit dans la presse. On a toujours cet esprit de formation depuis 13 ans. On ira encore loin car les gens qui pensent que nous allons sombrer se trompent. Nous allons nous réveiller brutalement. Quand j’ai monté Le Matin, j’ai mis 100 millions avec du matériel High Tech. La presse nous a permis de nous développer et je viens d’installer une nouvelle rotative. Nous sommes en train d’installer une seconde rotative et à terme, on aura trois rotatives dans l’imprimerie. Et dans une dizaine de jours, nous allons installer trois CTP. C'est-à-dire que les gens qui viendront tirer chez nous en quadri recto verso le feront sur une clé USB et ou Cd ; et on vous tire le nombre de pages que vous voulez.
Mais combien vous a coûté un tel investissement ?
Je suis en ce moment à 500 millions.
Vous tirez aussi les imprimés des candidats lors des élections. C’est un grand marché ?
Cela est dû à ma force de frappe. Je suis capable de produire 8 millions d’imprimés par jour. En 1994, le ministère de l’Intérieur était confronté à un problème car certains bulletins des candidats paraissaient similaires. Les imprimeurs de la place n’avaient pu le faire et certains avaient même raté la composition de l’impression. Et le ministre s’est rabattu sur moi le vendredi soir. Et en 48 heures j’ai tout refait sinon il n’y aurait pas eu d’élections municipales. Le ministre m’a appelé sur la route de Saly où je partais pour le week-end, pour me demander de refaire tous les bulletins. Devant l’imprimerie, toutes les voitures en direction de toutes les localités du Sénégal étaient en station pour attendre les bulletins. Depuis cette année, l’Etat du Sénégal a eu plus de considération pour ma structure. Car si je n’avais pas fait les bulletins, il n’y aurait pas eu d’élections.
Mais les journalistes du Matin tardent à percevoir leur salaire ?
Cela n’a rien à voir avec l’imprimerie. Le Matin est une société S.A et j’ai demandé aux journalistes de leur offrir le journal, plus six mois d’impression gratuite et du papier, et après ils se prennent en charge et m’oublient. Mais ils n’acceptent pas car le Matin est déficitaire. S’ils le veulent, lundi, ils n’ont qu’à venir et je leur signe le protocole. Je n’accepte pas moi, au Matin, que des gens aient des emplois ailleurs et viennent travailler à partir de 18 heures, surtout pour un journal qui s’appelle le Matin. Alors nous avons décidé de pointer tout le monde. Et le syndicat a décidé de dire non. Comment une entreprise peut-elle annoncer son plan de fonctionnement et que les travailleurs disent niet. A l’imprimerie, à part moi, mon épouse et le directeur financier, tout le monde pointe. Ils ont refusé et j’ai dit que je ne paie plus. Ils sont allés voir un avocat qui leur a fait comprendre qu’ils n’étaient pas dans leurs droits et ils ont commencé à pointer. Mais entre-temps, il y a eu des dégâts. Je finance ce journal, ils ne paient rien, tout est gratuit, et je ne vois pas les recettes du Matin. Si le journal ne sort pas et que je les paie la fin du mois, ils me coûteraient moins cher.
Donc vous devez peser lourd en avoirs ?
Moi Baba Tandian, je pèse environ 7 milliards.
On voit aussi que vous aimez les belles voitures, surtout avec cette Porsche Cayenne ?
Je n’ai que deux voitures. Cette Porsche Cayenne qui m’a coûté en occasion 30 millions et ma 4x4 Mitsubishi que j’ai achetée neuve à la Sénégalaise de l’Automobile. Moi, je ne fais pas de folie.
Transition pour une première tentative au poste de président de la Fédération de basket, vous avez été battu à plate couture par Ass Gaye qu’est-ce qui s’est passé ?
Ecoute, nous sommes venus comme des bulldozers. Nous avions constitué un front qui s’appelait le collectif des basketteurs sénégalais et on a été un peu naïfs, mais nous avions fait trembler tout le monde. Finalement, les gens de la famille du basket se sont dit que ces gens voulaient tout bousculer. Il fallait donc qu’on se mobilise et on a été balayé comme un coup de vent.
Donc les leçons du premier échec ont été retenues lors de la seconde tentative ?
Ce sont les gens qui sont venus me voir et m’ont demandé de me représenter dans la mesure où Ass Gaye était pour eux ce président à défaut, et qu’il n’était pas pressenti. Car il était prévu qu’il soit mon premier vice-président par rapport à son expérience. Mais il faut dire que dans mon équipe, chacun peut être président, mais Dieu a fait que ce soit moi grâce aux moyens que je peux trouver, mais aussi à l’entregent que j’ai. Les gens partaient emprunter de l’argent, très chèrement, chaque fois qu’il s’agissait d’organiser une journée de championnat. C’était du pilotage à vue et les gens sont venus me voir et m’ont porté à la tête. Et en six mois, j’ai apporté 80 millions au basket. J’ai organisé le tournoi de la Zone 2, les finales de championnat et coupe du Sénégal, j’ai relevé les cachets des équipes finalistes, le niveau des primes du roi et de la reine, et j’ai ramené les autorités au basket, sans compter l’éradication de la violence sur le parquet de Marius Ndiaye. J’ai cette chance et mes amis du patronat m’ont aidé de façon spontanée ; ce qui fait que la fédération n’a plus besoin d’emprunt.
Mais que comptez-vous faire cette saison ?
J’ai mis la barre très haut, infranchissable, car cette année, je cherche pas moins de 150 millions pour le basket. Il y a des sociétés derrière Orange qui doit être le sponsor leader. Nous avons partagé les sponsors en trois groupes. Il y a celui qu’on appelle le sponsor or, qui ne peut être qu’un seul, et dont je ne vous donnerai pas les chiffres. Les sponsors argent seront au nombre de dix et vont mettre entre 20 et 30 millions de francs. Six ont donné leur accord, un a déjà signé et deux autres vont signer. Les sponsors bronze entre 3 et dix millions ; et aujourd’hui, il y a six qui ont donné leur accord. Pour faire tout cela, je me déplace en personne et je suis le VRP et tout ça, c’est le basket qui va y gagner et personne d’autre.
Donc dans le basket, vous voulez dire qu’il y avait des agents intermédiaires ?
Ah oui, il y avait des gens qui percevaient des commissions entre 15 et 20%. Je veux et je crois à la transparence dans la gestion financière et administrative de la Fédération sénégalaise de basket.
Pourtant, pour le tournoi de la Zone 2, jusqu’à présent, certaines personnes n’ont pas été payées, pourquoi ?
Ceux qui n’ont pas été payés sont les magouilleurs. J’ai demandé à ce qu’on m’amène les gens qui n’ont pas été payés pour que je leur donne leur dû. Je ne peux pas comprendre que pour un tournoi de cinq jours, on me donne une liste de 150 personnes où il y a des noms fictifs. J’ai dit que je n’allais pas payer. Le problème est que certains présidents de commissions n’ont pas joué franc-jeu. C’est pourquoi j’ai dit que je ne payais pas et depuis quatre mois, on n’a pas amené les gens. Rien ne sera plus comme avant dans le basket.
Mais on voit que vous avez toujours cette réaction épidermique et vous avez ouvert un nouveau front avec Issakha Barry sur l’affaire Temple Lot ?
Sur l’affaire de Prague, si je ne prends pas une décision pour tirer cette affaire au clair, je n’ai pas ma place à la tête de la fédération. Comment peut-on accepter qu’une fille quitte sa sélection en pleine coupe du monde avec l’aval de son entraîneur et de son directeur technique, et que ce dernier dise être solidaire avec son entraîneur. Cela veut dire que j’ai été désavoué. Alors, de deux choses : ou je ferme ma gueule et laisse les gens marcher sur ma tête, ou je réagis. Etre rigoureux ne veut pas dire être dictateur. Dans l’affaire de Temple Lot, des gens ont signé à la place du président, il faut tirer tout cela au clair et il y a une plainte. L’argent destiné au sport doit être investi sur le sport et non sur des gens. Je connais ceux qui sont derrière et nous irons jusqu’au bout. J’avais interpellé Ameth Dieng pour savoir pourquoi l’État du Sénégal a payé à un privé et surtout en liquide la somme de 60 000 Euros. Donc il y a un deal et la vérité finira pas éclater un jour. Il y a eu de la grosse magouille à Temple Lot. Et depuis que l’affaire s’est ébruitée, la structure d’Issakha Barry a disparu sur le Net. Je n’ai pas de problèmes majeurs avec Issakha Barry mais ce sont des questions de forme que je pose. Je cherche qui a signé à ma place et je le trouverai même s’il faut aller dans la gueule du loup.
Monsieur Tandian vous avez combien de femmes et d’enfants ?
Moi j’ai deux femmes, une au Sénégal l’autre en Mauritanie. J’ai 9 enfants.
Comment parvenez-vous à gérer deux épouses qui ne sont pas dans le même pays ?
Mais boy, «man ngànd laa. Sà grand dafa am ay ngelaju».
Quelles sont vos relations avec certains présidents africains ?
C’est un coup de chance que je connaisse de nombreux présidents, Abdou Diouf, Abdoulaye Wade, Ould Taya, Ould Val, Sidy Abdallah que j’ai aidé pour son élection à hauteur de 80 millions, Malam Bacai Sahna, Alpha Condé qui est un ami personnel, le Premier ministre Morgan Shangirai que j’ai connu par le canal du ministre d’Etat Cheikh Tidiane Gadio. Je suis aussi ami à toute la classe politique et je n’ai pas de sens interdit au Sénégal.
Peut-on savoir votre taille, votre poids, votre pointure ?
Je mesure 2,07 mètres, je fais 107 kilogrammes et je chausse du 47 et je fais du sport de temps en temps.
Votre plat préféré c’est quoi ?
Le mafé.
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